ALIMENTATIONPourquoi 700 élèves d’un lycée sont privés de cantine?

Val-de-Marne: Pourquoi 700 élèves d’un lycée sont privés de cantine?

ALIMENTATIONDes adolescents sont contraints de manger dehors, aux dépens de leur portefeuille et de leur santé…
Le lycée Marcelin-Berthelot, à Saint-Maur
Le lycée Marcelin-Berthelot, à Saint-Maur - Illustration / Wikimedia Commons
Pierre Cloix

Pierre Cloix

L'essentiel

  • Depuis la rentrée 2018, la cafétéria du lycée Marcelin-Berthelot est fermée
  • Entre 500 et 700 élèves sont contraints de déjeuner à l'extérieur
  • Un bras-de-fer s'est engagé entre l'établissement et la Région

«Manger dehors » quand on est au lycée, c’est un peu la liberté. Mais quand c’est contraint et forcé, et en plein hiver de surcroît, ça peut vite perdre de son charme.

Depuis la rentrée de septembre, les élèves du lycée Marcelin Berthelot sont privés de leur cafétéria et doivent composer pour se nourrir à la pause de midi. Au total, ce sont entre 500 et 700 élèves qui, chaque jour, déjeunent dans des snacks ou apportent leur propre plat au lycée. Pire, ceux qui amènent leur gamelle sont contraints (en théorie) de manger dans la cour de l’établissement pour ne pas contrevenir au règlement intérieur interdisant la nourriture dans les salles de classe. Avec – 3 °C de température minimum à Saint-Maur ( Val-de-Marne) ce mardi, la pilule a du mal à passer.

« En termes de santé et d’hygiène, manger à l’extérieur est problématique »

Au lycée Marcelin Berthelot, la cantine n’est pas en capacité d’accueillir l’ensemble des élèves et la cafétéria dont il est question servait d’appoint. Après le départ d’une des deux personnes qui y étaient employées, la région Ile-de-France, qui gère tout cela, a refusé de remplacer le poste vacant et a proposé de passer par un organisme privé. Les discussions étant au point mort, des centaines d’élèves se retrouvent « privés de repas ». Pour Gilles Favier, président FCPE, cela pose plusieurs problèmes : « Déjà ce n’est pas le même coût et puis en termes de santé et d’hygiène, manger à l’extérieur est problématique. La cafétéria était suivie par la même diététicienne que la cantine. Ce qui offrait des garanties que l’on ne retrouve pas dans des sandwichs, kebabs etc. »

Et s’ils se décident à « attendre leur tour » pour manger à la cantine, ils peuvent se retrouver face à des files d’attente de 45 minutes en heure de pointe : quand on sait que certains élèves ont tout juste une heure pour manger, le timing devient vite serré.

Des millions investis

De par leur parcours scolaire, certains élèves sont particulièrement impactés. En prépa, les internes utilisaient aussi cette cafétéria au petit-déjeuner et à l’heure du goûter : souvent en « colle » (entretien oral) entre midi et deux, certains n’ont pas l’occasion de bénéficier d’une quelconque structure… Et la situation pourrait mettre du temps à se débloquer sans effort de la région : « Une votation du budget pour la cantine a été acceptée, à hauteur de plusieurs millions, mais les travaux pour accueillir correctement les élèves vont courir jusqu’à 2023. Il y a une équation économique qui ne fonctionne pas : on investit des millions mais on ne peut pas remplacer un seul poste. », explique Gilles Favier. La Région a, pour sa part, expliqué que les travaux (à hauteur de 1,9 million d’euros) débuteraient courant 2019.

Dominique Thoreau, proviseur adjoint du lycée en charge de l’intendance, assure pour sa part qu’aujourd’hui « toutes les cartes sont dans les mains des services de la région ». Contactés par 20 Minutes, ces derniers ont déclaré que le dossier était à l’étude et qu’ils travaillaient à une solution rapide pour sortir de cette situation. Les représentants de plusieurs organismes de parents d’élèves s’apprêtent, en attendant, à lancer une pétition.