Val-d’Oise : Le Cube Garges, ou comment marier culture et numérique pour les jeunes du coin
REPORTAGE•Le nouveau « pôle d’innovation culturel » de Garges-lès-Gonesse veut inciter la jeunesse à inventer la société de demain, à travers un lieu pensé pour euxAude Lorriaux
L'essentiel
- Le Cube Garges a ouvert ses portes le 24 janvier dernier dans la ville de Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise).
- Il s’agit d’un grand centre culturel de 8.000 mètres carrés au design épuré qui accueille un cinéma, une médiathèque, deux salles de spectacle et une multitude de salles pour pratiquer des activités.
- « Les arts du numérique, c’est un formidable levier pour essayer de sensibiliser les jeunes à la culture, pour les faire venir et travailler avec eux à la société de demain » estime Benoît Jimenez, le maire UDI de la ville, qui a recruté l’équipe du Cube d’Issy-les-Moulineaux, un centre pionnier dans le numérique.
Olivia, 15 ans, salue son groupe de copines. Les quatre ados du Lycée Simone de Beauvoir se sont donné rendez-vous devant le Cube, le nouveau lieu culturel à Garges-lès-Gonesse ouvert depuis fin janvier, et où elles viennent régulièrement squatter. Une combinaison d’immenses blocs de béton marron entourés de verdure, contenant sur 8.000 m2 notamment un cinéma, une médiathèque, deux salles de spectacle et une multitude de salles pour pratiquer des activités.
Bref, un immense terrain de jeux culturel orienté sur le numérique, puisque c’est l’équipe du Cube d’Issy les Moulineaux qui en a pris les manettes, un centre de création numérique pionnier sur le sujet.
« Je viens quand j’ai du temps libre. Je suis venue quatre ou cinq fois déjà », nous apprend Afreen, 15 ans aussi. Puis, lorsqu’on lui demande si elle fréquentait l’espace Lino-Ventura, la salle de spectacles autour de laquelle s’est bâti le cube : « Avant on ne venait pas, non. Dans mon lycée, même les gens qui venaient pas pour des choses comme ça, ils viennent. Ça intéresse vraiment les gens du lycée ». « Je suis venue trois fois depuis que ça a ouvert fin janvier. C’était drôle et beau on a vu l’expo sur les visages, y’avait des trucs interactifs on est venus avec des amis. », complète Olivia.
Les arts numériques, un moyen d’attirer les jeunes
Le pari de Nils Aziosmanoff, Fondateur du Cube et Directeur général du Cube Garges, semble déjà en partie relevé lorsqu’on regarde le public qui attend l’ouverture du lieu. « On cible les jeunes, on pense que l’offre culturelle du Cube est vraiment adaptée aux aspirations culturelles des jeunes qui veulent s’approprier le monde », nous explique cette tête pensante, avide de concepts.
« Les arts du numérique, c’est un formidable levier pour essayer de sensibiliser les jeunes à la culture, pour les faire venir et travailler avec eux à la société de demain, la robotisation, l’intelligence artificielle », complète Benoît Jimenez, le maire UDI de la ville, qui a flairé dans l’équipe du Cube d’Issy-les-Moulineaux le combo parfait pour les ambitions de Garges.
On rentre dans le Cube par un grand hall d’exposition convivial, où de vieux miroirs reflètent nos visages, à côté d’installations vidéos. Des coussins colorés jouxtent ce qui sera bientôt un lieu de restauration. Au bout on entre dans la Fabrique, qui comprend 13 espaces de pratique et d’enseignement, 5 salles de répétitions musique et danse, deux studios d’enregistrement et un Fablab.
Dans cette dernière salle, on est intrigués par les « brodeuses numériques », qui permettent de broder d’après un patron numérique, et on apprend que la médiathèque offrira des ateliers de présentation pour les imprimantes 3D mises à dispo ici. Plus loin, des salles de danse ou de musique…
Porosité relative
Mélanger les disciplines, créer des connexions, c’est justement le créneau et le credo du Cube. « Le nouveau apparaît dans l’intersection des choses, philosophe Nils Aziosmanoff. L’outil numérique c’est un outil hybride : son, image, texte, ça connecte tout à tout. La nouvelle génération, les slahsheurs, y est habituée, ils peuvent passer d’un truc à l’autre, d’où cette notion de porosité dans le lieu. »
Enfin, la porosité est relative, le Cube étant quand même une somme de salles fermées. Rien à voir par exemple avec le Centquatre à Paris, où dansent, chantent, jonglent, et créent artistes et novices au beau milieu du lieu et des passants, de quoi créer des vocations. « On ne va pas vous raconter de salades, le bâtiment a été conçu par mon prédécesseur et il n’avait pas été dessiné pour ce projet-là, reconnaît Benoît Jimenez. Mais un certain nombre d’équipements répondront à cet objectif »
Le Cube intéressera-t-il au-delà de la jeune génération ? Pas sûr. Quand on s’éloigne un peu de la structure, et qu’on squatte la place du marché, où traînent des retraités et où passent en vitesse quelques poussettes, la référence reste pour l’instant inconnue. « J’ai pas le temps, je travaille » , nous répond Arthur, 54 ans. « Je ne sais pas ce qu’ils font là-dedans », répond, avec une moue interdite, Sylvain, 82 ans, qui se dore la pilule sur un banc. Même hébétement du côté de Virginie, 36 ans, maman de quatre enfants. Mais qui sait, peut-être le Cube attirera-t-il un jour ses enfants. « Le plus grand de mes enfants a 12 ans. Pourquoi pas y aller avec lui ! »