Canicule à Paris : « Autant de personnes meurent dans la rue en été qu’en hiver »
CANICULE•Le pic caniculaire, atteint dans la capitale mardi, met en danger les personnes sans domicile fixeMathilde Desgranges
L'essentiel
- Ce mardi, la capitale a atteint un pic caniculaire, avec une température qui dépasse les 40 degrés selon la station météo de Mont souris.
- Cette situation affecte particulièrement les personnes mal ou non logées, constamment soumises à la chaleur.
- En Ile-de-France, 100.000 personnes sans-abri sont concernées par cette situation.
Sans toit, ils sont vulnérables peu importe la saison. Mardi, un pic caniculaire a été atteint dans la plupart des régions de France, avec une température qui dépasse les 40 degrés selon la station météo de Montsouris. Et la situation affecte particulièrement les personnes mal ou non logées, constamment soumises à une chaleur extrême.
« Les sans-abri, qui passent leur journée devant un supermarché, s’y rendent, que ce soit au soleil ou pas, alerte Marion Patois, présidente de l’association « Dans ma rue ». Certains se mettent d’ailleurs en danger, comme les victimes d’alcoolisme, qui ont l’impression de s’hydrater en buvant de l’alcool alors qu’ils sont en extrême déshydratation. » En Ile-de-France, 100.000 personnes font appel quotidiennement aux dispositifs d’aide aux personnes sans-abri selon Lotfi Ouanezar, directeur adjoint général de l’association Emmaüs Solidarité. Ce dernier sollicite une attention particulière à leur égard. « Autant de personnes meurent dans la rue en été qu’en hiver », rappelle-t-il.
« On essaye de changer les choses »
Fini la distribution de cafés et repas chauds, l’association « Dans ma rue » troque ses habitudes pour de l’eau au sirop et des salades de saison. Une initiative qui n’est pas toujours bien accueillie. « On essaye de changer les choses, mais ce n’est pas toujours facile », confie sa présidente Marion Patois. A pied sous 40 degrés, les jeunes bénévoles peinent à transporter des bouteilles d’eau pour ravitailler la quarantaine de sans-abri qu’ils croisent à chaque maraude.
Pour éviter les grosses chaleurs, les bénévoles d’Emmaüs réalisent leur travail de terrain tôt le matin ou tard le soir. « C’est important de continuer à aller vers ces personnes vulnérables, affirme le directeur adjoint général de l’association. Certaines présentent des problèmes de santé ou d’addiction mais ne demandent pas d’aide. » Les bénévoles se chargent de les orienter vers des centres d’accueil ou des fontaines.
Dimanche, la Ville de Paris a activé le niveau 3 de son plan canicule. « Cela implique que certaines dispositions légales doivent être prises », explique Léa Filoche, adjointe en charge des Solidarités. Désormais, les structures d’accueil ouvrent plus tôt, ferment plus tard, restent ouvertes sur la pause méridienne, et tous bains-douches de la capitale sont accessibles de 7h30 à 20 heures. La Ville ouvre aussi deux salles de rafraîchissement, inspirées de celles créées par les personnes âgées après l’importante canicule de 2003.
« Ces mesures ne suffisent pas »
« Mais ces mesures ne suffisent pas, estime l’élue. La situation est encore plus tendue qu’avant. » En été, « moins de personnes se libèrent du temps pour faire du bénévolat, donc il y a moins d’actions sociales », complète Marion Patois. Une situation d’autant plus inquiétante que le dispositif mis en place par la mairie, et cofinancé par l’Etat, n’est déployé que lorsque le niveau 3 du plan canicule est atteint. « Normalement, cela devrait prendre fin dans 2 ou 3 jours », détaille Léa Filoche.
L’adjointe regrette que le dispositif ne soit pas étendu dans le temps. « Lutter contre les exclusions doit se faire 365 jours par an, fait écho le directeur général adjoint d’Emmaüs Solidarité. L’attention politique et médiatique ne doit pas se concentrer sur la lutte contre les exclusions en hiver ou pendant les canicules. » L’année dernière, le Collectif Les Morts de la rue a recensé 623 décès de personnes sans-abri.