Paris : Dans ce collège, on chasse le gaspi électrique avec des affichettes
écogestes•Les élèves du collège Georges-Braque dans le 13e arrondissement se sont lancés dans une action de réduction de la consommation électrique avec des résultats spectaculaires.L'essentiel
- Moins 20 % de consommation électrique sur un an, c’est ce à quoi sont parvenus les élèves du collège Georges-Braque à Paris (13e arrondissement) dans le cadre du championnat de France d'économie d'énergie dont ils ont terminé deuxièmes au printemps dernier. Les lauréats des autres catégories seront connus ce mardi à Paris La Défense Arena.
- Pour parvenir à de tels résultats, les collégiens ont eu recours aux nudges, ces outils de suggestion. Ils ont ainsi été affichés ou posés sur les interrupteurs pour inciter à ne pas laisser la lumière allumée.
- « Le message est franchement bien passé, même parmi les collègues », souligne Aurélia Talenti, prof de physique-chimie et encadrante du projet. « Chaque petit geste a un impact plus tard, estime Elise, élève en 3e. Ça ne va pas empêcher le changement climatique mais ça peut le ralentir le plus possible. »
Ils ont devancé l’appel du gouvernement. Cela fait en effet plusieurs années que les élèves du collège Georges-Braque, dans le 13e arrondissement de Paris, se sont mis à la sobriété énergétique. « Avant que j’arrive dans cet établissement, il y a douze ans, il y avait déjà des actions en lien avec le développement durable sur le tri sélectif ou le gaspillage de papier », raconte Aurélia Talenti, professeure de physique-chimie et une des référentes sur le domaine. D’ailleurs, depuis 2015, Georges-Braque est labellisé E3D par l’Education nationale, c’est-à-dire établissement en démarche globale de développement durable.
« Depuis 2013, nous avons des écodélégués parmi les élèves pour faire vivre les actions en lien avec le développement durable et en proposer de nouvelles », ajoute la prof. Sur les 20 classes que compte le collège – 5 par niveaux –, il y a 24 écodélégués qui se réunissent en moyenne une fois par mois sur la pause du midi. Et l’établissement parisien s’est particulièrement distingué en participant au concours Cube S pour Challenge climat, usages, bâtiments enseignement scolaire du championnat de France d'économie d'énergie. « Les établissements scolaires qui s’inscrivent s’engagent à réduire leur consommation d’énergies pendant cinq ans en participant de manière ludique et concrète à la loi de transition énergétique », nous dit le site de l’Education nationale.
Les nudges à la rescousse
« On s’est lancés il y a trois ans, en pleine pandémie, se souvient Aurélia Talenti. Pour réduire la consommation d’énergie, soit on réduisait le chauffage mais comme il fallait garder les fenêtres ouvertes pour aérer contre le Covid-19, on a décidé de s’attaque à la consommation électrique. » Dans un premier temps, les élèves ont établi une liste des consommations inutiles comme les lumières dans les couloirs ou les ordinateurs en veille. Puis avec l’aide du Cerema, une direction du ministère de la Transition écologique, qui accompagne celle-ci, ils ont conçu des nudges, c’est-à-dire des « outils de suggestion disposés dans notre environnement, supposés nous aider à faire les bons choix », selon une définition de l’Inserm.
Dans le cas de Georges-Braque, ils ont été affichés ou posés sur les interrupteurs pour inciter à ne pas laisser la lumière allumée. Ils ont même été adaptés à la classe dans laquelle ils se trouvent, par exemple écrits en espagnol dans les salles de langue. Marion, écodéléguée en 4e, en a dessiné plusieurs et c’est elle également qui a trouvé les slogans. Elle a ainsi à son actif des nudges en lien avec Astérix, maître Yoda et une souris humanoïde. « Ella a mis en images beaucoup d’idées », commente sa prof. Modeste, la collégienne n’oublie pas de souligner le travail des autres. Pour elle, « ces dispositifs aident en direct à ce que tout le monde fasse des économies d’électricité ».
« Chaque petit geste a un impact plus tard »
« Le message est franchement bien passé, même parmi les collègues », souligne la prof de physique-chimie. Résultat, le collège a obtenu au printemps dernier le Cube d’argent pour sa réduction à la consommation d’énergie. Et les chiffres sont impressionants : moins 20 % par rapport à la moyenne des cinq années précédentes. « Ça s’est fait de manière naturelle. On n’a pas eu le sentiment de révolutionner quelque chose mais la communication est importante », commente Aurélia Talenti.
« Je voulais m’engager dans cette lutte contre le réchauffement climatique dont on parle souvent mais qui n’est pas vraiment soutenue par l’Etat et ça commence par des petits gestes, ça peut toujours aider, peut-être que d’autres vont suivre », explique Camile, actuellement en 3e et écodélégué depuis qu’il est en 6e. « Chaque petit geste a un impact plus tard, estime Elise, également en 3e. Ça ne va pas empêcher le changement climatique mais ça peut le ralentir le plus possible. »
Comment rénover une passoire thermique
Pour la suite, « les élèves aimeraient proposer une rénovation énergétique du bâtiment, indique la prof de physique-chimie. Ils ont bien conscience que le bâtiment âgé de plus de quarante ans n’est plus adapté. » Mais autant éteindre la lumière peut se faire en un claquement de doigts, autant la rénovation énergétique du collège qui en est toujours au simple vitrage et aux ampoules hautes consommations risque de prendre du temps. « On leur a dit qu’ils ne le verront peut-être pas du temps de leur scolarité, mais que ça vaut le coup de pousser ce sujet. »
De toute façon, les élèves ne sont pas prêts à abandonner le combat. « Avec ma famille, on va souvent dans des espaces verts, à la montagne ou à la forêt de Fontainebleau et j’ai envie de préserver ça », indique Marion. « Ce n’est pas quelque chose qu’on peut lâcher comme ça, affirme Camile. Je vais continuer le combat soit en finançant des associations, quand j’aurais de l’argent ou en allant dans des manifs ». Bonne nouvelle, la jeune génération est déterminée à sauver notre planète.
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