FraudeLa police et la mairie du 15e se mobilisent pour protéger des retraités

Paris : Comment mieux protéger les seniors contre les escroqueries ?

FraudeLes polices municipale et nationale en collaboration avec la mairie du 15e arrondissement de Paris, ont lancé une campagne informatique jeudi sur le marché près de la Place Charles Vallin.
Anna Vasylenko

Anna Vasylenko

Arnaque ou pas arnaque ? Une question qu’on se pose souvent en recevant un nouveau message d’un organisme public qu’il vienne de l’Assurance maladie, de la CAF ou d’ailleurs, car des escrocs se cachent souvent derrière ces tentatives.

« Mieux connaître le phénomène, mieux anticiper, mieux former, mieux sensibiliser, avertir… », telle est la mission de la police et de la mairie du 15e arrondissement qui ont lancé ce jeudi une initiative de sensibilisation aux problèmes de « phishing » et d’escroquerie à destination des personnes retraitées, souvent démunies quand ils reçoivent ce type de messages.

Réunies près de la Place Charles Vallin, la police nationale et la police municipale en coordination avec la mairie du 15e arrondissement de Paris, aident les seniors à adopter les « bons réflexes et les bons gestes pour ne pas se faire voler ou arnaquer ».



Phénomène à grande échelle

« Je ne réponds pas du tout à ces messages. Parfois, j’hésite et je me questionne, si c’est une fraude, mais au bout d’un moment, je raccroche. Je ne leur donne pas le temps », raconte Josette Lamotte, retraitée, concernée par le rassemblement de la police dans les rues de son quartier. « Il n’y a pas longtemps, je me suis fait avoir », a proclamé une dame âgée dans la foule qui a reçu un message sur un rendez-vous médical qu’elle n’a pas demandé.

Le phishing ou, autrement dit, la diffusion des messages frauduleux touche des milliers de personnes à Paris, des jeunes et des plus âgés, d’après le commissaire de la police du 15e arrondissement de Paris, Damien Vallot. Des transferts de fonds effectués par des Français, suite à ces escroqueries, peuvent atteindre des dizaines de milliers d’euros. « Même des petits prélèvements sur différents comptes peuvent générer un chiffre d’affaires colossal », explique le commissaire.

Selon le commissaire de la police, il existe deux volets de lutte contre ce genre de fraude : le volet préventif et le répressif. Le premier comprend toutes les actions menées à destination les différents publics à se prémunir contre les fraudes. « On les organise dans les écoles, auprès des personnes âgées, des clubs de troisième âge, on touche le plus large public pour développer la culture de la sécurité », indique Damien Vallot.

Le volet répressif est géré par des structures comme l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) ou la brigade de lutte contre la cybercriminalité de la Préfecture de police. « On se structure à la fois sur le volet préventif et répressif et au milieu, l’accueil du public, la réception des signalements avec des commissariats qui sont ouverts 24/24 heures », annonce le commissaire.



Accompagnement par la police

A son tour, un chef de service de la police municipale rappelle que pour éviter des vols dans les rues, des personnes âgées peuvent appeler le numéro 3675 pour être accompagnées par un policier au guichet de leur banque. « Les gens ne sont pas au courant, nos collègues qui travaillent en civil peuvent les accompagner », souligne-t-il.

Au cas où une personne ne pourrait pas se déplacer pour aller au commissariat et déposer une plainte, elle peut utiliser la plateforme Perceval, selon Damien Vallot. C’est une solution qui a été créée très récemment permettant de signaler en ligne directement ce type de délit aux autorités responsables.

Les forces de police mettent l’accent sur la nécessité de signaler une fraude ou une escroquerie au commissariat. « Ne pensez pas être isolé. Si vous avez, malheureusement, donné suite à ce type de démarches, déposez plainte. ». La plainte est utile, puisqu’elle permet de comprendre le phénomène, les évolutions de phénomènes et aussi quelquefois de retrouver une partie du préjudice.

Policiers à pied et à vélos

Anthony Samama, l’adjoint au maire chargé de la tranquillité publique, de la prévention et de la police municipale demande aux « policiers de laisser tomber leurs voitures et de se déplacer à pied ou à vélo, dans les petits quartiers, pour être visible et rassurer la population ». Ce rôle préventif de la police sur le terrain pourra avoir un effet dissuasif, d’après lui. Si une personne âgée se fait agresser et qu’il y a un policier qui n’est pas loin, à deux minutes du lieu de l’agression, « des personnes vont être sans doute moins agressées ».

Les services publics ne font aucune démarche par téléphone invitant le public à cliquer sur un lien qui est, en général, un lien extérieur. « On vous l’envoie et on vous invite à vous connecter de manière sécurisée, via des logiciels comme FranceConnect et autres », a précisé le commissaire. Ce type de démarche impose à une personne une facture par téléphone et une solution très simple en les invitant à cliquer sur un lien pour la régler ou propose de faire dédommager la cible ou de lui fournir, effectivement, une aide quelconque. Ce sont des dispositifs pour lesquels, par principe, « il faut être méfiant », a annoncé le commissaire.


La mairie du 15e arrondissement mets de plus en plus de policiers sur le terrain dans les rues à pied et à vélos pour protéger et instaurer un sentiment de sécurité auprès des cocitoyens jeunes ou moins jeunes.
La mairie du 15e arrondissement mets de plus en plus de policiers sur le terrain dans les rues à pied et à vélos pour protéger et instaurer un sentiment de sécurité auprès des cocitoyens jeunes ou moins jeunes. - Camille Allain

Les modes opératoires varient : SMS, mails frauduleux, menaces, accusations de pédopornographie, d’accidents de la route… Auparavant, « vous receviez parfois des SMS et souvent des mails dans un français très approximatif, avec des fautes de grammaire, d’orthographe, des logos usurpés mal reproduits », se remémore Damien Vallot. Aujourd’hui, « ce sont des personnes bien professionnalisées qui font de la fraude, avec des scénarios de plus en plus construits. Ce sont des réseaux très structurés ». L’objectif « de cette animation, cette opération hors les murs, c’est d’aller dans les rues pour instaurer un sentiment de sécurité auprès de nos concitoyens jeunes ou moins jeunes ». On parle bien moins de ce volet de la délinquance, peu dénoncé aux forces de police, alors qu’il concerne une partie importante de la population, d’où l’importance de ce type d’actions.