Au Wetoo Festival, la vulve racontée aux ados

Pantin : Au Wetoo Festival, la vulve racontée aux ados

SANS TABOULe festival féministe accueille une « conférence gesticulée » - entre la conférence et le spectacle - d’Elise Thiébaut et Camille Tallet, autrices du livre « Au bonheur des vulves »
Aude Lorriaux

Aude Lorriaux

L'essentiel

  • La troisième édition du Wetoo Festival a lieu ce week-end, du 9 au 11 septembre, à Pantin.
  • Dans la programmation, un spectacle a pour mission d’expliquer la vulve aux adolescentes, ainsi qu’à leurs congénères masculins.
  • L’une des autrices, Elise Thiébaut, explique à « 20 Minutes » porter un « regard d’émerveillement » sur notre corps et souhaiterait casser le tabou autour de la vulve, une méconnaissance qui engendre des douleurs.

«Jusqu’à 35 ans je pensais que je faisais pipi par le clitoris, je n’avais pas conscience qu’il y avait un truc qui s’appelait l’urètre. » Par ces mots, la journaliste et autrice Elise Thiébaut résume tout ce qui l’a motivée à écrire sur la vulve, dans son livre Au bonheur des vulves, co-écrit avec la sage-femme Camille Tallet. Puis, à en faire un spectacle pour adolescents, présenté au festival féministe Wetoo, troisième édition, ce samedi 10 septembre.

Saviez-vous que la vulve possède différentes glandes, appelées glandes de Skene, pour les unes, et glandes de Bartholin, pour les autres ? Sauriez-vous placer le « vestibule » ? Ou plus simplement, l’urètre, l’orifice par lequel sort l’urine ? Il y a de fortes chances que non, et c’est pour cela que les deux comparses se sont attelé au sujet. « A cause de cette méconnaissance, les femmes vont vivre des douleurs, ou de l’inconfort dont elles n’oseront pas parler », explique Elise Thiébaut.

Des dessins de vulves dans les cavernes

La vaginose, par exemple, une infection vaginale, est « très facile à soigner », explique Elise Thiébaut. Mais par méconnaissance, et comme elle entraîne une odeur plus forte qu’habituellement, les personnes touchées vont avoir tendance à se laver plus qu’à l’habitude à cet endroit, voire à carrément se décaper la zone. Ce qui empire le problème, car cela tue la flore vaginale, qui est justement ce qui pourrait permettre de soigner la vaginose.

Faire reculer l’ignorance, donc, semblait indispensable, de même que redonner ses lettres de noblesse à un organe perçu comme honteux, à cause de l’intériorisation du sexisme. Or la vulve n’a pas toujours été perçue comme telle. « On trouve beaucoup de dessins de vulves avant le néolithique, plus que de dessins de pénis. La vulve est la base des premières croyances parce qu’elle donne la vie », raconte l’écrivaine.

Chasse au trésor

Le langage lui-même est plein de mots trompeurs. Elise Thiébaut préfère parler de « sécrétions » plutôt que de pertes blanches, qui ne sont d’ailleurs pas toujours blanches. L’idée de « pertes » donne l’image d’une substance inutile, or, explique Elise Thiébaut, « c’est quelque chose de magique qui a un impact positif sur notre santé. Ce sont des sécrétions utiles pour faire barrage aux infections et pour tout ce qui relève de la fertilité et du plaisir sexuel ».

Samedi, à la Cité fertile, Elise Thiébaut compte bien transmettre aux adolescentes présentes ce « regard d’émerveillement » sur notre corps, avec l’idée de découvrir des organes comme on part à la chasse au trésor. Les jeunes pourront adresser aux autrices des questions par SMS, questions anonymisées auxquelles les conférencières-comédiennes répondront avec humour et sérieux, et avec quelques objets en peluche. « C’est entre la conférence, l’atelier et le spectacle », résume l’autrice du best-seller Ceci est mon sang.

A noter que les adultes peuvent aussi assister à une deuxième conférence, plus tôt dans la journée, où l’on parlera de ménopause et de post-partum… Qui concernent moins les ados évidemment.