Accord sur le financement des transports en Ile-de-France
NEGOCIATIONS•Valérie Pécresse a annoncé un accord avec le gouvernement pour compenser un manque à gagner de plus de 2 milliards d'euros dû au Covid et au confinement20 Minutes avec AFP
Elle avait temporairement coupé les vivres de la RATP et de la SNCF. La présidente d’Ile-de-France Mobilités (IDFM) Valérie Pécresse est parvenue à un accord avec le gouvernement pour compenser les pertes de recettes liées au Covid-19, estimées à 2,6 milliards d’euros cette année, a-t-elle annoncé mardi.
« C’est un moment historique. Le plan de sauvetage des transports a été signé entre IDFM et l’Etat », a indiqué Valérie Pécresse à l’AFP. « On a frôlé la catastrophe, donc c’est un immense soulagement », a-t-elle ajouté, rappelant que les négociations avaient été âpres avec l’exécutif. « Les voyageurs ne seront pas appelés à payer le prix de la crise Covid, et nous ne freinerons aucun des nombreux projets d’investissement que nous avons dans les transports. (…) Nous ne baisserons pas non plus l’offre de transport », a-t-elle souligné. « On a signé un accord de compensation intégrale des pertes de recettes », a insisté l’élue, également présidente de la région Ile-de-France.
Remboursement sur 16 ans à taux zéro
L’Etat versera à l’autorité régionale des transports une subvention pour couvrir entre 80 et 100 % les pertes du « versement mobilité » (une taxe sur la masse salariale des entreprises de plus de 11 personnes), estimées à 1 milliard d’euros. Pour le gros des 1,6 milliard d’euros de pertes de recettes voyageurs – soit 1,44 milliard hors TVA – et un éventuel reliquat du manque à gagner pour le « versement mobilité », le gouvernement accordera une avance remboursable de 1,1 à 1,4 milliard.
« On a obtenu qu’elle soit à taux zéro, et elle sera remboursée sur 16 ans et de matière progressive. On a calculé les échéances de remboursement en fonction de nos prévisions de reconstitution de nos recettes », a détaillé Valérie Pécresse.
RATP et SNCF prendront aussi en charge 10 % de ces pertes dans le cadre du contrat qui les lie à IDFM, a-t-elle ajouté. Cet accord va permettre à l’autorité régionale de reprendre les paiements aux deux opérateurs qui avaient été suspendus début juillet, a remarqué l’élue (Libres !). Compte tenu des incertitudes sur le front sanitaire, l’Etat et IDFM ont prévu « une clause de revoyure en 2021 et 2022 si la crise devait se poursuivre », a précisé Valérie Pécresse.
Des élus dénoncent la « faiblesse hallucinante » du soutien de l’Etat
La présidente d’IDFM va maintenant travailler sur son propre plan de relance, citant comme priorités un système de pilotage automatique pour les RER B et D, la poursuite du prolongement du RER E à l’ouest, et des projets de tramways et bus en site propre.
« Il fallait sauver les transports avant de les relancer. (…) On va avoir des chiffres triannuels d’investissements de l’Etat en Ile-de-France qui seront très élevés », et plus élevés que les 673 millions d’euros annoncés jeudi par le gouvernement, a-t-elle déjà annoncé.
« L’essentiel est que les usagers n’aient rien à payer mais la faiblesse du soutien de l’Etat aux transports du quotidien demeure hallucinante », a dénoncé Emmanuelle Cosse, du groupe Ecologistes et progressistes au conseil régional d’IDF.
« Deux tiers de l’accord est une avance remboursable… donc après 2020 et après les régionales… il faudra donc rembourser entre 1,1 et 1,4 Mds EUR. Par une hausse des tarifs ? Par une baisse des investissements ? Beaucoup d’affichage alors que ce n’est que ponctuellement réglé », a ajouté Céline Malaisé, du groupe Front de gauche. Pour François Damerval (groupe Alternative écologiste et sociale), «@vpecresse repousse à après mars 2021 la gestion de la dette hors bilan. (…) Valérie Pécresse la stratégie du coup d’éclat permanent !!! ».