EDUCATIONQu’est-ce que les « Haka Games » pour redonner confiance aux étudiants ?

Qu’est-ce que les « Haka Games » organisés par une école pour redonner confiance à ses étudiants ?

EDUCATIONMercredi, le théâtre Apollo, à Paris, accueillait les Haka Games, l’un des jeux organisés par l’Ecole des Nouveaux Mondes pour ses étudiants. Au programme : prise de parole en public pour redonner à ses étudiants estime et confiance en soi
Marin Daniel-Thézard

Marin Daniel-Thézard

L'essentiel

  • L’Ecole des Nouveaux Mondes de Montreuil est une prépa d’apprentissage pour les jeunes éloignés de l’emploi. Elle met en place les « Haka Games », des jeux pour améliorer les compétences de ses élèves en entreprise.
  • Stéphane Labelle dirige cette édition, avec pour objectif de redonner à ses étudiants estime et confiance en soi.
  • A terme, l’Ecole des Nouveaux Mondes souhaite trouver pour ses apprentis l’emploi qui leur convient le mieux.

Un tonnerre d’applaudissements pour Sanya, ministre de la Condition féminine, qui descend de l’estrade. Ce spectacle, l’Apollo Théâtre, dans le 11e arrondissement de Paris, n’y est pas habitué. Ce mercredi, l’Ecole des Nouveaux Mondes organisait les Haka Games, un concours d’éloquence reproduisant un thème d’actualité : la présentation des ministres et de leur programme. Chaque étudiant devait choisir un portefeuille, son programme, et le présenter sur scène. Un cours pas comme les autres, devenu la marque de fabrique de cette prépa en apprentissage située à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

Créée en 2021, l’Ecole des Nouveau Mondes reçoit cette année sa première promotion. « On est les crash test », s’amuse d’ailleurs l’une des inscrits. La prépa accueille des jeunes en échec scolaire, sortis du système éducatif, en situation de handicap ou simplement éloignés de l’emploi. « Notre objectif est clair, c’est l’emploi », affirme le président de l’école, Olivier Boisson de Chazournes. Pour atteindre ce but, la prépa repose sur certains piliers : un accompagnement vers un projet professionnel, l’employabilité par un travail sur le savoir être ou l’orthographe, mais surtout la prise de confiance en soi. « Il n’y en a pas un qui n’est pas cabossé », confie le président.

Une histoire de confiance

Stéphane Labelle est metteur en scène et formateur en soft-skills (compétences complémentaires comme le relationnel ou la communication). « Tu penses que tu n’es pas prêt, moi je sais que tu l’es », lance-t-il à un étudiant réticent à monter sur l’estrade. Le metteur en scène ne ménage pas ses acteurs : il les pousse, les corrige, les encourage à donner le meilleur d’eux-mêmes. Loin d’être bloqués par son autorité, ces jeunes de Seine-Saint-Denis, certains sortants de prison, « lui font confiance, parce qu’ils ont compris ce qu’il voulait faire », assure Olivier Boisson de Chazournes.

Le formateur s’assume dans un rôle de « grand frère », pour donner à ses élèves les deux qualités qu’il estime primordiales dans le monde professionnel : l’estime de soi, et la confiance en soi. « Si un grand chirurgien doute de lui en pleine opération, il passe la main », affirme-t-il, montrant que peu importent ses qualités, un professionnel doit se faire confiance. Et ça marche ! Stéphane Labelle écoute les retours des recruteurs qui assez unanimement ne reconnaissent plus la personne en face d’eux. « Le théâtre est un levier extraordinaire », avoue-t-il.

Olivier Boisson de Chazournes veut aussi redonner à ses étudiants la capacité de faire confiance aux autres. Pour cela, c’est simple : il faut honorer ses engagements. « Leur parcours est criblé de promesses non tenues », ajoute le président.

« Les formateurs s’adaptent aux étudiants, pas l’inverse »

Anna, étudiante à l'Ecole des Nouveaux Mondes
Anna, étudiante à l'Ecole des Nouveaux Mondes - Marin Daniel-Thézard

Anna, qui a accepté de sortir de son rôle de ministre de la Répartition des richesses, dit adorer ce Haka Game. Elle qui n’a pas encore trouvé sa voie, considère même l’idée de s’inscrire à un cours de théâtre. Pour l’étudiante, « moins on sait ce qu’on veut faire de sa vie, plus on a sa place dans les Haka Games ». Preuve que tous les profils sont accueillis à l’Ecole des Nouveaux Mondes, Sanya sait « très bien » ce qu’elle veut « faire de sa vie », et indique vouloir développer un réseau social.

Les deux jeunes femmes certifient qu’elles ne pouvaient pas rêver de meilleure école. Selon Sanya, c’est parce que « les formateurs s’adaptent aux étudiants, pas l’inverse. » Pour cela, ils se doivent de connaître leurs élèves. Par des activités comme le théâtre, mais aussi le slam ou l’organisation d’un Squid Game, les apprentis révèlent leur personnalité. Cette « mise à nu », selon les mots de Stéphane Labelle, permet aux formateurs de les orienter efficacement, et de trouver pour eux le meilleur stage de fin d’année possible.