REPORTAGEBlocus ratés et guerre des poubelles, un millier de lycéens dans Paris

Blocage des lycées à Paris: Entre blocus ratés et guerre des poubelles, un millier de manifestants dans la capitale

REPORTAGELes syndicats ont appelé à un « mardi noir » de la contestation dans les lycées de France. A Paris, la mobilisation a oscillé entre indignation et indifférence malgré quelques blocages…
Des lycéens de Lamartine (IXe) veulent aller bloquer le lycée Decour (IXe) à quelques centaines de mètres de là.
Des lycéens de Lamartine (IXe) veulent aller bloquer le lycée Decour (IXe) à quelques centaines de mètres de là. - L.BRAS/ 20 Minutes
Lucie Bras

Lucie Bras

L'essentiel

  • Quelque 170 établissements étaient perturbés ce mardi partout en France, des manifestations calmes à l’exception de rares incidents.
  • Les syndicats lycéens ont appelé à un « mardi noir » pour lutter contre les réformes du lycée.
  • A Paris, la police a compté un millier de manifestants.

Ils voulaient un « mardi noir ». Les syndicats lycéens ont lancé un appel à manifester contre Parcoursup et la réforme du baccalauréat ce mardi. En France, la mobilisation a touché environ 170 établissements dans la matinée, selon les chiffres du ministère de l’Education. C’est moins que lundi, où 450 lycées ont été perturbés. A Paris, les autorités ont compté un gros millier de manifestants. Entre indignation et indifférence, les blocus et tentatives de blocages ont relancé le débat lycéen sur les réformes à venir.

Des élèves de Terminale du lycée Racine campent sur leurs poubelles.
Des élèves de Terminale du lycée Racine campent sur leurs poubelles. - L.BRAS/ 20 Minutes

On les entendait de loin ce matin, les cris des lycéens de Racine, venus perturber le calme matinal du très chic 8e arrondissement parisien. Sur place, une vingtaine d’élèves, quasiment que des filles, debout ou assises sur une quinzaine de poubelles, bloquent l’entrée de l’établissement. Face à elles, dans le froid, une poignée de policiers et le reste de leurs camarades qui patientent, chantent, dansent ou fument leur cigarette par petits groupes, bloqués à l’extérieur de leur lycée.

Des lycéens éloignés des préoccupations des « gilets jaunes »

« Je me suis fait avoir, j’ai attendu 7h40 pour voir s’il y avait des blocages, on m’a dit qu’il n’y en avait pas, alors je suis venu et c’est bloqué », regrette Abdel. « C’est marrant, ça fait des souvenirs », renchérit Marcellin. « Ponctuellement, le blocage, c’est bien, mais pas tout le temps », sourit Bruce. « Faudrait faire un planning ! » Leur lycée est semi-bloqué depuis vendredi. Autant d’heures d’économie ou de mathématiques de perdues pour ces terminales, des heures « jamais rattrapées ». « On a déjà du mal à trouver des salles pour faire des devoirs sur table », regrette Manon.

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Les lycéens réclament depuis vendredi dernier la suppression d’une série de mesures, comme Parcoursup (la procédure qui donne accès aux études supérieures), la réforme du bac ou la mise en place du service national universel (SNU). Le blocage a le mérite de faire émerger des débats sur les trottoirs de la rue du Rocher. « Dans ma tête, il y a des vœux que je veux plus que d’autres, et sur Parcoursup, ça ne se verra pas », regrette Jeanne, à propos de l’absence de classement dans la nouvelle mouture de la plateforme d’orientation post-bac.

C’est le mouvement des « gilets jaunes » qui a permis à cette mobilisation de surgir la semaine dernière. Mais si leur colère a été contagieuse, leurs causes paraissent bien loin des préoccupations des lycéens ce mardi. « On ne bloque pas pour ça. On s’occupe des sujets liés à l’éducation d’abord », insiste Jeanne, assise sur sa poubelle verte et jaune. Le blocage s’est déroulé sans incident, à l’exception d’un concierge (très) agacé venu récupérer sa poubelle, provoquant un affolement momentané.

Poubelles et fumigènes

Devant le lycée Jacques-Decour dans le 9e arrondissement de la capitale, l’équipe pédagogique veille. Postée à l’entrée de l’établissement, Milène Brovelli, enseignante, scrute les trottoirs environnants avec l’inquiétude de voir débarquer les élèves du lycée Lamartine pour bloquer son établissement. « On est tous d’accord pour éviter les violences. Je comprends l’inquiétude des lycéens, mais on n’a pas d’interlocuteur, ils n’ont pas de revendications précises », regrette-t-elle. Quelques minutes plus tard, une trentaine de lycéens débarquent en file indienne avec poubelles (décidément incontournables) et fumigènes bleus et roses. Vite repoussés par trois CRS présents sur place, les lycéens changent alors de cible. « Ils vont contourner le lycée pour arriver chez toi », indique par téléphone un responsable de Jacques-Decour à son homologue du lycée Edgar-Quinet dans le 9e arrondissement.

Sur place, plusieurs centaines de lycéens se sont rassemblés mais l’entrée du lycée est libre. Le blocus, c’est raté pour cette fois. « Y’en a qui disent que c’est pour Parcoursup, mais nous, on est honnêtes, on le dit que c’est pour pas aller en cours », reconnaît Shahil, terminale ES. « J’espère que le blocage va durer, j’ai philo cet après-midi », soupire Lindsay, en terminale ES.

Au fil de la matinée, le mouvement s’essouffle. « On va aller manifester à midi à Saint-Michel ou place de la République », assurent les plus motivés. D’autres, plus pragmatiques, abandonnent momentanément la lutte : « On va manger ? ». La révolte peut attendre la fin du repas.