« Les grands voisins, la cité rêvée » filme une utopie sociale et solidaire en plein Paris
DOCU•Le long format de Bastien Simon revient sur les deux années d’occupation de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul dans le 14e arrondissementG. N.
C’était il y a deux ans. La cité des Grands voisins fermait ses portes et se dissipait un peu l’idée d’une utopie sociale en plein cœur de Paris. Et aujourd’hui, comme un témoignage des moments passés avec peut-être une pointe de nostalgie, Bastien Simon livre Les Grands voisins – La cité rêvée, un film documentaire accessible en streaming sur la 25e Heure*, crise du coronavirus oblige.
Le réalisateur a pris part à l’aventure en 2015 quand l’association Aurore obtient la gestion de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul dans le 14e arrondissement pour y faire un centre social, avant que celui-ci ne soit reconverti en écoquartier. Bastien Simon y installe son atelier d’un atelier avec l’idée d’y recueillir « les paroles de ceux qui vivent ici, dans cet ancien hôpital ». Très vite, il sort la caméra et commence à filmer les 600 résidents sur place, pour la plupart fragiles et précaires, qui cohabitent avec 300 personnes issues d’associations ou d’entreprises de l’économie sociale et solidaire.
Punaises de lit et exclusion
Il en obtient une série Les Grands Voisins, journal de bord avant de s’atteler à la réalisation d’un long-métrage. Dans celui-ci, filmé à la steady-cam, il suit le parcours de Maël, artiste-peintre, qui tente en vain d’obtenir la nationalité française, d’Adrien, luthier et cofondateur du groupe KaceKode, ou encore de William, référent d’Aurore pour le site.
En parallèle, Bastien Simon offre des tranches de vie de cette utopie qui veut « faire tomber les barrières, les stéréotypes et les préjugés », selon les mots de William. On assiste à des répétitions musicales, des initiations au théâtre, ou au conseil des Grands voisins où se discutent et se décident les grandes orientations du site.
Le ton est globalement bienveillant, mais Bastien Simon n’occulte pas les difficultés rencontrées, que ce soit les punaises de lit ou les actes d’incivilité qui perturbent le bon fonctionnement du site. « On essaie à tout prix d’éviter l’exclusion », répète à ce propos William, qui ne veut pas renvoyer dans leur boucle des gens qui ont été exclus toute leur vie.
Mais comme toute utopie, celle-ci a une fin qui intervient en décembre 2017. Si certains appellent à rester coûte que coûte sur les lieux, le départ est acté et les installations progressivement démontées. Se pose la délicate question du relogement des résidents alors que William dénonce « des réductions budgétaires et une réduction des places d’hébergement ». A force de persévérance les résidents sont relogés mais l’esprit du site a vécu, même s’il tente d’essaimer ailleurs. Reste un peu de nostalgie car comme le disait Maël : « Ici, il se passe quand même des miracles. »
*Les séances ont lieu à des dates et heures précises au sein de salles de cinéma virtuelles. Plus de renseignements ici.