HARCELEMENT SEXUEL«Il savait que personne n’interviendrait», Safiétou harcelée dans le métro

Paris: «Il savait que personne n’interviendrait», elle filme l'homme qui se masturbe devant elle dans le métro

HARCELEMENT SEXUELSafiétou a eu le courage de filmer un homme en train de se masturber devant elle, puis de la harceler dans le métro parisien, pour le dénoncer sur les réseaux. « 20 Minutes » a recueilli son témoignage…
Marie de Fournas

Marie de Fournas

L'essentiel

  • Une jeune femme a filmé un homme la harcelant et se masturbant devant elle dans le métro. Cet homme serait un récidiviste.
  • Pour espérer l’arrêter, la RATP indique qu’il est primordial de porter plainte pour qu’une enquête soit ouverte.

La fois de trop. Il est 18 heures ce mercredi 12 décembre quand Safiétou entre dans le métro ligne 7, station Fort d’Aubervilliers. Quelques stations plus tard, un homme s’introduit dans la rame et vient s’asseoir juste en face d’elle. Le début du calvaire pour la jeune étudiante de 20 ans.

« J’ai tout de suite vu à son regard insistant et pervers qu’il n’allait pas me lâcher, assure-t-elle à 20 Minutes. Je l’ai compris avant même qu’il ne commence à se toucher. » Car rapidement, l’inconnu se met à se masturber à travers son pantalon. « Il me regardait, se pinçait les lèvres, me disait que j’étais magnifique. » Dans le métro, ni la dame qui s’assied à côté d’elle, ni personne n’intervient, malgré les gestes très explicites et visibles de l’homme.

Des agressions « banales »

« J’étais mal à l’aise. J’avais peur, mais pas plus que les autres fois où l’on m’a harcelée dans les transports. C’est triste, mais je me suis comme familiarisée avec ça. » La jeune femme ne compte plus ce qu’elle qualifie maintenant comme des agressions « banales » : hommes qui se collent à elle alors que le train n’est pas rempli ou mains posées sur sa jambe… « Mais cette fois, c’était trop grave, j’en ai eu marre. Je me suis dit je vais filmer pour qu’il y ait une preuve. Lorsqu’on ne fait que raconter, les gens me croient, mais ont tendance à atténuer les faits, à minimiser la gravité. »

Safiétou sort alors son portable et active la caméra. Le film qu’elle publiera d’abord sur Snapchat, puis sur Twitter ne s’arrête pas à cet épisode. Lorsque la jeune fille change à la station Palais royal-Musée du Louvre, l’homme la suit. Dans l’escalator, ce dernier lui propose de nombreuse fois d’aller prendre un verre. « Au début, je lui réponds correctement en lui disant “non merci”, par réflexe, comme par automatisme, parce que je suis quelqu’un de poli. Puis sur la fin, je finis par être plus agressive pour qu’il arrête. »

« Il fait partie de ces types qui n’ont pas peur »

Malgré tout l’homme la suit encore dans son second métro ligne 1. Là encore des regards insistants et suggestifs. Encore une fois, aucun voyageur n’intervient. « Je pense que cet homme savait que personne n’interviendrait, qu’il savait déjà comment les gens réagiraient parce que ce n’est pas la première fois qu’il le fait. » En effet, après avoir publié sa vidéo, Safiétou assure avoir reçu les messages de trois femmes également victimes de cet homme notamment dans le RER C. « Il fait partie de ces types qui, tous les matins, se lèvent en se disant qu’en prenant les transports, ils vont se toucher devant une femme. »

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C’est pour que ces récidivistes ne fassent pas une autre victime que la jeune étudiante a publié la vidéo sur les réseaux et interpellé la RATP. La régie a immédiatement répondu à la jeune fille via Twitter en lui communicant le numéro d’urgence 3117 qui permet de directement signaler par SMS ou appel ce genre de comportement et faire intervenir une équipe de la sécurité RATP. « Maintenant il faut absolument que cette jeune fille aille porter plainte à la police, indique à 20 Minutes la RATP, pour qui la lutte contre le harcèlement est une priorité. C’est uniquement sur réquisition de la police que nous pouvons leur donner les bandes-vidéo des caméras de surveillances. Grâce à cela on peut remonter le trajet de l’homme, l’identifier et l’intercepter pour le mettre hors d’état de nuire. »

C’est de cette manière que début novembre, l’agresseur d’Adélaïde, que la jeune femme avait filmé gare de Lyon a pu être arrêté. « Mais il faut systématiquement et rapidement porter plainte car au bout de 72 heures les vidéos de nos 50.000 caméras s’écrasent. » Massivement encouragée sur les réseaux, Safiétou a prévu de le faire afin que l’homme, dont sa vidéo révèle le visage, soit arrêté.