«Une saignée ». C’est ainsi que la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) décrit les suppressions de postes d’enseignants et enseignantes que va subir la capitale. Alors que 1.500 postes doivent être supprimés au niveau national, Paris va perdre 155 fonctionnaires pour les écoles maternelles et élémentaires et 182 dans les collèges et lycées, selon cette même source.

Concrètement, cela signifie, pour les écoles élémentaires et maternelles, la fermeture de 187 classes dans 180 écoles, dont 56 classes situées en réseau d’éducation prioritaire, toujours selon la FCPE. Le rectorat, contacté par 20 Minutes, confirme 178 fermetures (68 en maternelle / 110 en élémentaire). Sont prévues 16 ouvertures de classes en parallèle, donc bien moins que les fermetures.

Les chiffres des suppressions de classe pour les collèges et lycées seront connus seulement au mois de mars, même si certaines annonces sont déjà tombées, comme à Honoré de Balzac, dans le 17e, où une classe de sixième doit fermer, ou à Germaine Tillon, dans le 12e où une cinquième et une sixième ferment. Cet établissement a organisé un blocus le 24 janvier dernier.

Une baisse démographique importante

Le ministère et le rectorat ont expliqué aux parents d’élèves et par voie de presse que Paris perdait des habitants, et était confronté à une baisse démographique importante.

La baisse de natalité, qu’on observe partout en France, est particulièrement marquée à Paris. Le premier degré a perdu près de 4.000 élèves à la rentrée 2022, et le second degré tout autant (3.972), selon le rectorat, contacté par 20 Minutes.

A la rentrée prochaine, la baisse sera de nouveau importante (respectivement 3.178 et 2.273 élèves). Le rectorat ajoute que l’académie de Paris disposait, à la rentrée 2022, du meilleur taux d’encadrement de France métropolitaine dans le premier degré, avec en moyenne 6,59 postes pour 10 élèves, et une moyenne de 19,9 élèves par classe (contre 21,7 au niveau national).

« On s’attaque aux plus pauvres »

Les fermetures toucheront principalement le nord-est de la capitale, soit les 18e, 19e et 20e arrondissements. « On s’attaque aux plus faibles, aux plus pauvres. Il va y avoir des fermetures dans les établissements du réseau d’éducation prioritaire alors que les élèves sont en grandes difficultés, s’insurge Sylvaine Baehrel, présidente de la FCPE Paris. Alors qu’on aurait pu profiter de cette baisse démographique pour se permettre l’ambition d’une école de qualité. »

Des mobilisations sont prévues

La France n’est pas particulièrement bien classée par le Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA), une étude est menée pour évaluer les connaissances des élèves de 15 ans, dans l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle est particulièrement pointée du doigt pour ses inégalités, l’écart entre les élèves issus de milieu socio-économique favorisé et ceux de milieu défavorisés étant beaucoup plus marqué que dans les 37 autres pays membres de l’OCDE.

« Le ministère de l’Éducation Nationale doit saisir l’opportunité de la baisse démographique pour déployer des moyens au profit de tous les élèves » estime la FCPE, qui « exige que le nombre d’élèves par classe en éducation prioritaire ne dépasse pas 19 élèves par classe ».

«Nous partageons l'incompréhension et l'inquiétude de la communauté éducative à l'annonce de la fermeture brutale et inédite de 187 classes dans les écoles», a déclaré sur Twitter Patrick Bloche, l'adjoint (PS) à l'éducation de la maire Anne Hidalgo.

Des mobilisations sont prévues localement à divers endroits, comme au sein de l’école maternelle Rampal dans le 19e, qui a mis en ligne une pétition, ou à l’école Hermel, dans le 18e. Une manifestation est prévue mardi 14 février au matin à 8h30 devant le rectorat et une réunion publique est organisée ce vendredi 10 février de 18 heures à 20 heures à la mairie du 20e, place Gambetta, salle des mariages.