Paris : Les accidents de vélo en nette augmentation depuis le début de l'année
VELO•Quatre cyclistes ont perdu la vie en un mois à ParisC.Po.
L'essentiel
- Depuis le déconfinement, les passages enregistrés sur les pistes cyclables parisennes ont bondi de 66%.
- Les accidents de vélo – cyclistes ou piétons renversés par un vélo – ont augmenté de 30% depuis le début de l'année. Un rythme moins important, donc, que l'augmentation de la pratique.
- Dans les services de chirurgies orthopédiques, de nouvelles pathologies, liées à la pratique du vélo en milieu urbain, ont émergé.
Plus nombreux dans les rues de Paris, mais également dans les hôpitaux. Depuis le début de l’année, les accidents de vélo se sont multipliés dans la capitale. Sur les huit premiers mois de l’année, 580 cyclistes ont été victimes, selon un chiffre de la préfecture de police dévoilé par France Bleu Ile-de-France, d’un accrochage ou d’une chute ayant nécessité une intervention médicale. Soit une hausse de 30 % par rapport à 2019. Et la tendance semble se confirmer : le nombre de blessés à vélo a augmenté de 70 % en août. « Depuis quelques semaines, nous constatons une hausse importante des interventions pour des accidents graves », confirme la porte-parole des pompiers de Paris, la lieutenant-colonel Claire Boët.
Dans son service de l’hôpital Béclère de Clamart, le Pr Thierry Begué, également président de la société française de traumatologie ostéo-articulaire, estime recevoir chaque semaine, depuis le déconfinement, entre 10 et 15 patients pour des blessures liées à la pratique du vélo : des cyclistes mais également des piétons renversés par ces derniers. Soit 40 ou 50 % de plus que l’an dernier, estime-t-il. « Cela va des grosses égratignures à des fractures ouvertes et multiples », précise-t-il. Si les accidents mortels sont rares – six au total l’an dernier – la capitale connaît une série noire depuis un mois. Depuis le 12 août, quatre cyclistes ont perdu la vie dans Paris, tous percutés par un véhicule, dont deux le week-end du 12 et 13 septembre.
Les accidents augmentent moins vite que la pratique
Mais cette augmentation des accidents, certes sans précédent, est à mettre en relation avec la démocratisation de la pratique. Entre la grève des transports à la fin de l’année 2019 et le déconfinement, le vélo est devenu pour nombre de Franciliens une alternative aux transports en commun. Le nombre de passages enregistrés sur les pistes cyclables parisiennes a bondi de 66 % entre la fin du confinement et le début du mois d’août par rapport à l’an dernier. « L’augmentation du nombre d’accidents de vélo est inférieure à celui du trafic cycliste », note Jean-Sébastien Catier, le président de l’association Paris en Selle. Et ce passionné de vélo de rappeler que, dans la capitale, le nombre de vélo est désormais équivalent à celui de deux-roues motorisées mais « il y a six ou sept fois plus de morts parmi les motards ».
L’arrivée d’une météo automnale, avec tout ce qu’elle compte d’averses et de givre, fait néanmoins craindre une explosion des accidents. « L’an dernier, au moment des grèves des transports [en décembre 2019 et janvier 2020], nous avons été confrontés à une importante augmentation des accidents de vélo », se remémore la porte-parole de la BSPP. Une hausse qu’elle impute à la mauvaise météo mais également aux journées plus courtes et aux trajets dans le noir. Si le Pr. Thierry Begué ne craint pas une saturation des services d’orthopédie – notamment parce que tous les accidents de vélo ne nécessitent pas une intervention en urgence – il note une émergence de pathologies spécifiques. « On a évidemment toujours des fractures de la clavicule, qui sont une pathologie classique des chutes à vélo, mais on voit de plus en plus de fractures ouvertes du pied ou de la jambe, causées par un choc avec une voiture ou un camion. » Autre blessure, jusque-là « réservée » aux motards : les fractures multiples du poignet, « façon puzzle », liées à une chute à grande vitesse qu’on tente d’éviter en mettant, par réflexe les bras en avant.
Pour limiter les accidents, le président de Paris en Selle insiste sur la nécessité d’améliorer les aménagements pour séparer les voies vélos de celles réservées aux voitures. « La majorité des accidents graves sont causés par des collisions avec des voitures ou des camions », insiste-t-il.