Municipales 2020 à Paris : « Avec Anne Hidalgo, nous sommes dans un système autoritaire », estime Serge Federbusch, soutenu par le RN
INTERVIEW•Le candidat de « l’union des droites » soutenu par le Rassemblement National, Serge Federbusch, détaille auprès de « 20 Minutes » sa vision pour ParisPropos recueillis par Romain Lescurieux
L'essentiel
- Pour la première fois de son histoire, le Rassemblement National ne présente pas de liste, ni candidats, dans la capitale. Mais soutient Serge Federbusch.
- Ancien conseiller à l’urbanisme de Bertrand Delanoë, il était en 2014 sur la liste de Charles Beigbeder.
- Celui qui assure qu’il aura des têtes de listes dans tous les arrondissements, sera candidat dans le 19e.
A droite de la droite de la droite. Serge Federbusch, candidat (« Aimer Paris ») soutenu par le Rassemblement national (RN) et le Parti chrétien-démocrate (PCD) tente de se faire une place dans la bataille des municipales dans la capitale avec son « union des droites ». Ancien conseiller à l’urbanisme de Bertrand Delanoë, puis conseiller apparenté UMP dans le 10e arrondissement, il était en 2014 sur la liste de Charles Beigbeder et tend aujourd’hui la main aux Républicains (LR).
Cetta année, pour la première fois de son histoire, le mouvement de Marine Le Pen ne présente pas de liste, ni candidats dans la capitale pour les municipales de 2020. Mais compte donc sur Serge Federbusch pour faire le job. « Philosophe de formation », dit-il, avec un goût pour « la liberté de penser », ce candidat du 19e arrondissement égrène ses propositions sécuritaires et anti-migratoires et détaille auprès de 20 Minutes sa vision pour Paris.
Le premier tour des élections municipales se tient dans deux mois. Sur quel axe allez-vous centrer votre campagne ?
Le premier axe est la crédibilité. Tous les candidats sont en train de dire la même chose sur la propreté ou encore la sécurité. Sauf que nous, nous le disions avant et nous avons des solutions réelles et efficaces. Nous allons bien sûr armer la police municipale, mais nous allons aussi créer des conseils de sécurité de quartier, avec des rondes citoyennes, en s’appuyant sur la population pour localiser les dealers et les fauteurs de troubles. Les gens les connaissent mais ils n’osent pas rétablir l’ordre. Nous n’hésiterons pas à briser des tabous.
De quels tabous parlez-vous ?
Le tabou de l’armement de la police. Et le fait que nous allons aller au-delà de la police de proximité. Nous allons vraiment intégrer cette police municipale aux conseils de sécurité de quartier pour des rondes citoyennes. C’est l’origine de la Garde républicaine. Il faut redonner la question de la sécurité aux Parisiens, que les citoyens assurent eux-mêmes et participent à leur propre sécurité. C’est démocratique et populaire.
Il n’y a pas plutôt un risque de dérives avec un tel système ?
Au contraire. Des gens de toute opinion, de toute sensibilité, peuvent y participer. Ça va se faire naturellement et en toute transparence. La dérive autoritaire aujourd’hui, c’est le gouvernement d’Emmanuel Macron qui fait frapper et gazer des gens par des brigades qui ne portent même plus de brassard. Mais rapprocher la police du peuple n’a rien d’autoritaire.
Vous êtes très peu de candidats à vouloir à la réouverture des berges : Marcel Campion et vous. Pourquoi est-ce une de vos priorités ?
C’est un peu moi qui ai suggéré l’idée à Marcel Campion. Mais tout le monde est invité à revenir à la raison. Nous sommes dans une situation chaotique en matière de circulation. Les grèves ont montré l’inanité de la politique de la mairie. Il y a plus de gens à vélo mais aussi beaucoup plus en voiture, en scooter ou à moto. C’est la congestion absolue. On a un système qui dysfonctionne au premier problème. Nous, nous assumons parfaitement de rouvrir les voies sur berges en semaine, jusqu’à ce qu’une solution pérenne soit offerte aux Parisiens, soit un réseau souterrain de Morland au Trocadéro pour les véhicules, avec toute une zone piétonne en surface.
Quasiment tous les candidats parlent de l’urgence climatique, de transition énergétique. Avez-vous des propositions en faveur de l’écologie ?
Je ne brandis pas l’écologie. Je suis le seul candidat à ne pas faire de l’écologie démagogique ou de l’écologie punitive. Je considère aussi que créer des embouteillages ou bâcler la question de la propreté, comme le fait la mairie, est loin d’être écologique.
En juillet dernier, lors d’une réunion avec Robert Ménard, maire RN de Béziers, vous disiez « Avec "Aimer Paris", on est là pour leur mettre le nez dans leur caca » en parlant d’Anne Hidalgo et de Benjamin Griveaux. Pourquoi cette stratégie ?
C’est un propos parmi 1.000. Ce n’est pas une stratégie de vouloir dénoncer pour dénoncer mais l’idée est de dire la vérité aux Parisiens, même s’ils voient bien la réalité de leur ville. La mairie est dans la communication et l’amateurisme. Avec Anne Hidalgo, nous sommes dans un système autoritaire avec une bureaucratie qui produit toujours plus de règles et de contraintes de plus en plus absurdes Ça se traduit politiquement par le fait qu’Anne Hidalgo s’allie avec un parti stalinien, le Parti Communiste de Ian Brossat.
En novembre, vous sembliez avoir du mal à faire venir des gens sur vos listes. Allez-vous avoir des têtes de liste dans tous les arrondissements ? Et dans quel arrondissement serez-vous candidat ?
On aura des têtes de liste dans tous les arrondissements. Moi je serai candidat dans le 19e arrondissement. J’ai décidé d’aller là où c’est le plus dur. Quand on est le chef dans une bataille, il faut savoir aller au front. C’est un arrondissement qui souffre énormément avec des clandestins et des favelas qui viennent pour des raisons économiques. Et qui continuent de venir à Paris parce que la mairie les attire. Ils sont aussi nourris et soignés.
Les conditions sont extrêmement précaires et on ne fait pas des milliers de kilomètres au péril de sa vie, pour « vivre » porte de la Chapelle ou d’Aubervilliers…
Ils ne viendraient pas s’ils savaient qu’il n’y avait aucune place pour eux. D’ailleurs il n’y en a pas. Les gens s’entassent. La politique d’Anne Hidalgo est ignoble. Elle les attire et cherche à s’en débarrasser.
La crise migratoire est surtout du ressort de l’Etat…
Je ne suis pas favorable à la politique migratoire laxiste d’Emmanuel Macron. Si je deviens maire de Paris je défendrai bec et ongles les intérêts de la ville de Paris contre ce phénomène. On va dire que c’est un discours de facho. Mais non, c’est un discours de vérité et de dignité.
Quel rôle joue le Rassemblement national dans votre campagne ?
Ils me soutiennent. Comme je suis soutenu par le Parti chrétien-démocrate, le Rassemblement pour la France, le Siel (Souveraineté, identité et libertés), le Parti des Libertés, et des cadres de Debout la France seront candidats pour Aimer Paris. C’est une offre politique diverse et qui représente beaucoup de sensibilités à droite.
Pensez-vous sincèrement qu’il existe une place pour l’extrême-droite à Paris ?
Vous pouvez brandir le mot extrême-droite. C’est inadapté et risible. Je ne crois pas que ce soit d’extrême-droite de vouloir que les gens puissent avoir la liberté de circuler, que nos rues soient propres ou que les gens puissent se loger. A chaque fois que la parole me sera donnée je ferai savoir que les Parisiens ont à faire des menteurs et des démagogues.