Université Paris-13: Un étudiant exclu après une plainte pour antisémitisme
SOCIETE•L'étudiant a été exclu le 8 février par la section disciplinaire de l'université pour «un an, dont deux mois ferme»20 Minutes avec AFP
EDIT : Un courrier de monsieur Elie Hatem, mis en cause par l’UEJF dans la version initiale de cet article, adressé à la rédaction le 19 février 2019, apporte un certain nombre de précisions intégrées dans l'article ci-dessous et précisées ci-après.
Elie Hatem intervient à l’Université Paris-13 pour un cours de droit de la responsabilité médicale et droit des personnes morales.
Il dément tout propos racistes et/ou antisémites.
Il affirme n’avoir jamais été membre du mouvement royaliste Action française mais être membre du Comité directeur de l’Action Française, une association de loi 1901 déclarée en Préfecture depuis 1998.
Il écrit aussi : « Issu d’une famille partiellement juive de rite karaïte, je me sens concerné par la montée de l’antisémitisme en France. »
Un étudiant de l'université Paris-13 (Seine-Saint-Denis) a été exclu après la plainte d’une élève en médecine, qui accuse plusieurs étudiants d’avoir tenu des propos antisémites à son égard, a-t-on appris auprès de la faculté.
Des faits « profondément inacceptables »
L’étudiant a été exclu le 8 février par la section disciplinaire de l’université pour « un an, dont deux mois ferme », a précisé Paris-13 dans un communiqué. Sept autres étudiants et étudiantes, également mis en cause par cette élève, ont eux été « relaxés ».
La jeune fille, étudiante en deuxième année de médecine sur le campus de Bobigny, avait porté plainte en octobre 2018, assurant avoir fait l’objet de harcèlement à caractère antisémite de la part d’un groupe d’élèves, notamment lors de la préparation d’un week-end d’intégration.
Alertée, la présidence de l’université, installée sur plusieurs sites en Seine-Saint-Denis et dans le Val-d’Oise, avait saisi la section disciplinaire, ainsi que le procureur. La ministre de l’Enseignement supérieur Frédérique Vidal avait dénoncé des faits «profondément inacceptables».
« Infraction insuffisamment caractérisée »
En janvier, le parquet de Bobigny a classé sans suite la plainte de la jeune fille, pour « infraction insuffisamment caractérisée ». Son avocat, Me Antonin Péchard, a dit à l’AFP avoir déposé une nouvelle plainte pour tenter d’obtenir l’ouverture d’une enquête par un juge d’instruction.
Depuis octobre, cette situation a donné lieu « à un grand nombre de spéculations et déclarations publiques excessives ou prématurées et aux exagérations les plus violentes sur les réseaux sociaux », regrette l’université dans son communiqué. Elle appelle « la communauté universitaire dans son ensemble à redoubler d’efforts et d’actions concrètes, de même qu’à poursuivre un inlassable examen de conscience sur les questions de discrimination, de racisme et d’antisémitisme ».
La décision de la section disciplinaire intervient alors que fin janvier, le cours d’un intervenant, Elie Hatem, a été interrompu par l'Union des étudiants juifs de France (UEJF).
« Notre démarche a été d’alerter »
« Notre démarche a été d’alerter les étudiants sur le fait qu’ils avaient un professeur (…) qui tient des propos racistes », a expliqué à l’AFP le président de l’UEJF, Sacha Ghozlan, intervenu au mégaphone lors de ce cours sur le campus de Bobigny. Des affirmations que cet intervenant pour un cours de droit de la responsabilité médicale et droit des personnes morales dément vigoureusement, dans un courrier adressé à la rédaction le 18 février 2019.
Elie Hatem, membre du Comité directeur de l’Action Française, « a participé à beaucoup de conférences ces derniers mois, des conférences où il rend hommage à Pétain, où il appelle à appliquer intégralement les théories de Charles Maurras, donc des propos assez virulents », a ajouté Sacha Ghozlan.
L’UEJF, qui demande « l’exclusion définitive » d’Elie Hatem, précise avoir envoyé un courrier au président de la faculté, à la ministre de l’Enseignement supérieur, à la Conférence des présidents d’université (CPU) et à la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH). Sollicitée par l’AFP, la présidence de Paris-13 n’a pas souhaité réagir pour l’heure.