Avec « Du stade vers l’emploi », Pôle emploi met les chômeurs au ping-pong

Paris : Une partie de ping-pong pour trouver un job, l’opération ludique de Pole emploi

« Du stade vers l’emploi »Une centaine de candidats et candidates et 17 entreprises de l’hôtellerie-restauration se sont retrouvés mardi pour une séance de job dating un peu particulière
Aude Lorriaux

Aude Lorriaux

L'essentiel

  • «20 Minutes » s’est rendu halle Carpentier, mardi 27 septembre, pour couvrir l’opération Du stade vers l’emploi, organisée par Pôle emploi Paris.
  • Cette opération convie recruteurs et recruteuses, d’un côté, et demandeurs et demandeuses d’emploi, de l’autre, à manier la raquette de ping-pong, le tout de manière anonyme.
  • Dans l’après-midi, l’anonymat est levé, et les entreprises de restauration peuvent s’entretenir avec les éventuelles recrues, qu’elles auront préalablement observées sans préjugés.

«Allez, on essaye de se rapprocher de la cible ! » Halle Carpentier, dans le 13e à Paris, un petit groupe d’une dizaine de personnes joue avec des balles de ping-pong. Le but, se passer la balle avec maximum trois rebonds par personne, tout en se rapprochant collectivement d’une boîte en carton, où la balle doit finir son parcours. Une variante assez classique du célèbre jeu de ping-pong, sauf qu’il s’agit ici de participantes et participants un peu spéciaux : d’un côté, des recruteurs issus du secteur de l’hôtellerie-restauration, et de l’autre, des candidats, tous anonymes, dans le cadre de l’opération « Du stade vers l’emploi », organisée mardi 27 septembre par Pôle emploi Paris.

La journée débute par un entraînement physique, un échauffement de 30 minutes. Puis des épreuves ou plutôt jeux sportifs permettent aux décideurs de jauger les qualités personnelles d’éventuels postulants, sans costume, ni entretien. A midi, tout le monde déjeune ensemble, toujours dans le plus grand secret des identités. Et enfin, l’après-midi a lieu un job dating classique.

« Faire émerger des compétences » avec du sport

Au sein de notre petit groupe de personnes qui essaient d’atteindre collectivement une cible, Ahmed fait sensation. Il vient d’effectuer toute une série de rebonds qui ont déclenché des « oh » et des « ah » admiratifs. Mais attention, ne vous méprenez pas, nous prévient Stéphane Crusoé, directeur de l’agence Cardinet, une des trois agences parisiennes impliquées dans l’organisation de l’évènement : « L’esprit n’est pas à la compétition. L’idée c’est de faire des épreuves en équipe ou individuelle qui renvoient du savoir être. Il n’y a pas de match. »

« On a conçu des ateliers pour essayer de faire émerger des compétences au travers d’une activité physique », complète Stéphane Lelong, directeur du pôle développement de la fédération de tennis de table, sollicitée pour préparer l’évènement. Complémentarité, solidarité, travail en équipe seront les qualités scrutées lors de ces ateliers à la fois ludiques et sérieux. « C’est hypernovateur », s’enthousiasme Sophie, prise à part discrètement, et qui a pour mission de recruter une petite dizaine de personnes pour le groupe Citadines.

« Cela change des entretiens habituels »

Big Mama, Le groupe Bertrand, Burger King, Sofitel, Doki Doki, KFC… En tout 17 entreprises sont sur place, qui proposent environ 80 offres pour 108 candidats et candidates. Ilena, du groupe Ascott, cherche une vingtaine de personnes et a déjà repéré deux candidates : « Elles sont sympas, elles ont le profil »

La recruteuse apprécie l’aspect convivial de la rencontre. « Cela change des entretiens habituels, et ça permet d’avoir un contact sans savoir qui est qui, je trouve ça pas mal », dit-elle tout sourire. Les chercheurs et chercheuses de job ont l’air également enthousiastes. : « Parfois on est démoralisé parce qu’on ne trouve pas d’emploi, et ça, ça détend vraiment, c’est chouette », nous dit Denisse, qui cherche depuis deux mois et n’a jamais travaillé en hôtellerie-restauration.

60 à 70 % de retour à l’emploi après 6 mois

Grâce à l’opération, Denisse aura peut-être plus de chance de trouver un métier dans le secteur que si elle avait envoyé son CV sans expérience spécifique. « Cela donne de la chance à tous », résume Carole Bacchini, directrice territoriale de Pole emploi Paris, qui remarque que « tout le monde joue le jeu, c’est le cas de le dire ! »

L’opération Du stade vers l’emploi a débuté en France en 2019, mais c’est la première fois qu’un événement sectoriel est organisé, en l’occurrence ici avec des recruteurs et recruteuses de l’hôtellerie-restauration. C’est aussi la première fois à Paris qu’on s’essaie au ping-pong, alors que les premiers épisodes impliquaient exclusivement de l’athlétisme.

Ces rencontres sportives ont l’air plutôt efficaces, puisque les demandeurs d’emploi étaient pour 60 à 70 % d’entre eux et elles de retour à l’emploi six mois après l’opération. A la fin de la journée, Quessiet est pleine d’espoir : « Dupont a mon CV, ils ont dit qu’ils allaient me rappeler, j’espère que ça va passer. »