PRE-CAMPAGNE«Les oppositions se marchent sur les pieds» à Paris pour les municipales

Municipales à Paris : «Les oppositions se marchent sur les pieds»

PRE-CAMPAGNEAnne Hidalgo prend la tête de la campagne, à un an des municipales. Pour le président du groupe socialiste au Conseil de Paris, c’est la preuve d’un changement de vision des Parisiens sur le bilan de la majorité de gauche
Rachel Garrat-Valcarcel

Rachel Garrat-Valcarcel

L'essentiel

  • A un an des élections municipales, la maire de Paris sortante, la socialiste Anne Hidalgo, sort en tête, malgré une année difficile.
  • Le PS, en difficulté au plan national, profite, pour le moment en tout cas, de la grande division des oppositions.
  • Mais la fragmentation nouvelle du paysage politique parisien pourrait aussi coûter cher aux socialistes.

L’idée selon laquelle « l’annus horribilis » d’Anne Hidalgo est terminé ne serait donc peut-être pas totalement du storytelling ? D’après un sondage Ifop pour Le Journal du dimanche, publié ce dimanche, à un an des municipales, la maire de Paris ressortirait en tête du premier tour, dans toutes les hypothèses (plusieurs têtes de listes de La République en marche et de Les Républicains étaient testées).

Le score des listes socialistes (23 à 25 %) progresse même un peu par rapport au sondage commandé en septembre, où elles étaient à égalité avec Benjamin Griveaux pour LREM (22 à 23 % aujourd’hui, contre 23 % en septembre et 32 % il y a un an). Et même si les Parisiennes et les Parisiens émettent un avis plutôt négatif sur le bilan de la municipalité (à 55 %), c’est un chiffre qui est en retrait de trois points par rapport à il y a un an.

« Une vision plus positive »

Pour le président du groupe socialiste au Conseil de Paris, Rémi Féraud, « c’est une confirmation du rétablissement progressif d’Anne Hidalgo ». Le sénateur voit, au global « un changement de l’opinion des Parisiens sur le travail de la municipalité. Depuis l’été dernier, je sens une vision plus positive ». Cela correspondrait selon lui au rétablissement des Vélib’et à la concrétisation de plusieurs promesses de campagnes jusqu’alors en chantier.

« Mais il faut rester modeste, rien n’est fait », dit aussi Rémi Féraud. Sans aucun doute. Il reconnaît d’ailleurs que, vu le mode de scrutin par arrondissements, un sondage parisien n’offre qu’une « vision partielle du paysage ». Le paysage est marqué selon lui par « l’atomisation et la dispersion des oppositions ». Un point forcément positif pour l’ancien maire du 10e, dans l’optique de la réélection d’Anne Hidalgo. « Les oppositions se marchent sur les pieds. »

LREM grignote surtout à droite

Rémi Féraud ne manque d’abord pas de noter que Benjamin Griveaux, possible candidat macroniste à la mairie de Paris, perd une dizaine de points en un an. Surtout, il pense que le score de Les Républicain est « minoré » par le sondage : « La tête de liste n’est pas connue et je pense qu’il ne prend pas en compte la bonne implantation des maires de droite dans leurs arrondissements. » Des endroits où la gauche n’a pas grand-chose à gagner.

Or, pour le chef du groupe PS au Conseil de Paris, c’est surtout à droite que La République en marche grignote. Et, effectivement, le total des listes de gauche (43 à 44 %) ne perdrait que cinq-six points par rapport à 2014. La droite, elle, perdrait jusqu’à quinze points.

Concurrence à gauche

Mais cette fragmentation nouvelle du paysage parisien coûte aussi aux socialistes. D’abord, même en tête, réunir moins d’un quart des électeurs quand on est sortant n’est pas un immense succès. Mais surtout il y a de la concurrence, avec des listes Europe-Ecologie – Les Verts entre 10 et 11 % et France insoumise à 8 %. Avec un tel score, les listes mélenchonistes pourraient se maintenir dans des bastions du PS au second tour (18e, 19e, 20e), où Anne Hidalgo aura besoin de faire le plein de conseillers de Paris.

Rémi Féraud se félicite tout de même du score des écologistes dans le sondage. « Cela prouve que notre redressement ne se fait pas au détriment de nos partenaires. » Jusqu’à la France insoumise ? « Non, mais je suis certains que les électeurs insoumis voudront la victoire de la gauche au second tour. Je note quand même que notre score ne se fait pas non plus aux dépens de La France insoumise, qui ne baisse pas et ne monte pas. »

Et maintenant ? Anne Hidalgo n’est pas officiellement candidate. Quel sera son calendrier dans les prochains mois ? Pour le chef du Parti socialiste parisien, rien ne presse. « Elle est maire sortante, elle n’a pas besoin de se déclarer si vite. » Mais… « Personne ne doute qu’elle sera candidate mais là elle va pouvoir rester pleinement maire de Paris pendant encore un moment.

D’autant plus qu’en face, c’est le flou. D’habitude, un an avant les élections, on connaissait déjà le candidat de l’opposition. » Françoise de Panafieu avait été désignée tête de liste UMP en 2006 pour les élections de 2008, Nathalie Kosciusko-Morizet en juin 2013 pour le scrutin de mars 2014.