Les plus belles toilettes de Paris rouvrent leurs portes à la Madeleine
(Haut de) Gamme of trone•Les toilettes situées sous le parvis de l’Eglise de la Madeleine rouvrent lundi prochain 12 ans après leur fermetureRomarik Le Dourneuf
L'essentiel
- Douze ans après sa fermeture, le Lavatory de la Madeleine rouvre ses portes dans le 8e arrondissement de Paris.
- Ces toilettes situées sous le parvis de l’église de la Madeleine ont été construites en 1905 dans un style architectural « Art nouveau » typique du Londres de la fin du XIXe siècle.
- C’est l’entreprise 2theloo qui a financé la restauration de ces lieux et obtenu la concession pour dix ans.
«Le but est d’en faire un lieu de service au public mais aussi un lieu touristique. » Ce mardi, Karen Taïeb, adjointe à la Maire de Paris en charge du patrimoine, annonçait la couleur pour la réouverture du Lavatory de la Madeleine. Un objectif qui ne devrait pas être trop difficile à atteindre tant ces toilettes souterraines impressionnent les invités pour l’occasion. Boiseries et portes en acajou, céramique, mosaïques, ces lieux d’aisances ne ressemblent à aucun autre dans la capitale.
Situées sous le parvis de l’église de la Madeleine, elles ont été construites en 1905 par les établissements Porcher-Revin dans un style « Art nouveau », à l’image de ce qui se faisait à Londres à la fin du XIXe siècle. Mais en 2011, et malgré un classement aux Monuments historiques, le Lavatory avait dû fermer ses portes faute d’une fréquentation suffisante (environ 350 passages par jour) pour justifier le maintien d’un agent d’entretien et du non-respect des normes d’accessibilité aux personnes à faible mobilité.
« Sa réouverture répond aussi à un besoin de toilettes dans un quartier très fréquenté, où les seules solutions se trouvaient dans les cafés et restaurants, explique Jeanne D’Hauteserre, maire du 8e arrondissement, mais c’est aussi un lieu à l’architecture exceptionnelle qui vaut le détour. » Difficile de contredire l’élue tant les visiteurs sont transportés au début du XXe siècle. Dès l’entrée, sur la gauche, ils trouveront la cabine de l’hôte d’accueil et de nettoyage (nouvelle formule, plus élégante, de la « dame pipi »), entièrement en bois d’origine, seul le vitrage a été refait.
Chaise de cireur et cabine de « dame pipi »
Elle fait face à la chaise du cireur, qui permettait autrefois de mettre un « petit coup » sur ses souliers, après un passage aux latrines. D’origine, elle aussi comme le prouve le petit compteur qui enregistrait automatiquement le passage de clients, elle trône en haut de quatre petites marches entourées d’un cordon rouge pour empêcher les visiteurs d’y monter. Et pour cause, elle ne devrait servir que de décoration. « Il n’y aura pas de cireur, confie Karen Taïeb, le métier n’existe presque plus. »
Les toilettes, en revanche, seront bien fonctionnelles puisque toute la tuyauterie a été refaite pour être remise aux normes et leurs usagers pourront profiter de cabines de toilette « femmes », spacieuses et équipées de lavabos, et fermées par des portes en bois surmontées de vitraux.
Des urinoirs seront aussi disponibles dans un coin du Lavatory pour contenter les hommes, puisque leur partie a été laissée à la disponibilité de France Telecom dès 1990, pour devenir un local technique, aujourd’hui utilisé par la RATP.
Un retard à cause de l’étanchéité du parvis
« Les toilettes et tous les points de contact seront nettoyés après chaque passage », assure Eric Salles, fondateur de Point WC, branche de 2Theloo, qui a pris en charge la restauration des lieux et remportés la concession de ces toilettes pour dix ans. Un service un peu plus haut de gamme que celui offert par les 750 sanisettes que compte déjà la ville et qui sera facturé 2 euros par personne (avec possibilité de prendre une carte de fidélité pour réduire ce prix à 1 euro). En plus des sanitaires, l’entreprise proposera la vente de produits dérivés (papier toilette coloré, brosses personnalisées), etc.
Un aboutissement pour l’entreprise, déjà en charge de quatre autres Lavatories à Paris (Notre-Dame, Arc de Triomphe, Lamarck et Palais-Royal), et un soulagement pour la mairie après un retard conséquent, la réouverture aurait dû intervenir en 2018. Un retard dû aux difficultés rencontrées par l’entreprise après l’incendie de Notre-Dame mais aussi à un problème d’étanchéité constaté au niveau du parvis et « réglé par les services de la Ville de Paris » assure Karen Taïeb.