Coronavirus à Paris : Fermées, les piscines municipales sont-elles si dangereuses ?
WATERWORLD•Ce n’est pas tant l’eau que la proximité sociale qui rend les piscines dangereusesGuillaume Novello
L'essentiel
- Les piscines municipales ne rouvriront pas avant le 2 juin, et peut-être bien plus tard.
- Pourtant l’eau chlorée est un excellent rempart contre le coronavirus, indique le chercheur Christophe Gantzer.
- Le principal risque des piscines municipales réside dans la difficulté à faire respecter les mesures de distanciation sociale.
Les beaux jours approchent et quoi de mieux que de se rafraîchir avec une petite baignade. Sauf qu’à Paris, entre autres, ça ne va pas être possible tout de suite. Comme la plupart des équipements sportifs collectifs, les piscines resteront fermées encore quelques semaines. « Toutes les piscines de France sont fermées au grand public jusqu’au 2 juin au moins, conformément aux consignes gouvernementales et aux guides édités par le ministère des Sports », indique la municipalité. Cette dernière assure « échanger avec les autorités sanitaires pour envisager les conditions et modalités de leur réouverture ». Malheureusement, on n’en saura guère plus : « Il est à ce stade trop tôt pour être certain de quoi que ce soit. » Et pour avoir une idée du nombre de personnes touchées par cette fermeture, il faut savoir que « sur mars et avril, on enregistre chaque mois au moins 300.000 entrées grand public les années précédentes ».
Pourtant, l’eau chlorée est sûrement l’un des meilleurs remparts contre le coronavirus. Christophe Gantzer, directeur adjoint du Laboratoire de chimie physique et microbiologie pour les matériaux et l'environnement (Université de Lorraine/CNRS) estime le « risque de contamination faible car le chlore rend inactif le virus ». De même, « la transmission du virus de personne à personne par de l’eau chlorée me paraît être un risque qui n’est pas significatif dans l’état actuel des connaissances », juge le scientifique.
Les UV contre le Covid-19
Dans le cas des piscines traitées au sel, l’inactivation du virus va prendre plus de temps qu’avec le chlore, mais « il n’y a pas eu de démonstration de telles transmissions actuellement par cette voie-là », rassure le chercheur. Au-delà du type d’eau utilisée, d’autres paramètres jouent sur la survie du virus. « La température est le paramètre majeur de l’inactivation des virus, quel qu’il soit, indique Christophe Gantzer. Plus la température monte, plus l’inactivation est rapide. » En plus d’être plus agréable, une eau chaude protège donc davantage qu’une eau froide.
Les piscines extérieures, rares à Paris il faut l’avouer, bénéficient d’un allié de poids dans la lutte contre le coronavirus, à savoir les ultraviolets (UV) émis par le soleil. En effet, « les UV inactivent assez rapidement le virus », précise Christophe Gantzer. En résumé, « la transmission par les piscines n’est pas un risque majoritaire, même s’il ne faut jamais dire jamais ».
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En revanche, précise le chercheur, « le risque majeur des piscines, c’est le non-respect de la distanciation des personnes. Toutes les pratiques de loisirs incitent évidemment les personnes qui sont dans la piscine à se rapprocher plus que nécessaire, et à ce moment-là il y a un risque de transmission de personne à personne. » Il faudra donc en cas de réouverture « garantir la distanciation des personnes ». On peut imaginer une cabine d’essayage sur deux, une douche sur deux ou une ligne d’eau sur deux…