INTERVIEW«La ou le futur maire de Paris ne devra plus se déplacer en voiture»

Paris: «La ou le futur maire de Paris ne devra plus se déplacer en voiture avec chauffeur»

INTERVIEWGaspard Gantzer organise ce jeudi soir une première réunion publique de son mouvement « citoyen » : Parisiennes, Parisiens. Il a répondu aux questions de « 20 Minutes »…
Gaspard Gantzer, le nouveau chef de communication de François Hollande le 24 avril 2014 à Paris.
Gaspard Gantzer, le nouveau chef de communication de François Hollande le 24 avril 2014 à Paris. - WITT/SIPA
Romain Lescurieux

Propos recueillis par Romain Lescurieux

L'essentiel

  • Ce jeudi soir, Gaspard Gantzer organise une première réunion publique de son mouvement « citoyen » : Parisiennes, Parisiens.
  • A 18 mois des élections municipales à Paris, l’ancien porte-parole de Bertrand Delanoë et conseiller de François Hollande présente son plan d’attaque à 20 Minutes.

Coup de poing ou coup de com' ? Il n’est pas officiellement candidat mais cache de moins en moins ses ambitions pour la mairie de Paris. Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande et ancien porte-parole de Bertrand Delanoë, lance officiellement son mouvement Parisiennes, Parisiens ce jeudi dans la salle de concert - et ancien ring de boxe - de l’Élysée Montmartre (18e arrondissement). Au programme de cette première réunion publique : des échanges, « des propositions » pour la capitale, des « heures heureuses » (happy hour) ou encore un DJ set.

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Faux suspens sur sa candidature, bilan d’Anne Hidalgo, suppression du périphérique, fin des voitures avec chauffeur pour les cadres de la mairie… L’auteur de La politique est un sport de combat détaille pour 20 Minutes son plan d’attaque.

Quel est le but de cette première réunion publique de votre mouvement Parisiennes Parisiens ?

Cela fait six mois que notre mouvement existe. Nous avons commencé à travailler, à faire des propositions. Nous nous réunissons plusieurs fois par semaine dans des cafés, des restaurants et des appartements pour débattre. Le mouvement prend de l’ampleur. Nous sommes aujourd’hui près de 1.000. Ce jeudi soir à l’Elysée Montmartre, c’est la première fois que nous nous ouvrons à toutes les Parisiennes et tous les Parisiens qui souhaiteraient nous rejoindre, ainsi qu’aux médias. Le temps est venu de s’ouvrir. Il y aura un temps politique et citoyen et un temps plus informel avec un DJ set. Car nous pensons qu’il est possible de faire de la politique sérieusement sans se prendre au sérieux. D’autant que notre ambition est de refaire de Paris une fête.

Allez-vous annoncer votre candidature pour la mairie de Paris ?

Il est beaucoup trop tôt. Nous prenons les choses dans le bon ordre sans en faire une question de personne. Il faut finaliser un projet, se structurer quartier par quartier, immeuble par immeuble, rue par rue. Au printemps 2019, si les conditions sont réunies, nous nous engagerons dans la constitution d’une liste Parisiennes, Parisiens.

Peut-on imaginer une autre personne que vous à la tête de cette liste ?

A Paris, c’est une candidature collective. J’ai été à l’initiative de ce mouvement avec d’autres. Nous verrons le moment venu.

Parisiennes, Parisiens, c’est quoi ? Un parti politique, un mouvement citoyen ? Où se place-t-il sur l’échiquier politique ?

C’est un mouvement citoyen dont le seul objectif est d’améliorer la vie des Parisiens, de leur rendre leur fierté et de leur donner un maximum de joie et de plaisir. C’est un mouvement qui n’a besoin d’aucune étiquette, qui n’appartient à aucune chapelle mais dont les membres partagent des valeurs : l’écologie, la solidarité, la liberté, la sécurité et la culture.

Vous vous revendiquez de l’héritage de Bertrand Delanoë avec qui vous avez travaillé à la mairie ? Avez-vous son soutien à l’heure actuelle ?

Je viens de la gauche. J’ai eu la chance de travailler avec de nombreuses personnalités de la gauche française et parisienne : Christophe Girard, Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, François Hollande. Aujourd’hui, je ne suis plus membre d’aucun parti politique car je pense que les partis sont des formes d’organisation dépassées, gangrenées par la bureaucratie. Je suis fier d’avoir travaillé avec Bertrand Delanoë durant plusieurs années. Mais aujourd’hui, c’est une nouvelle page qu’il faut pouvoir écrire à Paris, vingt ans après son élection. Enfin, Bertrand Delanoë ne soutient personne.

On compte aujourd’hui près de six potentiels candidats En Marche, Anne Hidalgo resserre ses troupes, la droite s’organise, Pierre-Yves Bournazel se positionne… Les derniers qui n’ont pas l’air encore mobilisés, ce sont les premiers intéressés, les Parisiens. Elle n’a pas démarré trop tôt cette bataille pour la mairie de Paris ?

Chacun fait comme il veut. Nous, on a décidé de partir tôt, en avril 2018, parce que nous pensons qu’il y a beaucoup d’idées nouvelles à trouver pour Paris. Il faut aussi aller chercher des personnes, construire une nouvelle génération pour reprendre les clés de la ville. Nous, nous n’avons ni bilan municipal à défendre, ni programme gouvernemental à mettre en œuvre, ni élections européennes à préparer. Nous sommes entièrement concentrés sur Paris.

Quelles différences y a-t-il entre vous, Anne Hidalgo, les candidats En Marche ou encore Pierre-Yves Bournazel ?

On ne cherche pas à se démarquer des autres. Mais nous, nous sommes totalement Parisiens. Nous n’avons pas d’autres agendas. Après, moi je pense qu’il faut faire de la politique à partir de valeurs. Je viens de la gauche et je peux aussi faire de la politique avec des gens qui n’ont pas la même histoire politique que moi, mais partagent la même vision de l’avenir de Paris.

Quel bilan dressez-vous d’Anne Hidalgo à la tête de la mairie de Paris ?

Il y a beaucoup de choses positives qui ont été réalisées. Mais aujourd’hui, les Parisiens souffrent d’une dégradation de leur vie quotidienne : le logement, les transports publics, la propreté et la sécurité. Surtout, ils ont le sentiment qu’il n’y a pas de vision de Paris à long terme. Il faut par exemple supprimer, détruire le périphérique et donner à Paris la taille dont cette métropole a besoin. Il faut de l’air.

Concrètement, comment cela pourrait être mis en œuvre ?

En s’inspirant de son histoire et de sa géographie. Aujourd’hui, ça fait près de 150 ans que les frontières de Paris n’ont pas bougé. Il est en temps de le faire car le périphérique est une anomalie urbaine, architecturale et il est affreusement laid. C’est une grande source de pollution et il coupe Paris de sa banlieue. Nous pouvons prendre l’exemple de Séoul, de Boston, de Vienne qui ont repoussé ou cassé les frontières de leur rocade urbaine. Il n’y a qu’à Paris qu’il y a un barreau circulaire à cinq kilomètres du centre de la ville.

Mais concrètement ? Parce qu’il est encore très emprunté…

Il est emprunté mais il ne résout aucun problème de fluidification du trafic. Il est saturé du matin au soir. Les gens utiliseront d’autres axes routiers et ça doit nous motiver à la construction d’alternatives aux transports. Notamment l’accélération du calendrier du Grand Paris Express et le prolongement de certaines lignes. Ou encore le déploiement du 100 % électrique tant pour les voitures que les scooters d’ici à 2025.

Sur quelles thématiques parisiennes travaillez-vous actuellement avec vos équipes ?

Il y a la question de la solidarité car il n’est pas acceptable dans une ville comme Paris de voir tant de SDF et d’enfants des rues. Il faut trouver une solution pour les 500 enfants qui tous les soirs dorment dehors. De plus, aujourd’hui une personne handicapée ne peut pas prendre les transports publics qui ne sont pas accessibles et totalement saturés. Il faut une solution.

Au-delà du périphérique, quelle autre mesure symbolique pourriez-vous prendre pour Paris ?

Je pense qu’il faut restreindre l’exécutif municipal à dix adjoints. Il faut réduire drastiquement la taille de l’exécutif et aussi le nombre de collaborateurs au cabinet du maire. Aujourd’hui, il y a plus d’adjoints au maire de Paris que de ministres dans le gouvernement. Ce n’est pas normal. Enfin, la ou le futur maire de Paris et ses équipes ne devront plus se déplacer en voiture avec chauffeur, comme c’est le cas actuellement. C’est une question d’exemplarité.