La « course contre la montre » des travaux de la ligne 6 à Paris

Paris : La « course contre la montre » des travaux de la ligne 6

REPORTAGECes travaux d’aménagement et de rénovation visent à maintenir la sécurité sur les voies entre les stations Passy et Pasteur de la ligne 6, avant une remise en circulation le 28 août à Paris
La « course contre-la-montre » des travaux de la ligne 6 à Paris
Maÿlis Dudouet

Maÿlis Dudouet

L'essentiel

  • Cet été, la ligne 6 est coupée pour une troisième phase de travaux.
  • Un bus de substitution a été mis en place entre les stations Montparnasse-Bienvenüe et Trocadéro jusqu’au 27 août.
  • Les voies ont été enlevées sur près de 2 km. L’étanchéité des ouvrages, la rénovation des maçonneries et des parties métalliques sont entreprises notamment.

Un chantier en lévitation. À plus de cinq mètres de hauteur, sur les voies aériennes de la ligne 6, près de 200 soudeurs, maçons et métalliers s’affairent jour et nuit pour en raviver l’éclat. Les travaux d’été du métro parisien ont pour objectif de moderniser le viaduc du secteur ouest de la ligne. Vieille de 118 ans, cette parcelle de pont aérien relie notamment les 15e et 16e arrondissements de Paris. Le bruit est un premier indice : les crépitements de soudage laissent place aux cliquetis des riveteurs, à quelques centaines de mètres les vrombissements des sableurs sont dissimulés derrière des toiles blanches.

La RATP espère ainsi adapter aux nouvelles rames, plus larges, les 2,6 km de double voie reliant les 13 stations situées entre Pasteur et Passy. Le coût de ces travaux est estimé à près de 44 millions d’euros. Dernière étape d’un chantier réparti sur trois étés (2014, 2019 et 2021), la rénovation du viaduc prévoit notamment de remplacer le revêtement d’étanchéité afin d’empêcher toute infiltration.

Petites mains et gros engins se relaient sur trois zones

« Tout est optimisé à la minute », explique Joël Pierre, chargé d’études Génie civil, affecté à la préparation du chantier. « Pour positionner une grue d’une tonne, nous avons été obligés d’abattre des arbres pour acheminer le matériel. » Le prix à payer pour ce chantier effectif 24 heures sur 24. Car l’ennemi principal de la RATP, de son partenaire Ile-de-France Mobilités et des entreprises sous-traitantes, c’est le temps. Dans tous les sens du terme. Pour Jean-Louis Houpert, directeur logistique du groupe RATP, c’est une véritable « course contre-la-montre » afin de renforcer une ligne où le trafic « ne fait que s’intensifier ». Commencés le 26 juin, les travaux sont voués à s’arrêter le 28 août « au matin » pour une remise en circulation.

L’autre ennemi est la météo. « On préfère largement la chaleur aux fortes pluies, qui, elles, impactent les soudures et les poses de câblages électriques », détaille Jean-Marie Cauet, responsable de l’exécution des travaux. Sur le terrain, petites mains et gros engins se relaient sur trois zones, suivant les compétences. Après le retrait du ballast, les voies ont été ôtées afin d’étanchéifier les ouvrages, à côté il faut rénover les maçonneries et les parties métalliques, quand ce n’est pas la peinture anticorrosion, d’une durée de vie de 18 ans, qui est à refaire.

Des travaux qui « se parlent »

Pour parer à cet arrêt brutal des services, un bus de substitution a été mis en place entre les stations Montparnasse-Bienvenüe et Trocadéro. Quant aux nuisances sonores, l’entreprise de transport le soutient : les travaux bruyants sont restreints aux heures diurnes, de 8 heures à 19 heures, avec une interruption le midi. Seule exception, le « secteur Passy », près du pont Bir-Hakeim, dont la proximité immédiate avec les fenêtres des riverains entraîne un rallongement du temps de pause.

Mais la rénovation du tronçon de la ligne 6 est loin d’être le seul défi de la RATP. « Nos travaux se parlent », explique Jean-Louis Houpert. Sur la période estivale, où le trafic est moins dense, d’autres lignes de métros parisiens (4,11 et 14) font l’objet d’une rénovation express. Comme le RER A, ainsi que les lignes de tramways (T1, T2 et T3b). « Ce sont des interruptions de trafic impactantes » reconnaît le directeur de RATP Infrastructures. Un mal nécessaire dans le cas de la ligne 6, pour renforcer ce géant d’acier soumis au gel et aux intempéries depuis plus de 110 ans.