SECURITELes missions de la police municipale « ne justifient pas d’armes létales »

Paris : Les missions de la police municipale « ne justifient pas d’armes létales »

SECURITECinq mille policiers municipaux formés dans une école parisienne seront dotés de Tonfa pour lutter contre les incivilités dans la capitale
Romain Lescurieux

R.L.

L'essentiel

  • D’ici à 2024, 5.000 policiers municipaux seront formés et déployés à Paris pour lutter, notamment, contre les incivilités.
  • Cette police municipale à Paris, voulue par Anne Hidalgo, doit être lancée en 2021 après l’adoption attendue d’une proposition de loi sur la sécurité.
  • Ses agents ne seront pas dotés d’armes létales.

«Un événement majeur et historique à Paris », assure-t-il. Ce lundi, à l’occasion d’un point presse, Nicolas Nordman, adjoint à la sécurité à la mairie de Paris, a détaillé les contours de la future police municipale parisienne qui doit être déployée en 2021 après l’adoption « très attendue » par Anne Hidalgo et ses élus d’une proposition de loi sur la sécurité.

Opposée au projet en 2014, Anne Hidalgo avait finalement annoncé en janvier 2019 sa volonté de doter Paris d’une police municipale armée de matraques. « Les Parisiens sont en demande d’ordre, Anne Hidalgo y répond », justifiait alors Emmanuel Grégoire, son premier adjoint. La police municipale est ensuite devenue une promesse de campagne et un enjeu de l’élection avec comme point de division avec ses concurrents : l'armement.

Alors que le texte, porté par les députés LREM Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot, sera débattu à partir du 17 novembre à l’Assemblée nationale, le principe même d’une police municipale non armée à Paris a déjà été adopté mercredi en commission. La ville espère une promulgation de la loi au plus tard mi-2021.

Pas d'arme létale? Un non-sens pour la droite et les syndicats de police

A Paris, il y aura 5.000 policiers municipaux d’ici 2024 qui seront formés dans une école dépendante de la ville. Leurs missions : Assurer la tranquillité publique, sanctionner les incivilités, combattre les nuisances sonores et les dépôts sauvages d’ordures. Du côté de l’équipement, les policiers municipaux seront dotés de bâtons Tonfa, de gilets pare-balles, de bombes de gaz lacrymogène et de caméras piéton, « qui est un élément de protection de nos agents et du public », selon Nicolas Nordman. Enfin, ils auront également des gyrophares et des uniformes sur lesquels sera inscrit, au dos, « police municipale ». Mais cette police ne sera pas armée.

« Nous considérons que les missions de nos agents de police municipale parisienne ne justifient pas de les doter d’armes létales », assure ce lundi Nicolas Nordman. Pour certains élus de droite et de syndicats de police, c’est un non-sens. Ils prennent notamment en exemple l'intervention des policiers municipaux à Nice: « S’ils n’avaient pas été armés, ça aurait été un massacre », estime une élue de la droite auprès de l’AFP. « Ce n’est pas mon modèle, la police municipale niçoise », avait répliqué jeudi Anne Hidalgo, sur BFMTV.

« Nous ne souhaitons pas que notre police soit cette police appelée pour intervenir sur une scène d’attentat ou de braquage. Ça, c’est du ressort de la police nationale », reprend Nicolas Nordman, qui précise qu’il y aura en revanche bien « une coordination » avec la police nationale mais il est « important de ne pas introduire de confusion des rôles ».

De nombreuses policières municipales ?

« Nous voulons faire une police exemplaire. Notre souhait c’est qu’ils soient accessibles sur le terrain. Nous allons multiplier les points de présence et qu’ils soient visibles partout. Nous préférons un modèle de police actif plutôt que des commissariats occupés par des policiers à l’intérieur plutôt qu’à l’extérieur », ajoute-t-il.

Pour atteindre le nombre de 5.000 policiers, des recrutements se succéderont pour compléter le contingent formé actuellement par les 3.200 agents de la Direction de la prévention, de la sécurité et de la protection (DPSP), essentiellement des Agents de surveillance de Paris (ASP) venus de la préfecture de police et Inspecteurs de sécurité de la Ville de Paris (ISVP). Leur formation durera une année à l’école et sur le terrain et pourrait compter de nombreuses femmes.


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« Je souhaite que les femmes investissent des fonctions d’autorité qui soient plus visibles dans l’espace public, affirmait lors de la campagne Anne Hidalgo. Ce qui permettra peut-être d’ailleurs de lutter contre le harcèlement de rue. Cette police sera aussi formée au respect et notamment sur les questions de lutte contre l’homophobie et le sexisme. »