DRAMELa mort d'un ouvrier sur le chantier du Grand Paris Express interroge

Grand Paris Express : La mort d’un ouvrier relance le débat sur la sécurité

DRAMEC’est le deuxième décès en un peu plus d’un an sur le chantier du Grand Paris Express
Guillaume Novello

Guillaume Novello

L'essentiel

  • Mercredi, un ouvrier sexagénaire a été tué par la chute d’une plaque de 200 kg sur le chantier de la future gare Saint-Denis-Pleyel.
  • Une enquête a été ouverte pour « homicide involontaire » et doit faire la lumière sur les différentes responsabilités engagées par ce drame.
  • Si la Société du Grand Paris assure faire de la sécurité la première de ses priorités, la CGT 93 « craint d’autres drames ».

«Plus jamais ça », réclame un communiqué de la CGT 93, après la mort mercredi dernier d'un ouvrier sur le chantier​ de la future station de métro Saint-Denis-Pleyel. Le syndicat dénonce « des cadences infernales, désormais même le dimanche, et un contexte qui font craindre d’autres accidents aussi insupportables ».

Cet accident mortel est en effet le deuxième en un peu plus d’un an sur le chantier du Grand Paris Express après la mort d’Abdoulaye Soumahoro, 41 ans, tombé dans un malaxeur à béton le 22 décembre 2020. Cette fois, la victime, née en 1961, était semble-t-il en train de nettoyer la zone lorsqu’elle a reçu sur le crâne une plaque en acier d’environ 200 kg tombée de l’étage supérieur à environ 7 mètres de hauteur, indique une source judiciaire auprès de 20 Minutes. Cette dernière ajoute qu’une enquête pour des faits d’homicide involontaire a été ouverte et que les investigations ont été confiées au commissariat de Saint-Denis.

Des responsabilités à départager

Le salarié, probablement intérimaire, selon cette source judiciaire, était employé par Eiffage, qui avait également embauché Abdoulaye Soumahoro en CDI de chantier. Le groupe de construction se dit « extrêmement affecté par le décès de l’un de ses compagnons et se tient aux côtés de la famille ». Néanmoins, d’après Le Parisien, la plaque serait tombée d’un endroit où œuvrait une entreprise sous-traitante. Plusieurs sociétés et sous-traitants étant présents sur ce chantier, il s’agira de déterminer les responsabilités de chacune des zones, précise la source judiciaire. « Structurellement, les géants du BTP ont une façon d’organiser les choses avec la sous-traitance en cascade qui est accidentogène », dénonce Kamel Brahmi, secrétaire général de la CGT 93.

De son côté, la Société du Grand Paris (SGP) assure qu’à la suite de cet accident « de nouvelles consignes ont immédiatement été diffusées pour alerter l’ensemble des intervenants concernant la fixation et la dimension des plaques obstruant les trémies (vide au niveau d’un plancher permettant de descendre du matériel) ». De façon plus générale, la SGP a « fait de la sécurité la première priorité de toutes les actions en lien avec le Grand Paris Express ». Elle a ainsi fait intégrer aux contrats de prestation une charte « sécurité des chantiers ». « Allant au-delà des obligations légales, cette charte intègre des recommandations des organismes référents du domaine de travaux concerné », précise la SGP. De même, Eiffage assure que « la sécurité sur l’ensemble de nos chantiers est une priorité, à tous les niveaux de l’entreprise ».

La pression des délais

Mais Kamel Brahmi « craint d’autres drames », en raison des délais contraints de livraison du chantier. « Plus on approche de l’échéance des JO, plus la pression augmente sur les épaules des ouvriers », affirme-t-il. Ce sur quoi la SGP se défend : « En aucun cas, la sécurité […] n’est une variable d’ajustement pour la tenue des objectifs de calendrier. » Elle cite notamment l’arrêt de tous les chantiers au début du premier confinement « pour privilégier la sécurité ».

Alors que la SGP ignore encore quand les travaux pourront reprendre, Kamel Brahmi réclame une meilleure prise en compte par les sociétés du BTP de l’expérience des ouvriers sur les questions de sécurité. Il demande également que les inspecteurs du travail de Seine-Saint-Denis puissent accéder aux chantiers, accès actuellement réservé à un pôle spécifique de l’inspection du travail mais « dépourvu de moyens humains ». S’il concède qu’il y a « forcément plus de risques dans le BTP », pour lui, « on ne doit pas mourir au travail ».