Paris : Quand l’ancien ministère de la Défense devient des logements sociaux
RELOOOKING EXTREME•L’ancien ministère de la Défense, situé dans le 7e arrondissement de Paris, doit être transformé en 254 logements sociaux d’ici le printemps 2023Mathilde Desgranges
L'essentiel
- L’ancien ministère de la Défense, situé rue Saint-Dominique, au sein de l’îlot Saint-Germain, va accueillir 254 logements sociaux, une crèche, un gymnase et un espace vert.
- Les travaux sont en cours. Les logements doivent être prêts pour le printemps 2023.
- Cette opération de création de logements sociaux est « la deuxième plus grosse opération de la mairie, après celle de la caserne de Reuilly [12e arrondissement] ».
Connu pour ses prix exorbitants au m2 ou à la location, le 7e arrondissement de Paris va accueillir au 10, rue Saint-Dominique 254 logements sociaux ! Et ce, dans l’ancien ministère de la Défense. Racheté à prix d’or grâce à la « décote Duflot », le bâtiment après transformation comptera également une crèche, un gymnase et un espace vert.
Alors, un logement 22 m2 pour 144 euros par mois dans ce quartier chic, ça ressemble à quoi ? A en croire l’appartement témoin présenté par la mairie de Paris, mercredi, c’est une habitation refait à neuf aux murs blancs et aux dalles grises avec deux grandes portes vitrées qui s’ouvrent sur un balcon. Dans une pièce à part, on trouve un coin cuisine et une salle de bain.
Le bâtiment est encore en travaux et n’accueillera des locataires qu’à partir du printemps 2023. Mais les plans de la mairie aident à se l’imaginer. Dans la cour intérieure, presque à hauteur de ce balcon du premier étage, il y aura un grand espace vert. En prenant l’ascenseur, les locataires accéderont au toit de l’immeuble, également aménagé en espace vert, pour contempler une vue imprenable sur la tour Eiffel, d’un côté, et sur Montmartre de l’autre.
« Cela ne va pas va permettre de garder des familles »
Si le projet vend du rêve, il ne fait pourtant pas l’unanimité. « La Ville de Paris fait de la politique du chiffre », dénonce Emmanuelle Dauvergne, adjointe de Rachida Dati, maire du 7e, arguant que la ville « annonce beaucoup de logements sociaux » mais que cela « ne répond pas aux attentes des Parisiens ». L’élue se désole que 80 % des futurs logements seront de petites surfaces, de type T1 ou T2. « Ce n’est pas cela qui va permettre de garder des familles », justifie-t-elle.
Ils ne sont pourtant pas le fruit d’une volonté politique mais bien d’« une contrainte due à la structure du bâtiment », explique le directeur de la construction Daniel Schneider. En transformant d’anciens bureaux en logements, il a fallu conserver le couloir central ce qui ne permet pas de créer des logements familiaux dans une des ailes du bâtiment. « On a ajouté un nouvel escalier et des balcons pour donner plus de domesticité au bâtiment », se félicite-t-il.
Cette opération, « la deuxième plus grosse opération qu’on ait faite après celle de l’ancienne caserne de Reuilly [12e arrondissement] », selon l’adjoint chargé du logement, Ian Brossat, est un moyen pour la ville de rééquilibrer la répartition de ses logements sociaux entre les arrondissements. Ainsi le 7e n’en compte actuellement que 4 %. Là son quota va considérablement augmenter.
« Une opportunité qu’on n’a pas tous les matins »
Cela s’inscrit dans la politique d’Anne Hidalgo de rapprocher la capitale des 25 % de logements sociaux que toute ville française est censée respecter (loi SRU). La transformation de l’ancien ministère est donc « une opportunité qu’on n’a pas tous les matins » , se réjouit Ian Brossat. « Les seules opportunités foncières qu’on a dans Paris, c’est au niveau des friches SNCF, dans des quartiers qui sont déjà dotés en logements sociaux, explique l’adjoint. C’est difficile de continuer à construire des logements sans créer de ghetto. »
Sous le premier mandat de l’élue socialiste, le nombre de logements sociaux à Paris a ainsi augmenté de 63 %, entre 2014 et 2020, d’après la mairie. Le dernier rapport de la fondation Abbé-Pierre datant de 2020 annonce une progression du nombre de logements sociaux à Paris : 14 % en 2002 contre 22 % en 2019.