MUSIQUERadio Cargo sort son sound system pour la « Journée sans voiture » à Paris

Paris : Les DJ de Radio Cargo font des open air électro pour donner à tous un accès à la culture

MUSIQUELes cofondateurs de Radio Cargo se sont fait une spécialité les open air pour faire la fête partout dans Paris et avec tout le monde
Faire la fête en plein air, avec Radio Cargo
Mathilde Desgranges

Mathilde Desgranges

L'essentiel

  • Les deux cofondateurs de l’initiative Radio Cargo, Jay et Danski, improvisent régulièrement des open air dans la capitale.
  • Adeptes de « l’utilisation du vélo », les artistes sont en recherche de « sobriété énergétique », et cherchent à promouvoir des valeurs écologiques.

Faire la fête n’importe quand, n’importe où, et avec n’importe qui. Le mot d’ordre de Radio Cargo ne peut pas être plus simple. Ses deux cofondateurs, Jay et Danski, improvisent régulièrement des open air dans la capitale. Quand l’envie leur prend, ils enfourchent leur vélo cargo, transportent leur sound system et débarquent à l’improviste. Ils s’installent « là où il y a du passage » pour mixer, en regardant le monde se tasser autour d’eux. « Environ 3.000 personnes » par open air, précise Jay. Seuls ceux qui les suivent sur le compte Instagram@Radiocargo sont au courant, au maximum 24 heures avant le début de l’événement, du lieu et de l’heure.

Leur playlist ? « Un revival des années 1990 », confie Danski. Mais pas n’importe lequel. « Tout le monde le fait en ce moment mais, les musiques de la fin des années 1990, comme la progressive et la transe, sont souvent laissées de côté, explique-t-il. Nous, on ne veut pas omettre cette partie de l’histoire. » « Et surtout, on a compris le plaisir coupable pour la transe, pour certaines musiques connotées ultra kitch, que tout le monde adore », ajoute Jay.

Un sound system alimenté avec des batteries de vélo ou de trottinette recyclées

Dimanche, Paris organise la « Journée sans voiture ». Un événement qui parle aux deux DJ. « Ce n’est pas pour rien qu’on se balade en vélo cargo », déclare Jay. Leur sound system pourrait donc être de sortie. Adeptes de cette mobilité douce, les artistes sont en recherche de « sobriété énergétique », et cherchent à promouvoir des valeurs écologiques.

Après avoir créé Virvolt, une entreprise qui conçoit des systèmes d’électrification de vélo, Jay se « rend compte d’un fléau industriel : 95 % des batteries que l’on jette à la poubelle sont encore utilisables », avance-t-il. Prouver ce qu’il avance, et allier sa passion pour la technique à la musique, il entreprend de recycler les batteries de trottinettes et vélos électriques ou encore de scooters en libre-service. Ces batteries « destinées à être brûlées […] permettent aujourd’hui de faire danser plus de 3.000 personnes pendant 12 heures », se réjouit-il.

Rendre accessible la fête à Paris

« Aujourd’hui, sortir et passer une bonne soirée [à Paris], ça te coûte 100 balles », regrette Jay. Radio Cargo naît de la frustration qu’ont beaucoup de gens dans le milieu sur la fête à Paris, qui est devenue « très élitiste. » Pour « casser ces codes », Jay et Danski se « donnent le droit », que la mairie ne veut pas leur accorder, d’organiser des open air dans la capitale. Un moyen de rompre avec ce « problème évident d’accès à la culture, et notamment à la rave culture » qu’ils constatent.

Née quelques mois auparavant, l’initiative prend de l’ampleur lors du premier confinement. Les artistes de Radio Cargo bravent l’interdit et organisent des open air clandestins. Ils connaissent leur premier gros succès en mai, le jour du déconfinement. « Ce jour-là, je venais de finir de monter le système son. J’appelle Dan et je lui dis : "Il fait beau, je viens de passer la semaine à taffer dessus, je veux qu’on aille le tester” », raconte Jay avec entrain. Au moment où d’importantes contraintes sanitaires restreignent les rassemblements publics, « les gens étaient très émus, raconte-t-il. Ils disaient : “Mais cela, normalement, je n’ai même pas le droit de le vivre”. »