Paris : Des « responsables propreté » déployés dans chaque quartier, pour quoi faire ?
PROPRETE•121 agents de la ville de Paris deviendront des « responsables propreté » de quartier. Cette proposition de campagne d’Anne Hidalgo devient aujourd'hui plus concrète mais s’attire des critiques de l’opposition
Romain Lescurieux
L'essentiel
- 121 « responsables propreté » seront déployés au niveau des 121 quartiers de la capitale.
- « Il sera joignable par téléphone et par mail et sera en contact avec un certain nombre d’acteurs notamment les riverains », détaille Colombe Brossel, adjointe d’Anne Hidalgo en charge de la propreté de l’espace public, du tri et de la réduction des déchets.
- Pour Florence Berthout, dans l’opposition, il s’agit d’un « échelon supplémentaire » qui n’est pas nécessaire.
Le sujet de la propreté dans la capitale revient sur le devant de la scène. Alors que l’action de l’exécutif est régulièrement pointée du doigt tout comme la saleté dans certains quartiers, Colombe Brossel, l’adjointe d’Anne Hidalgo en charge de la propreté de l’espace public, du tri et de la réduction des déchets dévoile les premières pistes de sa feuille de retour.
« Le plus urgent, c’est de descendre d’un cran en appréhendant la propreté et l’entretien de l’espace public à l’échelle des quartiers. Nous allons désigner un responsable de la propreté dans chacun des 121 quartiers de Paris », a-t-elle expliqué dans un entretien au Parisien. Désignation, rôle, mission… Quels seront les contours de cette fonction inédite de « responsable de propreté » par quartier, voulue par Anne Hidalgo durant la campagne ? 20 Minutes fait le point.
Qui sera ce « responsable propreté » ?
« C’est un agent de la ville qui sera désigné par la mairie. Il y a déjà des responsables de division et évidemment les maires d’arrondissement mais nous voulons aller plus loin pour travailler au niveau du bassin de vie. C’est-à-dire à l’échelle du quartier », répond auprès de 20 Minutes Colombe Brossel. Chaque responsable officiera donc dans un quartier, des rues. Au total, 121 responsables seront déployés au niveau des 121 quartiers de la capitale. Du côté du calendrier, Colombe Brossel indique que la mairie travaille actuellement à un déploiement pour l’année prochaine. « Aujourd’hui, nous en sommes à la mise en ouvre de cette proposition de campagne, sur laquelle nous avançons de manière plus concrète », note l’adjointe.
Quelle sera sa mission ?
L’objectif affiché de la mairie est de « gagner un certain nombre de victoires dans l’espace public », affirme Colombe Brossel. Ce responsable aura ainsi pour mission de repérer et détecter les dysfonctionnements et recevoir et coordonner les signalements. Colombe Brossel veut pour exemple : les poubelles rentrées tardivement, les chantiers mal entretenus, les tags ou encore l’affichage sauvage. « Il sera joignable par téléphone et par mail et sera en contact avec un certain nombre d’acteurs comme les riverains, sur lesquels nous avons besoin de nous appuyer, mais aussi les syndics de propriété, les commerçants, les maires d’arrondissement ». Par ailleurs, la mairie de Paris souhaite qu’il vienne également en complément de l’application Dans Ma Rue sur laquelle les Parisiennes et Parisiens signalent d’ores et déjà régulièrement des problèmes liés à la propreté.
Quelle différence avec le « manager de rue » voulu par Benjamin Griveaux à l’époque de la campagne ?
« C’est la même mesure, la même idée qui avait été proposée par Benjamin Griveaux et portée par Agnès Buzyn », réagit Pierre-Yves Bournazel du groupe Indépendants et Progressistes (pro-LREM) au Conseil de Paris. Durant la campagne, Benjamin Griveaux (LREM) avait en effet proposé de créer le métier de « manager de rue » pour améliorer la propreté des rues et aider à régler les problèmes de l’espace public. Il avait été particulièrement moqué pour sa proposition. Un mois après, la maire de Paris alors en campagne, avait, elle, promis la nomination d’un « agent de kiosque citoyen » et d’un « responsable propreté » par quartier. Quelles différences entre les propositions ? Anne Hidalgo avait pris soin d’écarter la notion de « petit chef du quartier » dans sa proposition pour celui d’« interlocuteur privilégié ». « Nous nommerons un responsable propreté dans chaque quartier qui fixera, en concertation avec la mairie d’arrondissement et les habitants un plan d’action spécifique à chaque rue », ajoutait-elle.
Que dit-on du côté de l’opposition ?
La maire du 5e arrondissement, Florence Berthout, qui siège désormais avec le groupe LREM au Conseil de Paris et qui avait lors de la précédente mandature – quand elle était élue LR – présidé la mission d’information et d’évaluation sur la propreté, déplore la création de cet « échelon supplémentaire ». « Il faut arrêter de faire des annonces suivies d’aucun effet. Nous n’avons pas besoin d’un énième responsable. La propreté c’est quelque chose de très pragmatique », affirme-t-elle. Alors que la maire de Paris avait, durant la campagne, promis de donner davantage de pouvoir aux maires d’arrondissement sur la question de la propreté, Florence Berthout attend davantage d’annonces en ce sens. « Là, c’est tout l’inverse », critique-t-elle. « Je n’ai pas besoin d’un responsable de quartier, ni de millions d’euros, mais avec deux laveuses supplémentaires, le recrutement de huit agents et deux-trois Glutton, j’ai un arrondissement propre », assure-t-elle.
« Je souhaite que cette mandature puisse réussir en matière de propreté », indique de son côté Pierre-Yves Bournazel. « Nous sommes au début d’une mandature, je ne vais pas critiquer les actions. C’est un énième plan mais si on pouvait dans les prochaines années rendre nos rues plus propres ce serait un avantage considérable », ajoute celui pour qui la priorité est de « nettoyer, prévenir, éduquer et sanctionner et ce, au plus près du terrain ».