Pour les cafetiers, les jeux clandestins, c'est bingo

Pour les cafetiers, les jeux clandestins, c'est bingo

ENQUETES – Véritable fléau de la fin des années 1990, le phénomène des jeux clandestins implantés dans les bars populaires franciliens par des bandes organisées semble se tasser...
C. B.  -  ©2008 20 minutes

C. B. - ©2008 20 minutes

Des enquêtes à en perdre la boule. Véritable fléau de la fin des années 1990, le phénomène des jeux clandestins implantés dans les bars populaires franciliens par des bandes organisées semble se tasser. «Mais les voyous s'adaptent et l'illégalité est de plus en plus difficile à prouver», résume Eric Lepors, chef du groupe jeux de la brigade de répression du banditisme (BRB).

La dernière affaire bouclée par les enquêteurs de la police judiciaire parisienne remonte aux premiers mois de l'année. Un réseau d'une soixantaine de machines installées dans une quarantaine de bars d'Ile-de-France a été démantelé. Le parc était composé à 90% de machines de Bingo, jeu de hasard ressemblant au flipper, et 10% de vidéo poker. Autorisées par les douanes, ces pratiques deviennent illégales lorsque les points gagnés par les joueurs sont échangés contre de l'argent. Un Bingo rapporte entre 1.500 euros et 5.000 euros par mois. Une somme répartie ensuite de façon assez égale entre le cafetier et le placier. «Les dernières enquêtes ont montré que des fratries de Kabyles ont investi le milieu. Ils blanchissent l'argent principalement dans l'immobilier en Algérie. Notre objectif est avant tout de saisir ce patrimoine, poursuit Eric Lepors. C'est un jeu pour tout le monde, y compris pour les policiers.»

Le phénomène touche principalement les cafetiers endettés auxquels les banques ne veulent plus prêter d'argent. «Il n'est pas exclu qu'avec la baisse de fréquentation liée à l'interdiction de fumer dans les lieux publics, les gérants soient tentés par ces machines illégales», dénonce Cyril Pereira, porte-parole du collectif Sauvons les cafés qui réclame la légalité de l'exploitation de ce type de jeux. Comme c'est déjà le cas en Allemagne, en Italie ou en Espagne. «Dans ces pays, il est prouvé que cela évite l'argent sale et génère des emplois. Mais l'Etat ne veut rien entendre.» Entre 15.000 et 40.000 Bingo fonctionneraient aujourd'hui en France.

peines
Les placiers encourent jusqu'à sept ans de prison auxquels s'ajoute une importante amende pour l'implantation de machines illégales. Les cafetiers, jugés comme complice, peuvent subir une fermeture administrative de six mois.