Paris : Grève dans les piscines municipales du 1er juillet au 31 août
MOBILISATION•Les agents et agentes de la ville de Paris dénoncent l'augmentation du temps de travail qui leur a été imposée par la ville de Paris, elle-même contrainte par l’Etat
A.L.
L'essentiel
- La CGT a déposé un préavis de grève dans les piscines parisiennes qui court du 1er juillet au 31 août.
- Les agents et agentes de la ville de Paris dénoncent l'augmentation du temps de travail qui leur a été imposée par la ville de Paris, elle-même contrainte par l’Etat, et la loi du 6 août 2019.
- La ville a bien procédé à quelques aménagements pour réduire l’impact de la décision, mais ces aménagements sont jugés insuffisants par la CGT.
Les Parisiens et Parisiennes qui voudraient se rafraîchir les gambettes à la piscine cet été risquent fort bien de trouver porte close. Et cela, en raison d’un préavis de grève de la CGT qui court du 1er juillet au 31 août, prolongeant une grève qui dure depuis le mois de février. Seront aussi affectés les espaces de baignade de Paris plage et les stades.
Les agents et agentes municipaux dénoncent l'augmentation du temps de travail qui leur a été imposée par la Ville de Paris, elle-même contrainte par l’Etat et la loi du 6 août 2019. Cette loi oblige les fonctionnaires de la ville à travailler 35 heures par semaine annualisées, alors qu’ils bénéficiaient jusque-là d’une rédaction du temps de travail supplémentaire grâce à ce que l’on a appelé les « jours du maire », comme dans d’autres villes. S’agissant des maîtres nageurs, le total de leurs heures s’élevait à 1.462 heures avant l’entrée en vigueur de la loi de transformation de la fonction publique, en raison de la pénibilité de leur métier. Ils avaient alors 33 jours de congé annuels ainsi que 61 journées de RTT intégrées au cycle de travail. La loi a réduit ce nombre à 25 jours de congé annuels sans changer les 61 jours de RTT, soit une perte de huit jours de congé.
11 minutes de plus par jour
Pour effacer l’impact de la loi sur son personnel, la mairie a d’abord essayé d’augmenter les RTT pour compenser le temps de travail perdu, arguant de circonstances spécifiques de la vie à Paris, c’est ce qu’on a appelé la sujétion « ville-capitale ». Mais la justice a invalidé sa proposition, lui demandant de revoir sa copie.
La nouvelle proposition de la mairie augmente bien le temps de travail annuel, mais préserve quasi intégralement les jours de congé. La ville a trouvé par le biais des textes juridiques le moyen d’octroyer à ses employés et employées deux jours de congé « de fractionnement », pourvu qu’ils et elles ne prennent pas tous leurs congés en été. S’ajoutent à ces deux jours 5,5 journées de RTT, à condition que le personnel accepte de travailler 11 minutes de plus par jour, de manière à générer ces RTT. Le total des heures travaillées pour le personnel des piscines s’élève alors à 1492 heures par an, ou 1.505 heures si les agents et agentes tiennent absolument à poser tous leurs congés l’été, soit 30 à 43 heures de plus par an, avec 32,5 jours de congé au lieu de 33.
Pénibilité particulière
Ces aménagements ont été jugés insuffisants par la CGT EVSPC, qui a lancé un appel à la grève dès février. « Ces arrangements ne nous conviennent pas parce que c’est quand même du travail supplémentaire », explique à 20 Minutes Voussad Challal, maître nageur de la Ville de Paris et secrétaire à la communication du syndicat CGT EVSPC (la filière Espaces verts, sports, prévention et cimetières de la CGT Ville de Paris).
Le responsable CGT estime que la mairie aurait pu mieux faire, notamment en augmentant l’indice de pénibilité du personnel des piscines, qui a un planning avec une ample amplitude horaire (de 6h30 à 22h30) et des bureaux en souterrain. Actuellement, les maîtres-nageurs bénéficient d’une sujétion de niveau 4, au même niveau que les éboueurs ou policiers municipaux, sur une grille qui compte sept niveaux. Les égoutiers sont au niveau 7 et la CGT EVSPC aimerait bien que les maîtres nageurs et maîtres nageuses soient dotées du même indice de pénibilité.
Prime
« On va devoir travailler au total 43 heures de plus cette année. En sachant qu’on a des salaires plus bas que jamais. On considère que la Ville de Paris aurait pu aller plus loin et compenser plus. Dans d’autres villes, certains maires ont donné des primes, comme à Marseille, où les éboueurs ont eu 80 euros par mois », avance Voussad Challal.
Contacté par 20 Minutes, l’adjoint aux sports, Pierre Rabadan, affirme n’avoir jamais entendu parler de prime dans les revendications émises durant les réunions de négociations et regrette la grève durant la canicule, qu’il juge pas « précautionneuse » pour les usagers.
Entre 10 et 15 piscines touchées depuis février
Concrètement, depuis février, seuls les créneaux du matin, de 7 heures à 8 heures, étaient concernés par la grève, ainsi que les week-ends, le syndicat ayant appelé à ne pas impacter les scolaires du fait des retards accumulés pendant le confinement. Sur les 25 piscines gérées par la ville, entre 10 et 15 sont ainsi fermées tous les jours le matin, et depuis la canicule, en moyenne 15 sont également fermées le week-end, a dénombré le syndicat.
Quelle va être la conséquence de cette grève sur les piscines cet été ? L’appel lancé ouvre cette fois la porte à des fermetures plus larges. Mais la mairie avance les discussions et espère mettre fin à la grève cette semaine. Selon nos informations, au moins un syndicat l’a déjà levée, l’UNSA, lundi 27 juin.