C'est chaud les marrons sur le boulevard Haussmann

C'est chaud les marrons sur le boulevard Haussmann

Ils sont le premier maillon d'une véritable petite organisation mafieuse. Postés chaque après-midi à des endroits stratégiques du boulevard Haussmann (9e), une trentaine de vendeurs de marrons ont de nouveau débarqué cet automne. Flanqués de leurs ch...
Carole Bianchiphotos : serge pouzet-  ©2008 20 minutes

Carole Bianchiphotos : serge pouzet- ©2008 20 minutes

Ils sont le premier maillon d'une véritable petite organisation mafieuse. Postés chaque après-midi à des endroits stratégiques du boulevard Haussmann (9e), une trentaine de vendeurs de marrons ont de nouveau débarqué cet automne. Flanqués de leurs chariots et de leurs mini-chaudrons remplis de braises.

« En raison de leur nombre croissant, la violence naît entre eux. Depuis l'an passé, ils se disputent des emplacements que certains louent 2 500 euros. Le problème derrière tout cela, c'est la détresse humaine. Ce sont des esclaves des temps modernes. Ce que ne voient pas les passants qui ont de la sympathie pour eux », constate Pascal Depoortere, président du comité sécurité Haussmann.

La plupart de ces jeunes hommes viennent du nord de l'Inde et répondent au nom de Singh. Non loin d'eux rôdent généralement les guetteurs. Ceux-là ont le privilège de recevoir un paquet de cigarettes par jour. Ils surveillent l'arrivée des policiers, mais surtout les vendeurs qui pourraient subtiliser l'argent gagné. A raison de 2 euros le cornet de dix marrons, les vendeurs amasseraient entre 100 euros et 200 euros par jour. Certains expliquent s'approvisionner au marché de Clignancourt (18e) et d'autres en banlieue à Mantes-la-Jolie (Yvelines) ou encore à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) chez des grossistes qui leur vendent entre 50 euros et 80 euros les 10 kg de marrons. Les sommes accumulées sont ensuite en partie reversées à des « ramasseurs » chaque soir sur le boulevard. « Mais les personnes qui profitent vraiment de l'argent, elle sont en Inde dans des palaces, pas boulevard Haussmann ! », affirme le major Jean-Claude Maire, du commissariat du 9e.

Difficile dans ce cas de mettre à mal le réseau, si ce n'est de saisir des dizaines de fois par jour les chariots et les marrons. Mercredi soir, casquettes sous le bras pour se fondre dans la masse, des îlotiers jouaient comme à chaque fois au chat et à la souris avec eux. « On vous a dit que c'était la guerre cette année », lance un policier à deux Singh, relâchés et aussitôt en quête de nouveaux chariots pour reprendre leur activité.

Mais au-delà de l'illégalité, les saisies visent également à réduire les risques de brûlures pour les passants, les émanations dont se plaignent les salariés des grands magasins et d'éventuels problèmes de santé publique. « On a plusieurs fois retrouvé les marrons cachés dans des égouts ou des sanisettes. Moi, vous m'en ferez jamais manger un ! »,lâche un fonctionnaire.