Paris : « Traqués comme des criminels »… Nos lecteurs racontent les difficultés d’avoir un animal dans la capitale
VOTRE VIE, VOTRE AVIS•Selon un sondage, les difficultés d’avoir un animal de compagnie seraient plus grandes en agglomération parisienne qu’ailleurs en France. Pour les connaître, 20 Minutes a interrogé ses lecteursRomarik Le Dourneuf
L'essentiel
- Un sondage OpinionWay pour Mars Petcare montre que les habitants de l’agglomération parisienne ne sont que 43 % à vivre avec un animal de compagnie, contre 59 % en moyenne dans le reste de la France.
- Pour comprendre les raisons de ce chiffre, 20 Minutes a interrogé ses lecteurs sur les difficultés d’avoir un animal de compagnie à Paris et sa région.
- Les difficultés rapportées évoquent principalement les chiens qui manquent d’espace à l’intérieur comme à l’extérieur, l’inaccessibilité des transports en commun et le comportement des Parisiens avec les animaux et leurs propriétaires.
Paris traite-t-elle comme un chien les animaux de compagnie ? Si les rues de la ville sont arpentées par de nombreux toutous, arborant ici un bijou en pendentif, là une doudoune sur-mesure, il semblerait que nos chers compagnons à quatre pattes ne connaissent pas tous la vie idyllique que l’on pourrait imaginer. Sinon comment expliquer que les habitants de l’agglomération parisienne sont moins nombreux à posséder un animal de compagnie que le reste de la France ? Selon un sondage de Mars Petcare – entreprise agroalimentaire commercialisant de nombreuses marques pour animaux de compagnie – réalisée pour OpinionWay, ils ne sont que 43 % à vivre avec un animal de compagnie, contre 59 % en moyenne dans le reste de la France. Ils ne sont même que 37 % à posséder un chien ou un chat (contre 51 % au niveau national). Si le sondage met en avant le manque d’espace ou les relations avec le voisinage, 20 Minutes a interrogé ses lecteurs pour mieux comprendre les freins à l’adoption d’un animal à Paris et en région parisienne. Ils témoignent.
Deux éléments ressortent des commentaires de nos lecteurs. Le premier, c’est qu’avoir un chat, un lapin, un rat ou une tortue ne pose pas de réel souci. Hormis le manque d’espace, les contraintes ne sont pas si différentes qu’ailleurs. Le second point à ressortir de notre enquête non exhaustive est lui bien plus parlant : Paris n’est pas adapté aux chiens. « C’est très difficile d’en avoir un et de garantir son épanouissement », confirme Elias. Pour lui et beaucoup de nos lecteurs, la Ville Lumière ne brille pas par son accueil. Le coût et l’offre de logement amènent beaucoup d’habitants à vivre dans des appartements trop exigus pour un chien, même de petite taille. Judith qui a grandi entourée de chiens, a renoncé à en adopter un à son arrivée dans la capitale : « C’est trop compliqué, on manque de place ici. Même mon chat, j’ai attendu d’avoir un deux-pièces pour l’adopter. » Alexandre se retrouve dans la même situation et attend de « quitter Paris pour adopter un chien de grande taille. » La taille des logements pourrait être compensée par un extérieur, mais là encore, c’est trop rare pour Willow qui ne peut craquer « sans jardin, ni terrasse ».
Les propriétaires peuvent toujours se rabattre sur les caniparcs qui se trouvent un peu partout dans la capitale. Malheureusement ceux-ci s’avèrent insuffisants et insatisfaisants pour nos lecteurs, comme Marion qui peine à en trouver un à proximité. Magali, habitante du 3e arrondissement, a la chance d’en avoir un juste à côté de chez elle, au croisement de la rue du Temple et de la rue des Haudriettes. Mais celui-ci est sale, selon elle, et les portes ne ferment pas correctement. Pour Mathieu, venu de province avec son chien, la déception est la même, le parc pour chien qu’il fréquente a « un sol avec des dalles en béton » inadapté aux canidés. En plus d’en voir trop peu, tous s’accordent pour dire que les espaces canins de la capitale sont trop petits pour laisser libre cours à l’énergie des animaux : « Ils sont inadaptés aux besoins fondamentaux. Ils ont besoin de courir, de creuser, de nager », explique Mehdi.
Difficile de prendre les transports
Il existe bien les nombreux parcs et jardins de la capitale ou les chiens pourraient se défouler. Mais là encore… c’est raté. D’abord parce que tous n’autorisent pas l’entrée à nos amis à quatre pattes, et dans les autres, la laisse est de mise… Comme dans le reste de la ville. « Les tenir en laisse, c’est tellement triste pour eux », regrette Catherine. Francesca est du même avis et milite pour plus de libertés dans les espaces verts : « Courir et jouer fait partie de leur bien-être. Tous les professionnels le savent. Mais on est traqué comme des criminels. » Certains propriétaires tentent de trouver des solutions sans succès pour le moment, c’est le cas dans le 13e arrondissement où une association du quartier des Gobelins propose des espaces sans jeux d’enfant et avec des horaires dédiés aux chiens.
Les déplacements en ville posent aussi problème pour 48 % des possesseurs d’un animal de compagnie en agglomération parisienne, contre seulement 36 % pour le reste de la France. C’est aussi un point relevé par nos lecteurs. D’abord parce que beaucoup de Parisiens ne possèdent « pas de véhicule, ni le permis de conduire », selon Willow. Il est possible de prendre les transports en commun dans l’agglomération parisienne, mais sous certaines conditions. Le site de la ville de Paris indique que « les chiens de petite taille enfermés dans des sacs ou paniers ainsi que les chiens guides ou d’assistance sont autorisés à voyager gratuitement dans les transports en commun ». Une règle que ne connaissent pas certains chauffeurs de bus d’après Catherine qui avance s’être vu refuser l’entrée à plusieurs reprises avec son chien à l’intérieur d’un sac. Depuis 2016, les chiens de grande taille sont également acceptés dans les métros et les RER à condition d’être tenus en laisse et muselés, et de payer un ticket de transport à tarif réduit. Les bus leur sont, en revanche interdits, au grand regret de Jérémy qui ne peut pas « faire entrer son chien de 20 kg dans un sac ».
Les Parisiens ont peur des chiens
L’autre difficulté liée aux transports se trouve dans l’amplitude horaire importante que représente une journée de travail. C’est un frein pour 23 % des personnes interrogées par OpinionWay. En Île-de-France, avec les temps de transport importants, les journées sont longues, surtout pour les animaux qui pourraient rester seuls toute la journée. Si le confinement permet à certains de palier à cette absence, cela reste rédhibitoire pour Nawel. D’autant que sa hiérarchie n’admettrait pas qu’elle puisse s’absenter « pour une urgence vétérinaire ». Heureusement, d’autres ont trouvé la parade comme Agathe qui a profité d’un repas de Noël pour discuter du problème avec ses patrons qui ont fini par accepter qu’elle « emmène le chien au bureau ». Sébastien, agent à la mairie de Levallois, bénéficie des mêmes largesses puisque son employeur lui permet « dans la limite du respectable » de prendre avec lui son fidèle compagnon.
La dernière difficulté pour avoir un animal de compagnie en agglomération parisienne est… les Parisiens. Pour beaucoup, les habitants de la capitale rendent la ville hostile aux chiens notamment. La circulation intense et la conduite de certains peuvent être dangereuses pour les chiens en laisse selon Yannick : « Entre les vélos, les trottinettes sur les trottoirs et les voitures qui ne respectent pas les feux rouges, je dois être en alerte non-stop lors des sorties. » Maud ajoute sa peur des « sorties de parking violentes et les passages piétons non respectés » par les véhicules. Mais ces derniers ne sont pas les seuls mis en cause par nos lecteurs. Laurence s’étonne de voir la peur des Parisiens à la vue d’un chien, regrettant les écarts, regards noirs et remarques sur son passage, « même quand ils sont tenus en laisse ». Pour Marion, les habitants de la capitale manquent de sensibilisation au sujet des chiens : « Ils ne savent pas comment se comporter en leur présence, ne connaissent pas les comportements à éviter pour s’assurer d’être tranquille. »