Grève à Paris : Quelle est la stratégie de la ville pour ne pas crouler sous les déchets ?
SOCIETE•La propreté est l’un des secteurs de la ville les plus touchés par la grève contre la réforme des retraites. La mairie de Paris s’adapte pour tenter de garder ses rues propresRomain Lescurieux
L'essentiel
- Jeudi 9 décembre, 26 % d’agents à la direction de la propreté étaient grévistes et les 14e et 15e arrondissements ont été particulièrement touchés. Mardi, 10 % des agents étaient de nouveau en grève.
- Si la mairie a rattrapé son retard dimanche, elle en a repris avec la journée de mobilisation de mardi.
- « On s’adapte au jour le jour », indique-t-on à la mairie de Paris.
Poubelles qui débordent, cartons sur la chaussée… Depuis le début de la mobilisation sociale contre la réforme des retraites, certaines rues de Paris peuvent connaître des retards dans la collecte des déchets. Si la situation n’est pas encore dramatique, la mairie suit toutefois de très près le dossier propreté. Car à Paris, où 3.000 tonnes de déchets sont produites chaque jour, le risque de crouler sous les ordures est élevé.
« Deux jours, ça se gère, plus, ça devient compliqué », assurait-on avant les grèves à l’Hôtel de ville, où l’on estime que Paris est paralysé par les déchets au bout du troisième jour sans ramassage. Finalement, quelle est l’ampleur de la mobilisation ?
« On s’adapte au jour le jour »
Jeudi, 26 % d’agents à la direction de la propreté étaient grévistes et les 14e et 15e arrondissements ont été particulièrement touchés. Mardi, 10 % d’agents étaient à nouveau grévistes. Si l’ampleur de la mobilisation baisse, la grève devrait encore se poursuivre alors que la fronde générale est appelée à s’amplifier. Pour le moment, la ville fait face en maintenant un niveau de propreté dans les rues et parvient à rattraper « les retards cumulés » lors notamment des journées de manifestation.
Agents grévistes, embouteillages sur le parcours de la collecte, incinérateurs et centres de tri bloqués…. La ville doit composer selon plusieurs paramètres. « On s’adapte au jour le jour », affirme Aurélie Robineau-Israël, secrétaire général de la ville. « La principale difficulté à laquelle nous sommes confrontés, ce n’est pas tant le nombre d’agents grévistes, mais ceux qui n’arrivent pas à rallier leur lieu de travail », assure-t-elle. Deux tiers des agents de la ville (tous les secteurs confondus) n’habitent pas à Paris intra-muros, selon la mairie. « Et on estime que 30 % de nos agents n’arrivent pas à venir », ajoute-t-elle. Quels sont les recours pour la propreté ?
Moyens supplémentaires, entreprises privées
La ville demande aux habitants de ne pas sortir leurs encombrants pour que les agents se concentrent sur le quotidien et les urgences. « Jeudi dernier, deux tiers des poubelles de la journée ont été ramassées normalement. Un tiers est resté en souffrance le soir. Soit 1.000 tonnes. Nous avons donc mobilisé des moyens complémentaires, avec des équipes de nuit, des équipes d’après-midi, pour rattraper le retard. Au final, nous avons rattrapé notre retard le dimanche », détaille Paul Simondon, adjoint à la maire de Paris chargé de la propreté et de la gestion des déchets. « Mais on va sûrement reprendre du retard, avec la journée de mardi », note-t-il. La ville n’hésite pas également a mobilisé une centaine de camions-bennes en plus de ceux qui tournent habituellement. Et à faire appel à des entreprises privées.
A Paris, la collecte est mixte : une partie des arrondissements est gérée en régie municipale et une autre partie par des entreprises privées. « Il y a eu des difficultés de deux côtés. Du coup, évidemment, il y a eu des moyens complémentaires engagés par les prestataires privés et par la ville, avec des tournées exceptionnelles », reprend Paul Simondon. Enfin quid des journées de manifestation qui peuvent générer un travail supplémentaire ?
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« Pour la journée de jeudi, comme pour la journée de mardi, nous avons effectué un travail avec les équipes de propreté en amont sur le trajet de la manifestation en retirant tous les éventuels encombrants qui pourraient être gênants et les colonnes à verre. Tout en passant sur tout le parcours pour expliquer aux immeubles et commerçants de ne pas sortir leur poubelle le jour en question », indique-t-on à la mairie. « Tout en respectant le droit de grève, nous devons assurer la continuité du service public et diminuer les conséquences négatives pour les Parisiens. », insiste Paul Simondon.