Tourisme : Tête de gondole tricolore, l’Ile-de-France a pris la vague cet été
TOURISME•Fer de lance du tourisme en France, Paris et sa région ont été durement touchés par la crise du coronavirusRomarik Le Dourneuf
L'essentiel
- Si certaines régions s’en sortent bien cet été, ce n’est pas le cas de l’Ile-de-France, qui subi de lourdes pertes dans le secteur du tourisme sur le premier semestre 2020 à cause du coronavirus.
- Par rapport à 2019, la région compte 14 millions de touristes en moins et 6,4 milliards d’euros de manque à gagner.
- Pour sauver le secteur, Valérie Pécresse, présidente de la région, en appel aux habitants, afin qu’ils visitent leur région.
Si le coronavirus a laissé des traces sur le tourisme, toutes les régions n’ont pas été logées à la même enseigne. Et la plus grande perdante est sans doute l’Ile-de-France.
Habituellement figure de proue du tourisme français, la région a en effet subi de plein fouet les effets de l’épidémie. Ce jeudi, Valérie Pécresse, sa présidente, a présenté le bilan du secteur sur le premier semestre de 2020. Et les « dégâts sont considérables ».
Des pertes importantes
14 millions de touristes en moins par rapport à 2019 et 6,4 milliards d’euros de manque à gagner. Pas besoin d’être un spécialiste du secteur pour comprendre la catastrophe que vit actuellement le tourisme francilien. De 10,2 milliards d’euros engrangés sur la même période en 2019, les revenus sont tombés à 3,8 milliards sur le premier semestre 2020. Malgré le déconfinement, les chiffres sont restés très bas cet été. Un hôtel sur deux est resté fermé pour la saison. Et si la fréquentation a baissé de 30 % en moyenne sur les lieux touristiques, certains, comme le Louvre, ont été particulièrement touchés (- 64 %). S’il est trop tôt pour connaître les pertes totales des professionnels, « les plus optimistes » annoncent des pertes de 60 % de chiffres d’affaires. Le secteur, qui fait travailler 500.000 personnes dans la région, représente entre 7 et 8 % de son PIB.
Ces baisses sont dues à l’absence de touristes français (- 54 % de fréquentation), mais surtout à celle des étrangers (- 68 %), qui consomment 3 à 4 fois plus en moyenne. La région, qui a accueilli 35 millions de touristes en 2018 et en 2019, estime ce chiffre autour de 20 millions pour cette année. « Depuis quatre ans, nous annoncions des records de fréquentation pulvérisés, c’est donc avec une grande tristesse que nous avons vu la pandémie venir fracasser un secteur extrêmement florissant et dynamique ».
Un label pour rassurer
Pour faire face à cette crise inédite, la région a accordé 210 millions d’euros de prêts via un fonds de solidarité, a tenu à rappeler Valérie Pécresse. Ces aides financières ont bénéficié pour l’heure à environ 460 entreprises parmi les plus fragiles.
Un plan de relance de 15 millions d’euros a également été mis en place, comprenant des investissements dans la communication et la création d’un « label de sécurité sanitaire », « qui comprendra des mesures strictes, à même de rassurer les étrangers, comme les Belges qui ont classé Paris en zone rouge récemment », a précisé la présidente de la région.
Et puisque les visiteurs, de France ou d’ailleurs, ont bien du mal à venir, pourquoi ne pas compter sur les Franciliens eux-mêmes ? Valérie Pécresse les appelle à profiter… de leur région : « C’est le meilleur moment pour visiter des perles de l’Ile-de-France. Peu de queues dans les musées et parcs, du temps et de l’espace en l’absence de touristes, il faut consommer local. » Et ce en espérant que les initiatives comme l’application « Jeu de piste », qui transforme Paris et sa région en course d’orientation, ou encore l’opération « L’Ile-de-France fête ses restos » encourageront le plus grand nombre.
De l’aide réclamée à l’Etat, à la Ville de Paris et au préfet
Des appels du pied, la présidente de la région en a aussi effectués ce jeudi. Envers les assureurs qui n’ont pas tous «joué le jeu » selon elle depuis le début du confinement, et à qui elle demande davantage d’aide pour les entreprises : « Même si ce n’est pas un devoir légal, c’est un devoir moral. » A l’Etat, ensuite, en demandant notamment une différenciation entre les salons professionnels, grands pourvoyeurs en visiteurs, et les autres « grand public ».
Et puis à la Ville de Paris, afin de prolonger l’opération des terrasses élargies jusqu’à la fin de l’année, pour soutenir les cafés et restaurant.