Bondy : « Comment ça a pu arriver ? »… Marche silencieuse pour Flora, décédée sous les coups de son conjoint
REPORTAGE•Une marche silencieuse a été organisée en hommage à Flora, 34 ans, morte sous les coups de son conjoint dans leur appartement familial de Bondy le 11 février dernierLaure Gamaury
L'essentiel
- Flora, 34 ans, est décédée le 11 février à Bondy (Seine-Saint-Denis). Son conjoint est le principal suspect.
- Elle est la 13e femme à mourir sous les coups d’un conjoint ou ex-conjoint en 2023, en France.
- Une marche silencieuse en hommage à la jeune femme a été organisée ce mercredi soir dans les rues de Bondy, en présence de quelques élus, dont le maire de la ville, et de plusieurs associations de lutte contre les violences faites aux femmes.
A Bondy,
« Elle s’appelait Flora. Elle est née le 29 juin 1988 à Banguy, capitale de la République centrafricaine. Elle laisse derrière elle quatre enfants, une fille et trois garçons. De son vivant, elle exerçait comme aide-soignante à l’hôpital Henri-Mondor. Elle est décédée le 11 février 2023 à Bondy, en France. » D’une voix pleine de douleur, sa tante est venue lui rendre un dernier hommage en participant à la marche silencieuse en son honneur ce mercredi soir à Bondy. Flora est déjà le 13e féminicide de l’année 2023, commis en France. Elle est morte sous les coups de son conjoint, dans leur appartement familial de la rue Roger-Salengro à Bondy (Seine-Saint-Denis).
La mairie et plusieurs associations de lutte contre les violences conjugales et de défense des droits des femmes ont organisé cette action. Entre 100 et 200 personnes ont défilé de l’Hôtel de Ville à la place de la gare. « C’est important d’être ici, confie Ada, habitante de la commune. De montrer notre soutien et pour arriver un jour à ne plus subir les coups des bourreaux. » C’est le terme qu’a également utilisé la tante de Flora pour désigner les hommes, souvent conjoints ou ex-conjoints, qui commettent des féminicides. Elle a pris la parole au nom de la famille de la jeune femme, dont les parents résident en République centrafricaine.
Pas de plainte antérieure
Samia, venue avec ses deux filles de 10 et 14 ans, réside dans le même quartier que la victime. « C’est tellement dur de penser que ça s’est passé là où on vit, juste à côté de la maison. » Et encore plus compliqué pour cette maman de trouver les mots justes pour expliquer l’inexplicable : « Mes filles sont en pleine adolescence. Ce drame a créé un sentiment de révolte et d’incompréhension chez elles, mais aussi chez moi. Alors les accompagner pour comprendre comment améliorer les choses, c’est le mieux que je puisse faire. Elles ont demandé à venir à la marche, et j’en suis fière. »
Tout au long du cortège, le sentiment est le même : comment dire l’indicible ? « Il l’a tuée devant les enfants, explique Mireille à une amie, qui l’accompagne dans le cortège ce soir. Deux d’entre eux sont sortis pour se réfugier chez un voisin, et les autres dormaient à côté. C’était tôt le matin. Comment ça a pu arriver ? »
« Apparemment aucun indice n’a pu alerter ses proches, ses collègues, le personnel scolaire ou associatif, avant le drame », a soufflé Marie-Christine Mourgue, présidente de l’association SOS femmes 93, qui a pris la parole. « Elle était bien insérée socialement, voyait régulièrement ses proches, emmenait ses enfants à l’école et au club de foot de Bondy. »
« Il n’a plus d’autorité sur les enfants »
La tante de Flora a tenu de son côté à interroger la préméditation : « Ces bourreaux qui frappent et tuent nos filles sont-ils vraiment des malades mentaux comme ils le clament ? Si oui, est-il possible qu’un malade mental menace régulièrement de mort sa victime ? » Une enquête pour « homicide par conjoint » a été ouverte. Et les quatre enfants de Flora ont été pris en charge par le « protocole féminicide ».
Le maire Stephen Hervé a également tenu à rendre hommage à Assia B., dont le corps démembré a été retrouvé récemment dans le parc des Buttes-Chaumont. Enfin, une gerbe a été déposée en l’honneur de la Bondysienne de 34 ans, dont le conjoint a été placé en garde à vue. « Le père, qui a tué la mère, ne peut pas être un bon père. Il a été suspendu de ses droits parentaux. Il n’a plus d’autorité sur les enfants, a aussi rappelé Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire départemental de Seine-Saint-Denis des violences envers les femmes. C’est une décision nouvelle à laquelle nous avons œuvré grâce à notre long combat contre les violences faites aux femmes. Il faut continuer. »