Paris : L'éco-colocation, c’est « gaspiller moins » et vivre de manière plus écologique
ECOLOGIE•Des jeunes hommes et femmes se rassemblent en éco-colocation pour vivre avec des personnes qui partagent leurs préoccupations environnementalesMathilde Desgranges
L'essentiel
- Sur Facebook, le groupe « Eco-colocation Paris - Ile-de-France », destiné à ceux qui cherchent ou proposent une telle colocation, compte 18.300 membres. La majorité de ces jeunes hommes et femmes ont plus ou moins 25 ans.
- 20 Minutes est allée passer une soirée dans l’éco-colocation « Aubergine » où vivent Pau, Camille, Juliette, Typhaine, Laura et Samuel.
- Dans leur grand appartement du 12e arrondissement, on trouve trois chambres, mais cinq d’entre eux dorment dans la même pièce, « le dortoir », pour « avoir plus d’espaces partagés ».
«Notre coloc s’appelle “Aubergine”, c’est un mixte entre un nom de végétal, pour l’écologie, et l’idée de l’auberge espagnole. » Pau livre l’anecdote en pointant du doigt une peluche souriante en forme d’aubergine, « notre mascotte », ajoute-t-il. Elle trône fièrement sur un meuble recouvert de plantes vertes, à l’image de l’appartement envahi d’arbres en pot et de légumes. Pau, Camille, Juliette, Typhaine, Laura et Samuel, tous proches de la trentaine, ont choisi de fonder une éco-colocation. Un moyen de partager un mode de vie en accord avec leurs préoccupations environnementales.
Leur 130 mètres carrés, situé à porte Dorée dans 12e arrondissement de Paris, comprend une cuisine, un dortoir, deux autres pièces, et surtout un grand salon où ils passent tout leur temps. « On vit ensemble, pas juste au même endroit, insiste Pau. Cela demande plus d’implication que dans une coloc normale. » Ils ont trois chambres, mais cinq d’entre eux dorment dans la même pièce pour « avoir plus d’espaces partagés ».
En Ile-de-France, ils sont loin d’être les seuls à avoir eu cette idée. Sur Facebook, le groupe « Eco-colocation Paris - Ile-de-France », destiné à ceux qui cherchent ou proposent une telle colocation, compte désormais 18.300 membres. « La plupart d’entre eux ont autour de 25 ans », estime l’administratrice du groupe, Lise Ketterer.
Que de la récup
Ici, pas question d’acheter du neuf. L’appartement a été aménagé en faisant de la récup. L’entrée est recouverte par un grand tapis rouge, style oriental. « Il vient de la rue », raconte Pau en rigolant. « Juliette trouve toujours des trucs de fou en se promenant, ajoute Tiphaine. Elle l’a ramenée, a coupé la partie moisie, puis elle a passé des jours à le recoudre à la main. » Des tatamis, une autre trouvaille de Juliette, ont remplacé la table et les chaises dans le salon.
Les autres meubles ont été récupérés, ou fabriqués. « On a deux colocs qui sont un peu des bricolos, ajoute l’un des éco-colocataires. Samuel a construit notre dortoir par exemple. » Il s’avance vers la porte d’une chambre, puis dévoile une grande structure en bois. Des planches ont été assemblées pour créer des lits superposés, destinés à accueillir six personnes. « C’est ici qu’on dort, tous les cinq », précise Camille.
« Mais si on veut de l’intimité, on peut aussi la trouver », complète Pau. Les colocs ont une pièce dédiée, la « love room », qui « peut servir aux moments d’intimité, mais aussi à regarder des films, ou encore à jouer de la musique ».
« Pas besoin d’être un fervent écolo »
« Vivre ensemble, c’est déjà une démarche écologique, explique Pau. Cela fait moins de gaspillage, et plus de mise en commun. » Les membres de l’éco-colocation se rejoignent sur leurs considérations écologiques. Tous se déplacent à vélo, partagent un engagement dans une association pour le maintien d’une agriculture paysanne (AMAP), qui leur fournit un panier de légumes chaque semaine, et ont une alimentation majoritairement végétarienne.
« On apprend beaucoup des autres, confie Camille. On n’a pas tous le même niveau de conscience écologique, les mêmes habitudes. » Les profils restent similaires. Pau travaille dans une entreprise sociale et solidaire (ESS), Laura dans l’accueil des mineurs isolés, deux autres colocs sont intermittents, dans le domaine du social. Quant à Typhaine, elle fait une thèse sur l’impact du changement climatique, aux Mines de Paris. Pour faire partie de la coloc, « pas besoin d’être un fervent écolo, rassure Camille. Une personne avec un peu de curiosité pour le sujet nous convient. »
A l’avenir, les colocs ne se voient pas vivre autrement. Camille « a du mal à s’imaginer vivre seule ou en couple ». Typhaine, quant à elle, sait déjà qu’elle finira par vivre « en Ardèche ou dans la Drôme, où il y a de plus en plus de gens qui vivent en communauté ». Dans ces régions, certains se réunissent pour vivre dans des écovillages.
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