LE NOUVEAU COURS DE LA SEINEContre la pollution, les pêcheurs à l’aimant entrent en Seine

Paris : Contre la pollution, les pêcheurs à l’aimant entrent en Seine

LE NOUVEAU COURS DE LA SEINELa pêche à l’aimant, qui consiste à dépolluer les cours d’eau des objets métalliques, est de plus en plus répandue en bord de Seine.
Paris : Contre la pollution, les pêcheurs à l’aimant entrent en Seine
Adrien Masson

Adrien Masson

L'essentiel

  • Agés de 19 à 23 ans, Clément, Aurélien et Enzo. se réunissent au minimum une fois tous les quinze jours pour pratiquer la pêche à l’aimant.
  • L’idée de départ était de faire une activité citoyenne et de dépolluer la Seine en vue des Jeux olympiques 2024 à Paris.
  • Si les Parisiens sont souvent sur les ponts pour les applaudir ou les encourager, « en revanche, c’est silence radio chez les élus ».

Dépolluer la Seine et les cours d’eau de la région parisienne de façon ludique, c’est le credo de Clément, Aurélien et Enzo. Agé de 19 à 23 ans, le trio se réunit au minimum une fois tous les quinze jours pour pratiquer la pêche à l’aimant. Une activité écologique qui consiste à lancer un aimant ou un grappin reliés à une corde d’une vingtaine de mètres pour remonter toutes sortes d’objets gisant au fond du cours d’eau.

« C’est comme un jeu à gratter : lorsqu’on lance l’aimant, on ne sait pas ce que l’on va trouver. Et parfois, on tire le gros lot », glisse Aurélien Savard, étudiant en marketing digital. Une baïonnette de la Première Guerre mondiale, un revolver de l’époque napoléonienne ou encore une collection de pièces anciennes sont les gros lots de leur collection. Vélos, trottinettes, petits coffres-forts et autres barres de fer sont eux beaucoup plus fréquents. Mais les belles pièces ne motivent pas spécialement le trio. « L’idée de départ était de faire une activité citoyenne avec nos jeunes et de dépolluer la Seine en vue des Jeux olympiques 2024 à Paris », explique Christelle Charret, la mère de Clément. Si les trois garçons portent un intérêt lointain à la cause écologique, ils ont envie de participer à leur manière.

L’équipement s’est amélioré pour les objets lourds

Clément Charret, 20 ans, est le premier à s’être lancé dans cette pratique. Après avoir visionné plusieurs vidéos YouTube sur le sujet, il a embarqué son voisin des Pavillons-sous-Bois, Aurélien Savard, dans la dépollution des cours d’eau, en juin 2019. En partageant ses premières pêches sur les réseaux sociaux, l’étudiant en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (Staps) a vite rencontré Enzo Caltabiano, un plombier de 23 ans habitant à Livry-Gargant.

La passion grandissant, l’équipe a dû s’équiper pour ne pas se casser les dents sur des objets trop lourds : un aimant à 200 euros par-ci, un treuil à 50 euros par-là, sans oublier les cordes et grappins. La note est salée mais Clément travaille chez Décathlon en plus de ses études, l’occasion pour lui d’investir dans du matériel lui permettant de récupérer des plus grosses prises. Christelle, sa mère, raconte : « Les citoyens sont souvent sur les ponts pour les applaudir ou les encourager. En revanche, c’est silence radio chez les élus. Pas même un remerciement ».

D’excellentes relations avec la police

En théorie, il est nécessaire d’avoir une autorisation de la préfecture pour pouvoir lancer son aimant. Mais en pratique, les trois jeunes sont souvent confrontés aux policiers avec qui les « relations sont excellentes. Ils vérifient qu’on ne fait pas n’importe quoi et ils nous félicitent pour le travail accompli », racontent-ils.

La pêche à l’aimant peut tout de même être dangereuse. Le 5 juin dernier, les trois amis ont remonté « deux obus à côté du stade de France. On a aussitôt appelé la police et le service de déminage est venu récupérer les deux engins explosifs ». Lors des premières pêches, Enzo est tombé dans l’eau en essayant de remonter un vélo​. En quête de plus de sécurité, Clément a déjà obtenu un brevet de surveillant de baignade et compte passer le Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA). S’il prend toutes ces précautions, c’est parce qu’il n’envisage pas la pratique seul, mais bien de partager avec d’autres pêcheurs. Lorsqu’il sort un petit aimant de l’eau, il pense immédiatement « qu’il pourrait être utile à un jeune pour essayer ».


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En bons dépollueurs, les trois amis donnent l’exemple. Pas question pour eux de quitter les lieux sans que tout soit parfaitement propre. Les trouvailles sont entassées dans un coin et les services techniques de la ville prévenus. Clément va même jusqu’à balayer le pavé pour enlever les traces de boues et de rouilles.

20 secondes de contexte

La série « Le nouveau cours de la Seine » a été réalisée par une promotion de neuf étudiants en alternance de l’école de journalisme de Paris ESJ-Pro, sous la direction de leurs formateurs et de l’équipe de 20 Minutes. Les sujets brossent la relation changeante entre Paris et son fleuve, dont l’image est bouleversée par l’amélioration constante de la qualité de l’eau.