L'excellence a pris ses quartiers à Sourdun
SCOLARITE•Un internat, véritable labo éducatif, accueille depuis la rentrée 114 collégiens et lycéens issus des quartiers...Hélène Colau et Alexandre Sulzer
«Dépêchez-vous, vous n'avez que jusqu'au 14 avril pour renvoyer votre dossier.» Les parents d'élèves étaient venus nombreux, samedi à Sourdun (Seine-et-Marne), pour se renseigner sur l'internat d'excellence qui a ouvert ses portes à la rentrée dernière sur l'ancienne base militaire de cette commune rurale, aux confins de l'Ile-de-France.
Le concept? Permettre à des élèves de l'académie de Créteil (Seine-et-Marne, Seine-Saint-Denis et Val-de-Marne), qui présentent «une forte appétence scolaire» mais qui vivent dans des conditions familiales difficiles, de suivre une scolarité en internat. Ils ne rentrent dans leurs familles que le week-end. Ce sont ainsi 114 élèves de la 4e à la seconde qui profitent d'une pédagogie spécifique mêlant cours «classiques», jusque vers 16h, et activités culturelles et sportives. Et le choix proposé est large, de l'atelier d'écriture de romans à l'escrime, en passant par le club cuisine en espagnol. Un vrai laboratoire de l'Education nationale qui ne coûte aux parents que 600 à 3.000 € par an, selon le quotient familial.
«Le niveau des élèves s'est élevé»
«On peut d'ores et déjà dire que ça marche, se félicite Stéphane Lours, le proviseur adjoint. Les élèves s'expriment avec plus d'aisance.» Il y a bien eu trois exclusions en janvier – «n'oublions pas qu'on accueille des ados» –, mais la plupart des élèves sont fiers de faire partie de l'aventure. On le serait pour moins: outre les infrastructures exceptionnelles dont ils bénéficient (amphithéâtre de 300 places, centre équestre, partenariat avec l'Opéra de Paris), chaque classe développe un «projet phare» au cours de l'année.
En janvier, un groupe est parti à Pondichéry (Inde). D'autres s'envoleront étudier l'olympisme en Grèce, tandis que leurs camarades mettront le cap sur l'Angleterre pour s'instruire sur le pentathlon. Diane Delamarre, prof de français, témoigne: «Au début de l'année, certains élèves se planquaient aux toilettes le soir pour réviser ! Ils pensent qu'être ici, c'est la chance de leur vie et s'imposent une forte pression.» Ils ne sont pas les seuls. «Notre activité est regardée au plus haut niveau de l'Etat», confie Stéphane Lours. A la rentrée prochaine, deux nouveaux internats d'excellence ouvriront leurs portes dans la région, à Cachan (Val-de-Marne) et à Marly-le-Roi (Yvelines).