L'emplacement des Damiers, à Courbevoie, est très convoité. Face à Neuilly, avec vue sur la Seine, et sur la tour Eiffel en étage élevé. « C'est un peu défraîchi et pollué, mais on est bien ici, les transports sont à proximité, les terrasses immenses, on n'a aucune envie de partir », se lamente Ali, locataire depuis vingt ans d'un studio en logement social. Comme beaucoup de résidents très modestes de cet ensemble des années 1970, il compte se battre contre son actuel propriétaire, Logis Trans­port, filiale de la RATP qui a signé un compromis de vente avec le promoteur russe Hermitage.

Mais c'est un peu le pot de terre contre le pot de fer. « Logis Transport se cache derrière l'Epad, qui ne nous parle pas, et le maire se cache derrière le préfet », constate Maia, une habitante. Le bailleur ne peut vendre avant d'avoir relogé ses locataires. « Notre priorité, c'est de reloger dignement tout le monde avant fin 2009 et à terme nous augmenterons le nombre de logements sociaux », assure Emin Izken­derov, PDG d'Hermitage. S'il admet vouloir construire dans sa tour des logements de standing à 10 000 euros le m2, il refuse d'être caricaturé en « chasseur de pauvres ».

« On a déjà acquis 50 logements sociaux à la Défense, on les proposera aux 40 familles les plus modestes, et sans hausse de loyer », promet-il. Selon lui, 21 familles auraient déjà déménagé, et les 178 autres iront dans le parc intermédiaire ou privé, ainsi que dans les Hauts-de-Seine. « Ils disent qu'ils vont nous faire des propositions dans les prochaines semaines, mais nous, on va leur faire un procès », jure Maia.