Moins de voitures, plus de verdure… A quoi pourraient ressembler les Champs-Elysées en 2024?
AMENAGEMENT•La « plus belle avenue du monde » n’est plus fréquentée par les ParisiensNicolas Raffin
L'essentiel
- Le comité des Champs-Elysées veut transformer l’artère mondialement connue en un lieu plus accueillant.
- Une large part serait prévue pour les terrasses et les piétons, au détriment de l’automobile.
- Le coût d’un tel projet n’a pas été chiffré.
Le comité des Champs-Elysées rêve en grand. L’association, qui regroupe de nombreux acteurs économiques (commerces, hôtels, etc.), a dévoilé ce mercredi sa « vision » de l’artère emblématique de la capitale pour les prochaines années. A en croire la plaquette distribuée aux journalistes, il ne s’agit ni plus ni moins que de « réenchanter les Champs-Elysées à l’horizon des Jeux olympiques ».
« Il faut incarner la modernité du XXIe siècle, lance Jean-Noël Reinhardt, le président du comité. Les Parisiens ne retrouvent pas leurs Champs-Elysées et n’y vont plus ». En effet, selon une étude menée par l’association, les personnes fréquentant l’avenue sont en majorité des touristes (72 %) ou des employés du quartier (22 %). Autrement dit, très peu de Parisiens ou de Franciliens vont aujourd’hui se balader sur « la plus belle avenue du monde ».
Moins de place pour les voitures
Pour inverser cette tendance, le comité des Champs-Elysées a demandé à l’architecte Philippe Chiambaretta de réfléchir à une modernisation de l’avenue. L’homme n’est pas un novice : il s’est notamment occupé de la rénovation de l’immeuble Art déco qui abritait le magasin Virgin sur les Champs. Ses travaux présentés ce mercredi laissent entrevoir une avenue plus apaisée et plus verte.
L’idée forte, c’est de réduire considérablement la place de l’automobile : 64.000 véhicules y transitent chaque jour. « Il faut aller vers une diminution progressive des nuisances de la voiture », appuie l’architecte. En suivant sa vision (voir projections ci-dessous), les Champs-Elysées passeraient à quatre voies de circulation (deux dans chaque sens), contre huit voies actuellement.
Avec cet espace gagné sur la route, Philippe Chiambaretta propose de développer de nouvelles terrasses du côté ensoleillé de l’avenue. Le côté plus ombragé accueillerait quant à lui une piste cyclable à double sens. Des « voûtes d’arbres » et des « filets d’eau » reproduisant des ruisseaux permettraient enfin de créer des « îlots de fraîcheur » le long de l’avenue.
Une nouvelle place de l’Etoile
Voilà pour la partie « centrale » des Champs-Elysées. Mais pour le comité, il faut aussi réhabiliter les jardins de l’avenue, qui s’étendent entre le Grand Palais et la place de la Concorde. L’architecte propose donc de les thématiser : parc pour enfants, jardin sportif, lieu d’exposition en plein air, etc. Aujourd’hui, ces espaces sont gérés par des entités très différentes. « Il y a besoin d’une cohérence », affirme Philippe Chiambaretta.
Le dernier gros morceau, c’est la place de l’Etoile. Le comité des Champs-Elysées veut là aussi réduire la place de la voiture afin de créer plusieurs pavillons et jardins tout autour de l’Arc de Triomphe. De manière plus audacieuse, il envisage aussi de pouvoir transformer la place en plage pendant l’été, et en patinoire l’hiver (voir visuels ci-dessous).
Toutes ces belles images ne sont pour l’instant qu’un rêve d’architecte. « Le comité ne décide pas, il propose, concède Jean-Noël Reinhardt. Pour que ce projet [qui n’est pas chiffré à l’heure actuelle] advienne, il faut une volonté politique. » L’association va donc habilement profiter de la proximité des élections municipales en 2020 pour faire du lobbying auprès des différents candidats à la mairie de Paris.
Du côté de l’équipe actuelle, le « projet » du comité des Champs-Elysées suscite un enthousiasme mesuré. « J’ai trouvé ça passionnant, affirme Olivia Polski, adjointe chargée du commerce à la mairie de Paris. Sur le principe, on est complètement d’accord. Après il y a énormément de sujets, on ne peut pas tout mener de front en même temps. Il y a eu un certain nombre de grandes places qui ont été travaillées, et pourquoi pas les Champs-Elysées sur la prochaine mandature. »