Les pyramides d'Evry sans colis

Les pyramides d'Evry sans colis

Société Les postiers ne montent plus dans les étages des immeubles
William Molinié

William Molinié

« Non livré temporairement. » Ce message est la seule explication, inscrite au tampon, sur l'avis de passage du facteur. Une situation « temporaire » qui commence à s'éterniser. Depuis deux ans, les habitants du quartier des Pyramides à Evry (Essonne) doivent se déplacer au Point d'information médiation multiservices (Pimms) pour retirer colis et lettres recommandées. Après plusieurs agressions et vols de colis, les postiers ne montent plus dans les étages des immeubles.

Vélo disparu, camionnette braquée
« C'est le 3e colis que je reçois en deux mois. L'agent n'a pas sonné pour savoir si j'étais là », assure Kathy, 25 ans, arrivée début décembre aux Pyramides où même, dit-elle, « les pompiers ne se déplacent pas sans les CRS ». D'après les facteurs, la situation n'est pas nouvelle. « On se fait régulièrement voler notre matériel. Le temps de monter dans les étages, de livrer, et soit le vélo a disparu, soit la camionnette s'est fait braquer », confie Joël, responsable syndical chez SUD dans le département. Sébastien, 30 ans, vit depuis 2002 aux Pyramides. Sa femme a eu une grossesse difficile. « Elle ne pouvait pas descendre. Et le postier a refusé de monter », regrette-t-il. La direction de La Poste assume le fait de ne pas distribuer les colis. « La sécurité de ce qu'il y a dans les colis n'est pas garantie », admet-on à la direction. Qui ajoute : « De temps à autre, on retente les livraisons, mais les vols recommencent. En revanche, pour les lettres recommandées, les facteurs ont toujours fait leur travail. » La ville assure avoir envoyé plusieurs lettres à la direction départementale de La Poste. En vain. « Ils se servent de l'argument de l'insécurité et l'exagèrent pour ne pas assurer leur mission de service public », fustige le chef de cabinet de Manuel Valls, maire (PS) d'Evry. Les habitants se sont résignés à retirer quotidiennement leurs colis au Pimms, ouvert en 2008. « Finalement, c'est surtout un problème pour les personnes âgées », conclut un animateur de la maison de quartier.