Immobilier en Ile-de-France : « Depuis le confinement, le prix des maisons en banlieue a augmenté »
INTERVIEW•Thomas Lefebvre, directeur scientifique chez MeilleursAgents, revient sur les confinements et couvre-feu successifs qui ont fait évoluer les envies des Franciliens en matière d’immobilier
C.Po.
L'essentiel
- A Paris, les prix de l’immobilier ont baissé de 3 % en 2020 après cinq ans de hausse continue. En banlieue, en revanche, les prix continuent d’augmenter.
- Quant aux prix des pavillons, ils sont en forte hausse depuis le premier confinement.
- Cette hausse est-elle durable et les confinements ou couvre-feu successifs ont-ils fait évoluer les envies des Franciliens en matière d’immobilier ? Eléments de réponse avec Thomas Lefebvre, de chez MeilleursAgents.
C’est peut-être l’un des effets inattendus de cette pandémie : ses répercussions sur l’immobilier, notamment à Paris et dans sa banlieue. Coincés entre quatre murs, souvent bien étroits, beaucoup de Franciliens se sont pris à rêver d’une maison en banlieue, d’un jardin ou d’une petite terrasse. Pour d’autres, le projet a mûri avec le développement du télétravail. Mais ces projets se sont-ils concrétisés ? Le confinement a-t-il réellement fait évoluer les attentes des Franciliens en matière d’immobilier ? Eléments de réponse avec Thomas Lefebvre, directeur scientifique chez MeilleursAgents.
Qu’est ce que la crise sanitaire a changé sur le marché de l’immobilier francilien ?
En février 2020, le printemps s’annonçait exceptionnel. D’une manière générale, depuis la fin 2015, le marché immobilier était porté par des taux d’emprunt bas et un environnement économique favorable. Le volume de transactions et donc les prix ont fortement augmenté en cinq ans : environ 30 % à Paris. Et comme souvent, lorsque ça monte dans la capitale, la hausse se répercute dans le reste de la région par un effet de report. La crise sanitaire a mis un terme à ce dynamisme. Dans la capitale, les prix ont baissé de 3 % en 2020, contrairement au reste de la région où ils ont continué de progresser de 2,5 % en moyenne. Cela faisait cinq ans que les prix n’avaient pas baissé de manière continue à Paris.
Peut-on dire que Paris a perdu de son attractivité ?
La demande est certes moins dynamique mais il n’y a pas un effondrement des prix à Paris. Et même si les modes de vie et de travail évoluent, les grandes villes de France resteront le poumon économique d’une région. Il y a aura toujours des investisseurs pour acheter à Paris ou des ménages qui souhaiteront y vivre. D’une manière générale, il est encore beaucoup trop tôt pour tirer une analyse sur le long terme des évolutions des acheteurs car nous sommes toujours dans cette crise sanitaire. La baisse constatée à Paris pourrait d’ailleurs se répercuter avec quelques mois de retard dans le reste de la région.
Quel est l’état d’esprit des acheteurs depuis la crise ?
Après le premier confinement, on a assisté à un net rebond des ventes mais il s’agissait en réalité des reliquats des projets lancés avant le confinement et qui se sont soldés après. Depuis cet été, on est entré dans une nouvelle phase : il y a un attentisme très fort lié aux incertitudes de cette crise sanitaire et économique. Les ménages préfèrent attendre de voir ce qui va changer avant de se lancer dans un projet immobilier. Est-ce que le télétravail, par exemple, va rester une norme ou au contraire les entreprises vont-elles redevenir frileuses quant à cette pratique ? Ces questions et ces incertitudes ont un impact direct sur les projets : où acheter, combien de pièces, etc.
Il y a néanmoins une augmentation des prix en banlieue parisienne…
Pour l’instant en tout cas, c’est vrai que c’est très net. Cette hausse atteint 3 % dans l’Essonne, le Val-d’Oise, le Val-de-Marne ou la Seine-et-Marne. On peut envisager que la crise sanitaire ait joué un rôle d’accélérateur dans les projets des ménages : au lieu d’acheter à Paris, ils achètent directement un bien un peu plus grand dans la région. Il ne faut pas non plus sous-estimer les effets du Grand Paris. Ces nouvelles lignes changent le visage de l’Ile-de-France et font donc augmenter les prix.
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La présence d’un extérieur est-elle devenue un critère primordial ?
Pendant le premier confinement, les plateformes en ligne ont noté une nette augmentation des recherches de pavillons ou d’appartements avec un extérieur. Depuis, le prix des maisons en banlieue parisienne a un peu augmenté. Par exemple, à Viry-Châtillon, dans l’Essonne, elles ont augmenté de 5 % en un an, à Franconville et à Pontoise, dans le Val-d’Oise, on constate une hausse de 6 et 4,5 % en 2020. Des augmentations similaires ont été enregistrées en Seine-Saint-Denis : 7 % à Romainville, 5 % à Montreuil… Mais encore une fois, il est un peu trop tôt pour dire si ou non, c’est un changement profond. Il faut voir si cela pérennise après la crise.