Déconfinement à Paris : Pour les terrasses éphémères, « le mot d’ordre, c’est la pédagogie »
REPORTAGE•Alors que près de 9.800 terrasses éphémères refont leur apparition dans les rues de la capitale, les agents de surveillance de la mairie de Paris veillent à faire respecter la charte d'engagement des restaurateurs et cafetiersTom Hollmann
L'essentiel
- C’est le déconfinement ! Alors que les restaurants, cafés et bars sont habilités à ouvrir en extérieur, 9.800 terrasses éphémères ont vu le jour dans les rues de la capitale.
- Régulés par une charte, ces installations temporaires doivent se plier à quelques règles que les agents de surveillance de la mairie de Paris veilleront à faire respecter.
- De nouvelles règles, que les commerçants devront signer à partir de la mi-juillet, devraient encadrer plus strictement ces installations afin de limiter les nuissances.
Dans le 1er arrondissement de Paris,
Le monde d’avant serait-il de retour à Paris ? Ce mercredi 19 mai, nouvelle étape du déconfinement, marque la réouverture des bars, cafés et restaurants. Rue du Roule, entre deux averses, on rit et on boit. Sans doute un peu trop pour un milieu d’après-midi, mais qu’importe : « Il faudra rentrer à 21h, et on a un paquet de verres à rattraper ! », souligne Jules, un verre à la main.
La vie reprend du terrain, les terrasses éphémères aussi. Car s’il vous venait l’idée d’aller boire un canon dans la capitale, il y a de fortes chances que vous le savouriez sur une palette de bois disposée sur une place de stationnement ou de livraison. Les installations, parfois sommaires, doivent respecter quelques règles. Et les agents de surveillance de la mairie de Paris veillent au grain.
Une logique de médiation
« Aujourd’hui, le mot d’ordre, c’est la pédagogie », explique Stéphane Bongibault. Pour le chef adjoint de la circonscription du centre de Paris, pas question de jouer les trouble-fêtes au premier jour de déconfinement. « On est là dans une logique d’accompagnement et de bienveillance. Evidemment, notre rôle est de faire respecter les règles, mais nous savons que c’est une date cruciale pour les restaurateurs et les commerçants », précise l’agent.
9.800 terrasses éphémères ont fleuri à Paris au cours de derniers jours, installées par des cafetiers ou restaurateurs qui ne disposent habituellement pas d’un espace extérieur ou qui souhaitent étendre ce dernier, les terrasses de plus de dix tablées se voyant appliquer une jauge de 50 % jusqu’au 9 juin prochain. La mairie de Paris leur permet d’installer « des dispositifs légers et esthétiques, facilement et rapidement démontables » sur la chaussée qui fait face à leur commerce, selon la charte d’engagement créée au printemps dernier.
« Cette charte sert à préserver un cadre de vie agréable pour tous », explique Stéphane Bongibault. « Le principal, c’est que les terrasses ne gênent ni les piétons, ni les personnes à mobilité réduite, indique Aurélie L, agente de surveillance. Elles peuvent être installées sur des places payantes, des places livraisons, mais pas sur des places pour personnes en situation de handicap, d’autopartage ou des pistes cyclables, par exemple. »
Une nouvelle charte en juillet prochain
Dans le 1er arrondissement de Paris, les règles semblent déjà bien intégrées par les commerçants. De leur côté, les personnels de la mairie de Paris préviennent qu’ils repasseront pour s’assurer que les installations resteront aux normes. En cas de non-respect du protocole, ils sont habilités à verbaliser les restaurateurs jusqu’à 500 euros, demander le retrait de la terrasse, et solliciter une fermeture administrative auprès de la préfecture de police de Paris.
« Ce sont sensiblement les mêmes règles que l’été dernier, la vraie différence, cette année, c’est que les associations de riverains nous attendent au tournant », se méfie Aurélien Barth, directeur de salle dans un établissement du quartier. De nombreux collectifs, à l’image de Bruit en Commun, ou Vivre Paris, se dressent en effet contre les terrasses éphémères et les nuisances qu’elles occasionnent pour les riverains. Car, à condition d’avoir l’autorisation des commerces voisins et de ne pas entraver une entrée d’habitation, ces terrasses font parfois plusieurs dizaines de mètres de long.
Au 1er juillet, les restaurateurs devront signer une nouvelle charte. Dévoilée dans les prochains jours, elle permettra de pérenniser l’installation des terrasses éphémères dans la capitale. Selon des informations du Figaro, il pourrait notamment être demandé aux restaurateurs de ne pas dépasser trois places de parking devant leur établissement. Un compromis qui, espère la mairie de Paris, réconciliera les limonadiers et les riverains.