Municipales 2020 à Paris : Rythmes scolaires, cantine, écologie… Que proposent les candidats sur l’éducation ?
POLITIQUE (7/7)•« 20 Minutes » aborde chaque semaine un thème de la campagne des municipales à Paris. Aujourd’hui, l’éducationDelphine Bancaud
L'essentiel
- Les municipales se tiennent les 15 et 22 mars 2020. Chaque lundi, 20 Minutes aborde un thème de la campagne. Aujourd’hui, l’éducation.
- Quatre ans après la mise en place de la semaine de quatre jours et demi dans les écoles, les rythmes scolaires suscitent toujours le débat dans la société comme chez les candidats aux municipales.
- Mais ces derniers rivalisent aussi d’idées pour améliorer la nourriture dans les cantines, accroître la mixité sociale dans les établissements et développer les initiatives vertes en direction des enfants.
C’est un fait établi. Le nombre de familles avec enfants à Paris a baissé entre 2011 et 2016. Selon l'Insee, il est passé de 290.900 à 286.204. Une donnée qui pousse les candidats à l’élection municipale parisienne à investir le thème de l’éducation, non seulement pour tenter de garder une partie de leurs électeurs, mais aussi pour en attirer d’autres. Mais qui propose quoi ? 20 Minutes fait un tour d’horizon.
Sujet très clivant, les rythmes scolaires sont au cœur de la campagne. Alors que 85 % des communes ont déjà fait le choix de revenir à la semaine de quatre jours à l’école, Paris, qui avait adopté la semaine de quatre jours et demi à la rentrée 2017, persiste et signe. Même si les avis des syndicats d’enseignants et des fédérations de parents d’élèves sont contrastés sur la question. Parmi les critiques souvent évoquées : l’inégalité des activités périscolaires selon les écoles, la fatigue des enfants, surtout en maternelle… Pour trancher sur le sujet, Rachida Dati (LR) souhaite mener un audit sur les rythmes scolaires, via une consultation des représentants des parents d’élèves (FCPE, PEEP). Idem pour Cédric Villani (ex-LREM), qui propose un référendum avant de décider de la marche à suivre. Ce dernier souhaite aussi « une montée en gamme de la qualité du périscolaire, en développant les activités autour des sciences, de la musique et de l’anglais », a expliqué lors d’un débat organisé fin février par le think tank Vers le haut (dédié à l’éducation) Anne-Christine Lang, députée de Paris, qui soutient le scientifique. Mais pour Agnès Buzyn (LREM), il n’y a pas à tortiller : « On souhaite revenir à la semaine de quatre jours et instaurer un mercredi au vert. La mairie proposera deux sorties par mois en dehors de Paris : en forêt, pour visiter un château, une ferme pédagogique », indique Carole Diamant, qui soutient l’ancienne ministre de la Santé.
Haro sur la malbouffe dans les cantines
« Est-ce que mon enfant mange sainement à la cantine ? ». Une question que se posent souvent les parents parisiens. Et ceux du 18e arrondissement dénoncent depuis 2017 le manque de qualité des cantines de leurs écoles. Ils ont même récemment porté plainte pour « tentative de tromperie » contre la Sogeres, après avoir découvert de la viande allemande dans les poubelles de l’établissement, alors que le prestataire s’était engagé contractuellement à fournir exclusivement des viandes françaises. Du coup, plusieurs candidats aux municipales se positionnent sur ce dossier. Anne Hidalgo (PS) s’est ainsi fixé « un objectif de 100 % d’alimentation bio ou durable dans les cantines scolaires », a indiqué Patrick Bloche, adjoint à la mairie de Paris en charge de l’éducation, lors de ce même débat organisé fin février.
Raphaël Qnouch, tête de liste dans le 13e, soutien de Danièle Simonnet, candidate affiliée LFI, souhaite lui « faire revenir des cuisiniers dans les écoles », histoire d’éviter de passer par des prestataires privés. Sans surprise, Florence Herrero, conseillère de David Belliard (EELV), explique aussi que le candidat « souhaite 100 % bio et de local dans les cantines, et responsabiliser les acteurs de la restauration scolaire face au gaspillage alimentaire et à l’utilisation d’emballages en plastique ». Le sujet des cantines anime aussi Rachida Dati (LR), qui veut favoriser les circuits courts, mais qui se positionne sur la question du tarif des repas. « Nous souhaitons abaisser le prix plafond pour la cantine de 7 à 3,5 euros, dès la rentrée 2020. Car 40 % des familles parisiennes sont au dessus », affirme David Alphand, conseiller (LR) de Paris du 16e.
Lutter contre la ségrégation scolaire
Plusieurs candidats ont aussi en tête le manque de mixité sociale et scolaire de nombreux arrondissements parisiens. Pour y remédier, l’équipe d’Anne Hidalgo et celle de Danièle Simonnet proposent d’étendre l’expérimentation des secteurs multicollèges. Ce dispositif a consisté à mettre en place des secteurs communs à plusieurs collèges, afin de diversifier leur recrutement social. Cédric Villani monte aussi au créneau sur les inégalités. « Nous voulons construire des internats au collège en donnant la priorité d’accès aux enfants des familles monoparentales. Nous souhaitons aussi développer les concours d’éloquences dans les collèges et développer l’accueil des enfants de 2 ans des quartiers politique de la ville au sein des crèches, des jardins d’enfants… », indique Anne-Christine Lang. Lors de La grande confrontation ce mercredi sur LCI, en partenariat avec 20 Minutes et RTL, Danièle Simonnet a aussi indiqué qu’elle voulait lutter contre les inégalités en créant un droit universel aux vacances. « Chaque enfant pourra aller en colonie au moins une fois par an. Car actuellement, seul 1 enfant sur 50 part en colonie », a-t-elle promis si elle devient édile. Quant à Marcel Campion, surnommé le « roi des forains », et Serge Federbuch (soutenu par le RN), difficile de repérer dans leur programme une mesure concernant l’éducation.
Conscients de la montée en puissance des préoccupations écologiques chez les parisiens, plusieurs candidats montent au front sur le sujet. David Belliard promet l’installation de jardins dans les cours d’école et des cours de nature dispensés dans les établissements. Désireuse de rivaliser avec le candidat EELV sur le sujet, Anne Hidalgo souhaite fermer les rues à la circulation aux abords des écoles aux heures de dépose des enfants et « ouvrir une académie du climat pour offrir des formations gratuites aux 12-25 ans », indique Patrick Bloche. Rachida Dati souhaite quant à elle généraliser les capteurs mesurant la pollution de l’air dans les crèches et les écoles. Une ribambelle d’idées qui n’auront pas toutes les chances de voir le jour…