AU RAPPORTLes toxicomanes hébergés et aidés réduisent leur consommation

Crack à Paris : Les toxicomanes hébergés et aidés réduisent leur consommation, selon une étude

AU RAPPORTC’est le résultat d’une enquête commandée par l’Agence régionale de santé Ile-de-France
Aude Lorriaux

A.L.

L'essentiel

  • Des chercheurs et chercheuses des Hospices civils de Lyon et de l’Université de Lyon-1 Claude Bernard ont évalué le dispositif Assore, qui propose actuellement hébergement et accompagnement social à 536 consommatrices et consommateurs de crack à Paris.
  • Les résultats sont sans appel : 87 % des consommateurs interrogés ont vu leur consommation de crack diminuer depuis leur entrée dans le dispositif et 19 % ont même arrêté complètement le crack.
  • L’ARS souligne toutefois que le dispositif souffre, selon l’évaluation de l’équipe scientifique, d’un manque d’effectifs et d’un « manque notable de solutions d’hébergement en aval d’Assore », qui peut engendrer chez les usagers ayant accompli des progrès « un certain découragement ».

Apporter du soutien aux consommateurs et consommatrices de crack, notamment en les hébergeant et en leur fournissant un accompagnement social, réduit massivement leur consommation de crack. C’est la conclusion d’une étude diffusée par l’Agence de santé régionale (ARS) d’Ile-de-France et réalisée par ​​des chercheurs et chercheuses des Hospices civils de Lyon et de l’Université de Lyon-1 Claude Bernard sur des personnes fréquentant les scènes de consommation du nord-est parisien.

Cette enquête portait sur le dispositif Assore, porté par l’association Aurore, qui est un programme d’hébergement dans des chambres d’hôtel associé à un accompagnement social. 536 personnes en bénéficient aujourd’hui, et l’équipe scientifique a interrogé 20 % des bénéficiaires. Les résultats sont sans appel : 87 % des consommateurs interrogés ont vu leur consommation de crack diminuer depuis leur entrée dans le dispositif et 19 % ont même arrêté complètement le crack.

« L’arrêt de la consommation de toute substance addictive reste cependant très rare. Les consommateurs passent plutôt d’une consommation compulsive, avec des risques élevés, à une consommation plus maîtrisée », avertit toutefois l’ARS dans un communiqué.

Un programme moins coûteux que la prise en charge habituelle

Cette démarche qu’on appelle parfois Housing first en anglais, (en français « Un chez-soi d’abord ») a été lancée aux Etats-Unis dans les années 1960, avec l’idée que la première étape à toute réinsertion est d’avoir un toit. Une démarche pas forcément plus coûteuse que d’autres dispositifs, puisque selon une modélisation médico-économique sur un horizon long de dix ans citée dans le rapport, « le Housing first est moins coûteux que la prise en charge habituelle ».

Les lits du programme Assore se répartissent dans 61 hôtels. L’association Aurore et le Samu social de Paris réservent les chambres et des éducateurs spécialisés, des infirmiers et des psychologues vont visiter régulièrement les usagers dans les hôtels. « L’objectif, à partir de la mise à l’abri, est de réhabituer les usagers à vivre en intérieur et en collectivité, de manière à les stabiliser dans un logement, de veiller sur leur situation et de les amener à s’engager dans les parcours de soins et dans les démarches administratives », explique le communiqué diffusé par l’Agence régionale de santé.



Un bilan positif malgré des insuffisances

L’ARS souligne toutefois que le dispositif souffre, selon l’évaluation de l’équipe scientifique, d’un manque d’effectifs et d’un « manque notable de solutions d’hébergement en aval d’Assore » qui peut engendrer chez les usagers ayant accompli des progrès « un certain découragement ». La prise en charge psychiatrique apparaît également insuffisante, en raison « d’une faiblesse structurelle de l’offre » et « d’un cloisonnement persistant avec l’addictologie ».

Mais le bilan reste globalement positif selon le rapport que 20 Minutes a pu consulter : « L’ensemble des acteurs interrogés considère ainsi l’hébergement et l’accompagnement proposés par Assore comme une condition nécessaire (bien que non suffisante) à une prise en charge efficace des consommateurs précaires de crack. »