Plainte contre le maire de Villeron après la destruction d’un camp de Roms

Val-d’Oise : Plainte contre le maire après la destruction d’un camp de Roms à Villeron

État de droitsSelon l’association La Voix des Roms, qui porte plainte, le maire de la commune a qualifié dans son magazine municipal les Roms d'« intrus », et de « population sans foi ni loi »
20 Minutes avec AFP

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Un maire qui soutient des habitants en furie, hurlant des propos racistes, une pelleteuse réservée par la mairie pour finir de détruire un camp de Roms… Après la destruction d’un campement par des habitants à Villeron, dans le Val-d’Oise, le maire de la commune, Dominique Kudla, va devoir répondre à la justice. L’association La Voix des Roms a porté plainte vendredi contre lui pour « incitation à la haine » et « expulsion illégale ».

Dimanche, plus d’une centaine de personnes s’étaient donné rendez-vous dans l’après-midi au bois de Villeron, à proximité de Roissy-en-France, pour manifester contre l’installation depuis octobre d’une dizaine de familles Roms. Les habitants criaient « Dehors les Roms », « Villeron n’est pas une poubelle » ou encore « Aux armes ! » selon des journalistes présents sur place. Après le départ de la soixantaine de Roms, plusieurs habitants vindicatifs ont détruit les cabanes, d’après la gendarmerie départementale. Le maire Dominique Kudla (SE) a, lui, fait intervenir une pelleteuse pour détruire le campement.

Les Roms qualifiés d'« intrus » dans le journal municipal

« Cette opération, parfaitement illégale, couronnait une véritable campagne d’incitation à la haine menée par le maire de Villeron », dénonce l’association « La Voix des Roms » dans un communiqué transmis à l’AFP. L’organisation relève que dans le dernier numéro du magazine municipal, daté de janvier, l’élu désigne les Roms comme des « intrus », une « population sans foi ni loi ». « Déterminée dans son combat contre l’antitsiganisme, La voix des Roms a porté plainte devant le procureur de la République, qui a déjà diligenté une enquête sur les événements du 5 février », ajoute-t-elle, appelant à ce que « les responsables (…) répondent de leurs actes ».

Une enquête, confiée à la brigade de recherche de L’Isle-Adam, a été ouverte par le groupement de gendarmerie du Val-d’Oise, sous la direction du parquet de Pontoise. Elle « vise à préciser le déroulement des faits », déterminer « le rôle des différentes personnes » et « s’il y a eu ou non des violences aux personnes ainsi que des dégradations de biens », a précisé mardi le parquet.



« La loi n’est pas du côté des gros bras »

De son côté, le préfet du Val-d’Oise Philippe Court a « désapprouvé » les méthodes employées par les riverains. Une procédure d’expulsion était en cours devant le tribunal administratif de Pontoise, a fait savoir la communauté d’agglomération Roissy Pays de France, propriétaire du terrain, en précisant « ne pas cautionner » les violences.

Selon les collectifs de défense des droits des personnes Roms, les familles ont été choquées et bouleversées par l’expulsion. « La loi n’est pas du côté des gros bras » dénonçaient mercredi dix associations, rappelant que le Code pénal précise que le « fait de forcer un tiers à quitter le lieu qu’il habite sans avoir obtenu le concours de l’État […], à l’aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contraintes, est puni de trois ans d’emprisonnement et de 30.000 € d’amende ».