Municipales 2020 à Paris : Le périphérique sera au cœur de la bataille entre les candidats
POLITIQUE (6/7)•« 20 Minutes » aborde chaque semaine un thème de la campagne des municipales à Paris. Aujourd’hui, les transportsRomain Lescurieux
L'essentiel
- Les municipales se tiennent les 15 et 22 mars 2020. Chaque lundi, 20 Minutes aborde un thème de la campagne. Aujourd’hui, les transports et plus particulièrement le périphérique parisien.
- Quarante-six ans après sa naissance, cet axe routier fréquenté par 1,1 million d’automobilistes par jour, est principalement connu pour sa pollution et pour ses embouteillages récurrents.
- Tous les candidats se positionnent sur son avenir à quelques semaines du premier tour des élections municipales.
- Le détruire ? Le transformer ? Le préserver ? Telle est la question.
C’était un des derniers thèmes du Conseil de Paris, avant les municipales. En décembre dernier, l’exécutif parisien communiquait sur l’avenir du boulevard périphérique et dressait un premier bilan de la concertation sur le sujet. Un point d’étape. En juin dernier, les quarante préconisations d’une mission d’information et d’évaluation sur le périph avaient fait l’unanimité au Conseil de Paris. Elles proposaient de répondre à l’urgence sanitaire, avec notamment l'abaissement de la vitesse à 50 km/h, d’apaiser la circulation automobile par le développement des transports alternatifs d’ici 2040 avant de s’attaquer au réaménagement de l’espace occupé par le périphérique lui-même. Et pour cause.
Quarante-six ans après sa naissance, cet axe routier fréquenté par 1,1 million d’automobilistes par jour, est principalement connu pour sa pollution et pour ses embouteillages récurrents. A quelques semaines du premier tour des élections municipales, ce serpent de mer de la vie politique parisienne se retrouve donc naturellement dans la bouche de tous les candidats à la mairie de Paris. Enjeu environnemental, d’urbanisme, social, le périphérique est une thématique majeure. Mais qui propose quoi ? 20 Minutes fait un tour d’horizon.
« Je n’ai pas prévu de supprimer le périphérique »
Il en avait sa mesure phare. Gaspard Gantzer, ancien candidat pour le compte du mouvement Parisiennes, Parisiens, et qui a rejoint Agnès Buzyn (LREM), voulait supprimer le périphérique. « Il faut supprimer, détruire le périphérique et donner à Paris la taille dont cette métropole a besoin. Il faut de l’air », expliquait-il à 20 Minutes. Et de préciser : « Aujourd’hui, ça fait près de 150 ans que les frontières de Paris n’ont pas bougé. Il est en temps de le faire car le périphérique est une anomalie urbaine, architecturale et il est affreusement laid. C’est une grande source de pollution et il coupe Paris de sa banlieue. Il n’y a qu’à Paris qu’il y a un barreau circulaire à cinq kilomètres du centre de la ville ». Mais son idée n’a pas suivi avec son nouvel engagement auprès de la candidate LREM. « Je n’ai pas prévu de supprimer le périphérique », a indiqué à 20 Minutes Agnès Buzyn, lors d’un récent entretien. « Je pense que des passerelles ou des lieux de passage sont en revanche tout à fait envisageables avec les communes limitrophes […] mais pas de grands travaux. Je pense que les Parisiens et les Parisiennes aujourd’hui sont épuisés des grands travaux », a-t-elle ajouté auprès de l’AFP.
Long ruban de 35 km enserrant la capitale, le périphérique avait été inauguré en grande pompe le 25 avril 1973 par le Premier ministre Pierre Messmer après 15 ans de travaux sur l’emplacement des anciennes fortifications de Paris. Pour la maire sortante Anne Hidalgo, le périphérique devra à terme être transformé en un boulevard urbain. « Cela veut dire, diminution de la vitesse, végétalisation sur une bonne vingtaine d’hectares, on peut planter entre 70.000 et 80.000 arbres », explique le maire adjoint Jean-Louis Missika. « Cela veut dire aussi à certains endroits des feux de signalisation, des passages piétons et, là où il y a quatre voies, une voie réservée aux véhicules propres, covoiturage et transports en commun d’ici 2023 et une autre pour les piétons et les vélos », dit-il.
En 2014, déjà, Anne Hidalgo promettait aussi « un plan d’embellissement de toutes les grandes places parisiennes » et des « actions concrètes » pour que « dès demain, des projets innovants permettent d’effacer cette frontière qu’est le périphérique ». Quid des autres candidats ?
« Transformer le périphérique »
« Nous sommes aussi pour transformer le périphérique en un boulevard urbain végétalisé », explique l’écologiste Fatoumata Koné qui souhaite cependant que les habitants soient consultés à ce sujet. Pour EELV, la place gagnée sur le périph devra surtout répondre aux besoins locaux en matière de logements, d’infrastructures sportives ou culturelles.
Pour Cédric Villani (ex-LREM) défenseur d’un Paris agrandi, il appelle à « effacer le périphérique en tant que barrière physique, administrative et psychologique ». Il faut, dit-il, « suturer, recouvrir là où c’est possible, dresser des passerelles et favoriser les déplacements doux ». Danielle Simonnet (soutenue par LFI) veut, elle, « poursuivre la couverture du périphérique là où c’est possible et créer des espaces verts ».
Notre dossier Municipales 2020
De son côté Rachida Dati ne veut pas toucher au périphérique car il joue un rôle majeur pour permettre le drainage des flux automobiles. « Cela n’a aucun sens d’envisager sa suppression. En revanche, nous réfléchirons à l’expérimentation d’une voie réservée pour des navettes express, le covoiturage, les taxis et les véhicules propres », indique-t-elle dans son programme.
Marcel Campion prend le contre-pied de tous les autres candidats et propose de le doubler. « On fait un double périphérique, en dessous de l’actuel pour une mobilité autour de Paris, et on végétalise les surfaces au-dessus », expliquait-il à 20 Minutes en décembre dernier.