Paris: Des visites touristiques seraient-elles une solution pour mieux intégrer les réfugiés?
INITIATIVES•A Bruxelles les visites guidées organisées spécialement pour des réfugiés permettent de les sortir de l’isolement en découvrant la capitale. Une idée qui commence à germer à Paris…M.F
L'essentiel
- A Paris, des associations voient les visites et balade dans la capitale comme un créateur de lien social et un bon moyen d’intégration des réfugiés.
- Des initiatives existent, mais aucune ne s’est encore spécialisée dans ce type de visites.
Depuis le mois de septembre, à l’initiative de la plateforme de visite gratuite GuruWalk et de la Plateforme citoyenne d’aide aux réfugiés, des balades touristiques sont organisées spécialement pour les réfugiés dans Bruxelles. Une manière de les y intégrer pour qu’ils s’y sentent chez eux. L’initiative semble séduire les associations françaises.
« Arriver à Paris peut être un choc. Si certains étaient déjà venus comme touristes par le passé, d’autres arrivent par exemple d’un petit village, explique à 20 Minutes Sonia Laboureau, responsable du centre d’accueil pour réfugiés de la Cimade à Massy. On pense que la culture, c’est accessoire dans le parcours d’intégration, alors que la rencontre de différentes cultures est au contraire très importante. »
« Avec un bénévole, c’est plus facile »
Si des aides administratives ou au logement existent pour les réfugiés, les aides facilitant le lien social sont plus rares. « Lorsque les demandeurs d’asile obtiennent leurs papiers, ils se concentrent à fond sur leur insertion professionnelle. Cependant, dans la période où ils les attendent, ils ont du temps et c’est là, que nous avons constaté qu’il y avait un vide », analyse Claire Tamano, déléguée générale de l’association Initiative et changement France.
Partant de ce constat, l’asso a lancé en novembre 2017 « Pari(s) à 2 ». Toutes les deux semaines, pendant trois mois, un bénévole passe une demi-journée avec un demandeur d’asile. « Diverses activités sont possibles, on alloue même un petit budget pour ça, précise Claire Tamano. Cela peut-être un café, un cinéma, une balade dans un quartier, une visite de monument ou une expo. Certains n’oseraient jamais rentrer seul dans certains lieux. Avec un bénévole, c’est plus facile. »
Un véritable enthousiasme
« Mais Paris, ce n’est pas que la tour Eiffel et les Champs-Elysées », souligne Jean-Claude Simhon, directeur de l’association Paris Greeters. Cette dernière organise des visites gratuites dans des quartiers peu touristiques de la capitale afin de faire découvrir la vie de quartier et le quotidien des Parisiens. A la demande d’associations, Paris Greeters a déjà occasionnellement proposé ses visites atypiques à des réfugiés. « On va faire le marché, les boutiques, pourquoi pas s’arrêter pour qu’un visiteur s’achète un fromage ou encore découvrir des endroits où les gens n’auraient pas pensé ou osé aller. Un peu comme si un ami venait nous voir et que vous lui montriez là où vous vivez. » Seule condition requise pour faire une visite : « Que les gens soient motivés pour découvrir un quartier et qu’un de nos bénévoles parle la langue des visiteurs, afin qu’il y ait un véritable échange. »
L’envie de découvrir la capitale avec des Parisiens, est apparemment présente chez beaucoup. « On a fait un petit sondage auprès des résidents sur les animations qu’ils voulaient avoir et ce qui est remonté en premier avec le sport, c’est visiter, faire une sortie ou même juste boire un café, mais dans Paris ! », rapporte la responsable du centre d’accueil de Massy. « Un jour, un migrant nous a dit qu’avec l’initiative “Pari(s) à 2”, pour la première fois depuis son arrivée en France, il avait parlé avec quelqu’un qui n’était pas payé pour ça », raconte Claire Tamano dont l’association recherche toujours de nouveaux bénévoles pour répondre à la demande.