Ségur de la santé : 2,4 milliards d’euros vont être investis en Île-de-France
CHEQUE XXL•Les investissements du Ségur de la santé pour la région Ile-de-France sont prévus pour les 10 prochaines années
Romarik Le Dourneuf
L'essentiel
- Les trois axes principaux d’investissement de l’agence régionale de la santé pour les 10 prochaines années sont la santé mentale, le vieillissement de la population et la perte d’autonomie des personnes âgées.
- L’ARS veut également développer l’offre de logement pour rendre la région plus attractive pour les personnels de santé.
«Nous n’avons pas eu autant de visibilité depuis la période 2007-2012. » A l’annonce du nouveau plan d’investissement du Ségur de la santé d’Île-de-France, Amélie Verdier, directrice générale de l’agence régionale de la santé (ARS) ne cache pas son enthousiasme. En tout, ce sont 2,4 milliards d’euros qui devraient être investis sur les dix prochaines années en Ile-de-France.
Après un premier diagnostic établi en juillet dernier avec les acteurs de la santé de la région, trois priorités sont ressorties : la santé mentale, la préparation de la société au vieillissement et la perte d’autonomie.
Presque tous les projets sur la santé mentale retenus
Ainsi, la psychiatrie et la santé mentale, des enjeux qui se sont renforcés avec la crise du Covid-19, ont fait l’objet d’une attention particulière selon l’ARS. 310 millions d’euros y seront consacrés. Des fonds principalement orientés vers 36 établissements dont la psychiatrie est le sujet, mais aussi vers d’autres dont elle est un volet dans une offre plus globale de soins. Parmi toutes les propositions faites par les établissements de la région, « c’est le seul domaine sur lequel l’agence a essayé de retenir tous les projets », a expliqué Amélie Verdier.
Pour faire face au vieillissement de la population et au développement des maladies chroniques, l’ARS Île-de-France veut éviter « les ruptures de parcours en santé ». Elle espère donc par ses investissements faciliter la création et la rénovation de structures et d’hôpitaux de proximité et plus axés sur l’ambulatoire. Elle voudra aussi apporter un soutien aux professionnels de santé libéraux en les aidant à s’équiper pour l’échange des données dématérialisées et renforcer les filières gériatriques.
Seine-Saint-Denis et Val-d’Oise particulièrement scrutés
Le vieillissement de la population entraîne indubitablement la question de la perte d’autonomie. Si la population de l’Île-de-France est plus jeune que la moyenne nationale, son taux d’équipement en Ehpad est inférieur. Les investissements devraient donc servir à conforter les places existantes et à orienter une partie de l’accompagnement vers le soutien à domicile des personnes âgées. La modernisation et l’humanisation des Ehpad sera aussi concernées par ces investissements selon Amélie Verdier : « Beaucoup de personnes sont toujours en chambre double et toutes les chambres ne disposent pas de propres sanitaires. » En tout 107 millions d’euros devraient être alloués à cet axe d’investissement.
Si l’ARS insiste sur la dimension régionale du plan, une attention particulière sera portée aux départements de la Seine-Saint-Denis et au Val-d’Oise. « La Seine-Saint-Denis est un territoire très dense, plus jeune que la moyenne nationale et très concernée par des indicateurs d’inégalités très forts, comme l’a confirmé la crise sanitaire », explique Amélie Verdier. La directrice de l’ARS a donc annoncé un investissement sur le GHU avec un projet de renforcement de l’hôpital Avicenne, à Bobigny, comme hôpital de référence avec une offre de soins complète, pendant que l’hôpital Jean-Verdier de Bondy développera un projet plus basé sur des soins en ambulatoire. Le Val-d’Oise présente une particularité différente du fait de la maturité très variable des projets présentés, et de la spécificité du département qui mélange une offre très disparate entre la partie rurale et la partie plus urbaine qui la composent.
Autre point mis en avant par l’ARS, le logement. Afin de rendre la région plus attractive pour les personnels soignants, Amélie Verdier veut investir pour proposer des solutions aux infirmiers et jeunes internes qui n’arrivent pas à se loger à proximité de leur établissement et qui mettent des heures pour se rendre à leur poste. « Il n’est pas question de faire du foncier, nous voulons juste inciter les personnels à venir en Île-de-France. »