Des cas de racisme et de maltraitances révélés au tribunal de Paris

Paris : Des cas d'insultes, de racisme et de maltraitances révélés dans les cellules du tribunal

JUSTICEUn policier a dénoncé durant deux ans, dans des rapports datant de 2018 et 2019 ces agissements dans les cellules du tribunal de Paris. Le parquet a ouvert une enquête
Romain Lescurieux

R.L. avec AFP

L'essentiel

  • Un policier est renvoyé en conseil de discipline et cinq autres feront l’objet de sanctions après le signalement d’un autre policier pour des faits de racisme ou des maltraitances au dépôt du tribunal judiciaire de Paris. Le parquet a ouvert une enquête.
  • Dans des signalements, ce policier dénonce les insultes, le racisme, la privation de nourriture, des empêchements d’accès aux soins, etc.
  • Selon une source policière, le conseil de discipline est convoqué pour des « raisons de comportements inappropriés envers les détenus, manquements au devoir d’exemplarité ».

Insultes racistes et homophobes, maltraitance, privation de nourriture, refus de soins médicaux, humiliation… Voici le quotidien dans les sous-sols du tribunal de Paris. Plus précisément dans les cellules du dépôt. Selon, le site d’informations StreetPress, plus d’un millier de personnes auraient subi des maltraitances de la part d’une vingtaine de policiers, membres de l’équipe de nuit, lors de leur séjour dans ces souterrains, avant présentation à un magistrat.

C’est grâce au brigadier-chef Amar Benmohamed, également officier de police judiciaire et délégué syndical chez Unité SGP-Police, qui a alerté sa hiérarchie à de nombreuses reprises dans des rapports datant de 2018 et 2019, et de centaines de documents internes, que le site a pu mettre à nu tout un système. Le parquet a ouvert une enquête ce lundi après-midi.

« Ferme ta gueule sale bougnoule »

Dans un des rapports de mars 2019 que franceinfo a également pu consulter, le brigadier-chef dénonce la tenue « de façon régulière » de « propos racistes à l’égard des déférés d’origine étrangère, qu’il s’agisse de personnes de type maghrébin ou africain ». Des insultes racistes et homophobes comme : « Ferme ta gueule sale bougnoule, sale race, négro, sale pd » étaient fréquemment employées devant les autres fonctionnaires et même dans les haut-parleurs du site. Ou encore : « Je te lancerais tout ça dans la Seine », « si on me laissait faire, je mettrais le feu à toutes ces merguez ».

« À certains retenus musulmans, ils font aussi croire que la nourriture contient du porc, afin qu’ils se privent eux-mêmes de repas », relate Streetpress qui précise que certains fonctionnaires s’en prennent même à leurs propres collègues.

Des sanctions

Trois enquêtes distinctes ont été menées par l’IGPN. Achevée en février 2020, une des enquêtes pour « mauvais traitements, propos à caractère discriminatoire et propos injurieux susceptibles d’avoir été infligés à des personnes déférées au tribunal de grande instance de Paris » conclut à des faits de racisme répétés, et possiblement de maltraitance, note franceinfo. « A ce jour aucune sanction n’a été prise et la justice n’a pas été saisie pour ces faits », précise Streepress avant l'ouverture de l'enquête par le parquet de Paris.

Un policier est renvoyé en conseil de discipline et cinq autres feront l’objet de sanctions après le signalement d’un autre policier pour des faits de racisme ou des maltraitances au dépôt du tribunal judiciaire de Paris, a appris l’AFP ce lundi auprès de la préfecture de police. Selon une source policière, le conseil de discipline sera convoqué pour des « raisons de comportements inappropriés envers les détenus, manquements au devoir d’exemplarité ».

A la suite d’une enquête administrative de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) rendue en février, « un conseil de discipline se tiendra en septembre pour un des fonctionnaires et des sanctions administratives, blâme et avertissements, sont en cours de notification pour cinq autres » au vu de « la gravité des faits allégués », a poursuivi la PP.

Outre un signalement des faits au procureur de Paris, Amar Benmohamed a en outre annoncé une plainte avec constitution de partie civile pour des faits supposés de « harcèlement moral » à son encontre après ses signalements, a indiqué à l’AFP son avocat, Arié Alimi.