CONFINEMENTTrois initiatives solidaires de quartiers qui ont fait le confinement

Coronavirus : Trois initiatives solidaires d'immeubles et quartiers qui ont fait le confinement à Paris

CONFINEMENTIls ont animé leur immeuble, leur quartier. Avec des exercices sportifs, des jeux, des discussions, le temps du confinement paraissait avec eux, parfois moins long
Romain Lescurieux

R.L.

Ils ont fait vivre un quartier, des appartements, des balcons parisiens. Durant toute cette période de confinement, ils sont devenus au fil des jours un visage, une voix pour leurs voisins. Ils s’appellent Noam Cartozo, Ismaïl Ichaoui et Mathieu Gerard, et du 11e arrondissement à Suresnes (Hauts-de-Seine) en passant par le 17e, leur énergie communicative a permis à des voisins de se connaître, de s’aider et d’avoir le sentiment d’appartenir à un quartier, à l’heure où auparavant, beaucoup ne connaissaient pas leurs voisins de palier. Retour sur ces initiatives solidaires, ces animations de quartiers et d’immeubles qui se sont soudainement retrouvés confinés le 17 mars dernier.



Questions pour un balcon

C’est la star du confinement parisien : Noam Cartozo, 31 ans, habitant de la rue Saint-Bernard, dans le 11e arrondissement. Dès le premier soir du confinement pour « créer du lien » avec ses voisins, il décide après les applaudissements de 20h, de mettre la musique « I Will Survive ». Mais se rendant compte dès le deuxième soir qu’il « danse seul », il se lance dans des quiz et pose des questions à ses voisins. Le succès est immédiat, le concept Questions pour un balcon voit le jour. « Je l’ai fait tous les soirs. Sauf une fois, après une intervention d’Emmanuel Macron, où je n’avais pas le moral ». Mais ils n’ont pas lâché. Aujourd’hui, Questions pour un balcon c’est une communauté connectée de trente à soixante voisins fédérés. « C’est assez fort ce qui se passe dans le quartier. Il y a eu dès le début un élan de solidarité énorme, ils se sont proposés de faire des courses, des services, de s’aider. Une amitié s’est créée entre les voisins. On a fêté les anniversaires des uns et des autres. Les gens seuls ça m’attriste mais au final ils ne sont pas si seuls. On est tous ensemble », explique-t-il. « Et ce lien va perdurer. Il y avait un vrai besoin d’humains dans cette histoire », assure Noam Cartozo.

Les séances de sport à Suresnes

Ismaïl Ichaoui, 29 ans, coach sportif et préparateur physique, n’est pas du genre à relâcher la pression. « J’ai tout de suite su que les gens allaient être sédentaires, le tout dans une ambiance anxiogène. Je me suis donc demandé comment les faire bouger ». Ni une, ni deux, dès la première semaine de confinement, Ismaïl Ichaoui se retrouve en bas de chez lui, dans le quartier des Chênes à Suresnes (Hauts-de-Seine) pour animer des séances de sport à destination des habitants du quartier HLM. En contact avec le Collectif solidaire des Chênes, il organise alors trois séances de 45 minutes par semaine, filmées en direct. Surtout, l’initiative dépasse la performance sportive. « Je viens avec le sifflet, la sono, et on fait des cours ludiques qui font travailler l’ensemble du corps pour les enfants, les adolescents, les adultes. Une trentaine de personnes en tout. Et surtout ça a créé du lien social. Quand les gens sortent sur leur balcon, ils se donnent des nouvelles, se découvrent », dit-il. Et de préciser : « Ce lien va continuer de se nouer après le confinement. Il y a un grand élan de solidarité qui s’est mis en place ».

Radio Batignolles

Mordu de radio et de l’époque des radios libres, Mathieu Gérard, 31 ans, n’a pas attendu très longtemps avant de brancher le micro depuis son canapé. Dès la première semaine de confinement, cet habitant des Batignolles (17e arrondissement) a lancé Radio Batignolles sur la plateforme Twitch. Le but : « Partager un bout d’après-midi avec les gens en jouant, en discutant, notamment de l’actualité et des bonnes initiatives. Au début, c’était des copains, de la famille, mais très vite, j’ai eu des invités, des musiciens, des DJ (Helmut Fritz​), des sportifs (Camille Lacourt, Fred Bousquet), des acteurs, et surtout des habitants des Batignolles ». Des voisins, des habitants du quartier, des commerçants, des restaurateurs du secteur se sont connectés à l’émission et tous ont échangé sur leurs inquiétudes, le futur, leurs envies. Au total, Radio Batignolles aura comptabilisé 50 émissions et plus de 45 invités. Prochaine étape : Un apéro avec la « communauté batignolaise » de Radio Batignolles… aux Batignolles.