SOCIETEUne séance photo qui célèbre les roux et les rousses

Paris: Des roux se font tirer le portrait contre le «roucisme»

SOCIETEUne séance photo pour dire non au racisme anti-roux s’est tenue ce jeudi après-midi au musée national Jean-Jacques Henner à Paris dans le 17e arrondissement
Mathieu Marin

Mathieu Marin

L'essentiel

  • Le musée national Jean-Jacques Henner accueille l’exposition Roux ! De Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel jusqu’au 20 mai 2019.
  • Dire non au « roucisme », le racisme anti-roux, tel est l’objectif du photographe Pascal Sacleux qui a organisé un shooting photo ce jeudi 14 février.
  • Une séance photo pour lutter contre les préjugés autour de la rousseur.

Une effervescence toute particulière règne au sein du musée national Jean-Jacques Henner , situé dans le 17e arrondissement de Paris, ce jeudi après-midi. Et pour cause, les crépitements de l’appareil photo du photographe Pascal Sacleux ne s’arrêtent pas. De nombreuses personnes se précipitent vers lui pour se faire tirer le portrait. Rien d’extraordinaire pourrait-on se dire. Mais l’événement se révèle être un hommage aux roux et rousses. Des photos pour témoigner de la beauté des personnes rousses.

Dire non au roucisme, le racisme anti-roux. Tel est l’objectif du photographe Pascal Sacleux, lui-même roux. Une seule arme pour riposter : son appareil photo. « L’idée m’est venue en écoutant la nécrologie de Mickey Rooney à la radio en 2014. Le portrait qui lui était consacré m’a horrifié lorsqu’on l’a présenté comme petit, rondouillard et rouquin. Cela voulait dire qu’être roux est un handicap », explique le photographe.

Les roux et rousses se sont fait tirer le portrait au Musée national Jean-Jacques Henner
Les roux et rousses se sont fait tirer le portrait au Musée national Jean-Jacques Henner  - M.Marin/20 Minutes

Des moqueries dans les cours de récréation

Très vite, il rencontre de nombreux roux, leur tire le portrait et écoute les différentes moqueries qu’ils ont pu subir notamment dans les cours de récréation. « J’ai souvent eu les larmes aux yeux sur les histoires de harcèlement », confie-t-il. Et se remémore ce qu’on a pu lui dire lorsqu’il avait 17 ans : « Les roux, c’est comme les noirs, quand il pleut ça sent le chien mouillé. » Un choc à l’époque.

Au musée Jean-Jacques Henner, les roux et rousses défilent donc pour changer le regard des autres. « Je trouve l’initiative importante, l’idée n’est pas de créer un ghetto de roux mais bien de sensibiliser un maximum de personnes. Je n’ai pas vraiment souffert de moqueries à l’école mais cela n’a pas été la même chose pour des amies », explique Anaelle venue spécialement de Bobigny (Seine-Saint-Denis). « Tu pues », « sorcière », « t’es moche » font office d’insultes récurrentes.

Le photographe Pascal Sacleux en plein shooting au Musée national Jean-Jacques Henner.
Le photographe Pascal Sacleux en plein shooting au Musée national Jean-Jacques Henner. - M.Marin/20 Minutes

Une exposition sur le thème de la rousseur

Et si le flash crépite à toute vitesse, des retrouvailles provoquent de grandes exclamations au sein du musée. Certains se retrouvent six mois après le Red Love, le tout premier festival pour les roux basé à Châteaugiron (Ile-et-Vilaine) pour sortir de l’isolement. « C’est toujours plaisant de retrouver des têtes que nous avons croisées à divers événements. Il y en a qui ont subi des moqueries pendant l’adolescence mais qui aujourd’hui ont digéré tout cela. Et d’autres qui sont encore bien atteints et ne supportent pas leur couleur de cheveux », détaille Antoine.

Entre deux photos, les visiteurs du jour flânent le long de la nouvelle exposition du musée Jean-Jacques Henner. Bien renseignés sur le nouveau thème de la rousseur. « Depuis la fin janvier, l’exposition baptisée Roux ! De Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel connaît un franc succès. De nombreuses peintures y sont exposées mais aussi une évocation par exemple à la littérature jeunesse qui donne la part belle à des héros et héroïnes à la chevelure rousse. Il y a une identification pour les roux dès le plus jeune âge avec Fifi Brindacier, Tintin ou encore Spirou », raconte Cécile Cayol, responsable de la programmation culturelle.

Depuis plusieurs mois, Pascal Sacleux a tiré le portrait de centaines de roux en Bretagne.
Depuis plusieurs mois, Pascal Sacleux a tiré le portrait de centaines de roux en Bretagne. - Pascal Sacleux

Les roux entre fascination et répulsion

Et si les roux ont suscité tant de réactions mêlant fascination et répulsion, l’exposition permet d’évoquer un imaginaire tout autant que les préjugés autour de la rousseur qui fascine et dérange à la fois. « Certains fantasment sur les personnes rousses quand d’autres leur lancent des propos abjects », résume Virginie, de passage sur Paris.

Gaelle n'a pas manqué de s'inscrire dès qu'elle a eu connaissance de ce shooting.
Gaelle n'a pas manqué de s'inscrire dès qu'elle a eu connaissance de ce shooting. - M.Marin/20 Minutes

« Je n’ai pas particulièrement souffert de moqueries même si on a pu me dire "Poil de Carotte" », témoigne Gaelle qui s’est rapidement inscrite à ce shooting. Pascal Sacleux la coupe : « Poil de Carotte est un héros de roman et cela ne m’a jamais atteint lorsque l’on m’a balancé ça. En revanche, rouquin est beaucoup plus fort car cela implique qu’être rouquin est un handicap. »

Son livre Etre roux paru en 2018 prouve bien le contraire avec environ 800 portraits en forme de pied de nez à toutes les mauvaises blagues subies par les personnes à la chevelure rousse.

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L’exposition Roux ! De Jean-Jacques Henner à Sonia Rykiel est visible jusqu’au 20 mai 2019 au musée national Jean-Jacques Henner.